Réputés élitistes, scolairement et socialement, les établissements gérés par les jésuites de France tentent de favoriser la mixité sociale, « une des priorités » de l’année écoulée et de la prochaine rentrée, et veulent participer à la lutte contre le décrochage scolaire.

« Historiquement, les lycées jésuites en France accueillaient les élites et la bourgeoisie », a rappelé mercredi Bruno Tessier, responsable de la tutelle des établissements scolaires de la Compagnie de Jésus, qui cultive sa vocation d’avant-garde de l’Eglise en matière éducative.

« Je ne crois pas que c’est ce que souhaitait Ignace de Loyola (fondateur de la Compagnie en 1540) », ajoute en souriant le responsable, « mais la réalité économique faisait qu’il fallait demander des participations aux familles ». « Le provincial (le numéro un de la Compagnie en France) a tiré la sonnette d’alarme il y a une dizaine d’années » pour demander que l’expertise en matière d’éducation s’adresse aussi à un public moins favorisé.

Sur les 14 établissements scolaires jésuites en France, qui accueillent quelque 20.000 élèves, plusieurs initiatives se développent. Le lycée Tivoli de Bordeaux abrite depuis la rentrée 2014 un « micro-lycée » de la seconde chance pour pousser des jeunes jusqu’à 25 ans, qui avaient interrompu leur scolarité, à préparer le bac général en deux ans.

Un second micro-lycée ouvrira à la rentrée 2015 au sein du lycée Saint-Joseph d’Avignon. « Il nous paraissait anormal de dire que c’est uniquement à l’enseignement public de s’occuper de ces enfants-là », a précisé Bruno Tessier lors d’un point presse.

L’école de production AFEP, adossée au lycée professionnel Le Marais Sainte-Thérèse à Saint-Etienne, qui dispense des formations qualifiantes à des jeunes sortis du système scolaire, ouvrira bientôt une section CAP en textile technique médical, destinée à attirer les jeunes filles qui boudaient les formations actuelles (métallerie-serrurerie, mécanique-usinage).

A Lyon, le groupe scolaire Saint-Marc (six établissements jésuites) accueille à partir de septembre le lycée Belmont-Capdepon, qui propose un dispositif pédagogique particulier: une « seconde préparatoire » destinée aux élèves n’ayant pas obtenu le passage en seconde.

Le projet « Médecin, pourquoi pas moi ? », lancé par le lycée jésuite Provence pour favoriser l’accès aux études médicales d’élèves des quartiers populaires de Marseille, a fait des émules et trois lycées publics rejoignent ce programme.

A Versailles, le très prestigieux Sainte-Geneviève (« Ginette »), qui ne compte que des classes prépa, a ouvert en 2012 « un internat de la réussite » (60 places à la rentrée 2015) avec des tarifs de pension très réduits grâce à la prise en charge des frais de scolarité et d’internat par l’association des anciens élèves.