L’an dernier, vous indiquiez que les ESPE n’avaient pas atteint leur rythme de croisière. Où en est-on ?
Aujourd’hui, les ESPE sont opérationnelles à 80%. Les instances administratives et de gouvernance fonctionnent et, en ce qui concerne la formation, nous avons stabilisé les maquettes des enseignements. Cette année, la première promotion sortira avec un master MEEF complet, c’est-à-dire après avoir suivi une deuxième année incluant un mi-temps en situation professionnelle réelle.
Avec les ouvertures de postes aux concours enseignants, le profil des étudiants a-t-il changé ?
Nous constatons que davantage d’étudiants sont intéressés par le métier d’enseignant et s’inscrivent dans les masters MEEF. Cela se ressent dans le nombre d’inscrits aux concours. Sur les 1200 stagiaires qui réussiront les concours cette année dans l’académie de Lyon, nous nous attendons à ce que 50% soient obligés de terminer leur M2, tandis que 50% des lauréats auront déjà un master. Je pense notamment aux reconversions professionnelles. Cela nous oblige à mettre en place des parcours adaptés, sanctionnés par un DU (diplôme universitaire), pour leur permettre d’acquérir les éléments de professionnalisation nécessaires à la gestion d’une classe.
En quoi les ESPE ont-elles permis de professionnaliser la formation des enseignants ?
Par rapport aux anciens IUFM, les progrès sont notables. Les étudiants stagiaires sont à la fois sur le terrain et bénéficient d’apports universitaires. Ce lien se consolide et se formalise à travers deux pistes : l’analyse de pratiques avec des formateurs de l’ESPE ; et nous avons la chance de disposer à Lyon d’un pôle de professionnalisation, qui mêle acteurs de terrain et formateurs universitaires afin de répondre aux situations vécues sur le terrain. De plus, les étudiants en ESPE sont invités et accompagnés dans la réalisation d’un mémoire de recherche. Nous en bavons sur le terrain pour que tout fonctionne, mais la professionnalisation est en marche !
La formation reste toutefois « trop théorique » et « trop peu formatrice », aux yeux de certains étudiants. Quels aspects pourraient être améliorés ?
Le fait qu’une formation ne soit pas assez pratique est une critique récurrente qui traverse les âges. Je crois qu’on ne peut pas juger de la qualité d’une formation tant qu’on n’a pas exercé plusieurs années. Si nous réussissons l’alternance en M2, nous ne devrions plus avoir cette critique.
Nos équipes sont mobilisées pour répondre au mieux aux missions nouvelles qui nous sont confiées. Un investissement important est fait pour introduire le numérique dans l’enseignement, en vue d’embrasser des situations éducatives de manière globale et pas uniquement disciplinaire.
Est-il judicieux que le concours ait lieu en fin de M1, ce qui oblige les étudiants à bachoter ?
Un choix a été fait. Un concours en fin de licence 3, avec un master en alternance aurait été, me semble-t-il, plus facile à mettre en œuvre. En revanche, il est impossible de savoir si le dispositif aurait été plus efficace.
Les ESPE se concertent-elles ? Les maquettes ne devraient-elles pas être plus harmonisées ?
La crainte d’avoir des ESPE à deux vitesses est infondée. Les masters MEEF sont calibrés par le ministère autour de 5 blocs de compétences : disciplinaire, didactique, recherche, contexte d’exercice du métier et mises en situation professionnelle. En revanche, à l’intérieur du bloc 4 (contexte d’exercice du métier), il peut y avoir quelques différences liées à la nature des équipes en place dans les IUFM. Etant pilote du réseau des ESPE sur la problématique de la laïcité et des valeurs de la République, je constate par exemple d’importantes disparités. Une harmonisation plus poussée serait souhaitable, avec des contenus moins disparates d’une ESPE à une autre.
« la professionnalisation est en marche »
Donc tous les enseignants jusqu’à présent étaient des amateurs. Je ne sais s’il faut rire ou pleurer devant la bêtise des propos (pas que celui que je cite) de ce monsieur.
Ah! la la! Et moi qui me réjouis de voir que l’éducation devient un sujet enfin sérieux, CENTRAL dans l’évolution de la société de demain! D’abord, les nombreuses découvertes faites par les psy, confirment l’importance de l’éducation, l’importance de la QUALITE de la relation humaine avec les « éducateurs ». J’espère que cette dimension est prise en compte. Ensuite, acceptons l’évolution du monde, des connaissances, en particulier dans ce domaine immense du psychisme humain. Je crois en un monde meilleur grâce à l’éducation.
Complètement fou. Je ne sais déjà pas comment je vais réussir mon M1 et mon CAPES en même temps l’année prochaine, alors le CAPES en L3.
Les Espe sont une catastrophes. Neuf enseignants de l’ESPE et de l’Université sur 10 le disent.
Laissez-nous rire.
Il n’y a aucune harmonisation entre les ESPE. Le contenu des formations est à pleurer, sauf dans la partie disicplinaire – sans doute parce que nos formateurs disciplinaires ne sont pas des MCF en sciences de l’éducation ou autre, mais de véritables enseignants.
Quant au concours en L3, j’espère que c’était une blague de M. Mougniotte…
Peut-être faudrait-il interroger des acteurs un peu plus objectifs pour juger de la réussite des ESPE… Si vous demandiez aux étudiants, aux formateurs, aux enseignants, aux spécialistes de l’éducation, vous auriez des réponses bien différentes…
Il n’y a aucun parcours adapté en fonction du profil des étudiants, la formation est toujours complètement improvisée 2 ans après la réforme, les contenus sont de moins en moins professionnels étant confiés à des universitaires loin du terrain… Bref, mettez les pieds dans une ESPE, tout le monde vous le dira : c’est une catastrophe !
En reconversion professionnelle (j’étais cadre dans le privé) le bilan ESPE: Une catastrophe!!! Pour les étudiants M1 et M2 trop de théorie, ce n’est pas professionnalisant mais diplomant (ce qui n’a pas de sens quand on a déjà le concours!!!!) et pour les personnes comme moi en reconversion (30% de la promo tout de même!!!) c’est pire (pas de m1 ! le M2 consistant à valider des UE sans véritablement de cours) . LAMENTABLE. Le métier de professeur des écoles est trop loin des universitaires. La seule formation valable a été des jours d’observation en ecole d’application (que je me suis seule organisé quand c’était possible) et les conseils des PEMF! Mais l’espe je peux compter sur les doigts d’une seule main ce que j’ai appris. Une honte cette « formation ». L’université est dépassée depuis longtemps et trop prétentieuse pour se remettre en question.