fiche de salaire

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Y a-t-il des différences de rémunération entre les hommes et les femmes dans l’Education ? A quel niveau ?

C’est un fait  récent dans l’Education nationale que de s’intéresser à l’égalité professionnelle. Le constat n’est pas évident, et beaucoup de collègues tombent des nues quand je leur dis que, même chez nous, il y a des différences ! Ils pensent que par le statut nous avons la même progression et donc le même salaire, alors que des différences significatives de rémunération entre les hommes et les femmes apparaissent durant l’évolution de carrière.

Sur un bilan social d’une année précédente, je vois, pour le premier degré dans l’académie de Toulouse, que l’âge moyen pour les femmes est de 41 ans, et l’indice moyen de 525 (dans l’enseignement notre salaire est directement impacté par l’indice). Pour les hommes, l’âge moyen est un peu plus élevé, 45 ans, mais l’indice moyen est de 558 ! Dans le second degré, je vois que l’âge moyen pour les femmes est de 43 ans et l’indice 581, et pour les hommes, l’âge moyen est de 45 et l’indice de 612. L’écart le plus important concerne les personnels Biatoss(1), l’indice moyen est de 418 pour les femmes et de 454 pour les hommes.

L’académie de Toulouse a aussi calculé l’indice moyen pour l’ensemble des corps, titulaires et non titulaires confondus : il est de 535 pour les femmes et de 590 pour les hommes.

Les grilles salariales ne garantissent-elles pas l’égalité ?

Le statut nous protège au niveau des salaires statutaires, mais la différence se joue au niveau de l’avancement.

Sur l’académie de Toulouse, il n’existe pas encore de documents officiels, mais des enquêtes personnelles montrent clairement que, bien que la majorité des enseignants du 1er degré soient des femmes, il y a une forte augmentation de la proportion d’hommes chez les conseillers pédagogiques. Et même s’il y a un fort taux de féminisation, dans les grades les plus élevés, et les plus gros établissements, il y a plus d’hommes que de femmes.

Cela ne peut pas être naturel, il y a forcément, à un moment, une discrimination. Mais cette discrimination n’est peut-être pas consciente, donc il va falloir travailler, comme dans le privé, sur les stéréotypes.

Quand vous évoquez les « stéréotypes », à quoi pensez-vous ?

Comme en l’état actuel il y a plus d’hommes dans la hiérarchie, ils vont solliciter sans doute davantage les hommes. On encourage les hommes enseignants à progresser et à prendre de nouvelles responsabilités et moins les femmes. De plus, il existe toujours ces clichés sur les femmes naturellement plus à même d’exercer des fonctions auprès des enfants.

Que faudrait-il faire pour faire évoluer les mentalités ?

Depuis quelques années,  le ministère publie un bilan social, et au niveau local, avoir ce genre d’informations est nouveau. Ceci est lié à l’accord sur l’égalité professionnelle dans la Fonction publique, signé en mars 2013. Parmi les préconisations de la circulaire de mars 2013, il est demandé à toutes les hiérarchies au niveau des rectorats et des inspections académiques de publier les bilans sociaux. Au-delà de ce premier niveau, il faudrait maintenant pouvoir obtenir des rapports de situation comparée, qui permettraient de voir qui part en formation, qui est évalué à rythme régulier, qui est sollicité pour être conseiller pédagogique

Ensuite, il faudrait fixer des règles chiffrées, des quotas pour harmoniser les proportions d’hommes et de femmes.

Enfin, le peu de partage des responsabilités familiales reste l’un des freins les plus importants à l’évolution de carrière des femmes. Nous devons donc y travailler, conjointement avec le ministre des Droits des femmes.

Pensez-vous que le sujet de l’égalité professionnelle soit pris au sérieux au ministère ?

Comme dans le privé, le travail sur l’égalité professionnelle est considéré comme une petite valeur ajoutée. Or sa prise en compte permet d’améliorer vraiment les conditions de travail, ce qui ne peut que rejaillir sur la qualité du service public rendu.