alain mougniotte

Alain Mougniotte©Jean-Luc Dang / ESPE de Lyon

L’an dernier, vous indiquiez que les ESPE n’avaient pas atteint leur rythme de croisière. Où en est-on ?

Aujourd’hui, les ESPE sont opérationnelles à 80%. Les instances administratives et de gouvernance fonctionnent et, en ce qui concerne la formation, nous avons stabilisé les maquettes des enseignements. Cette année, la première promotion sortira avec un master MEEF complet, c’est-à-dire après avoir suivi une deuxième année incluant un mi-temps en situation professionnelle réelle.

Avec les ouvertures de postes aux concours enseignants, le profil des étudiants a-t-il changé ?

Nous constatons que davantage d’étudiants sont intéressés par le métier d’enseignant et s’inscrivent dans les masters MEEF. Cela se ressent dans le nombre d’inscrits aux concours. Sur les 1200 stagiaires qui réussiront les concours cette année dans l’académie de Lyon, nous nous attendons à ce que 50% soient obligés de terminer leur M2, tandis que 50% des lauréats auront déjà un master. Je pense notamment aux reconversions professionnelles. Cela nous oblige à mettre en place des parcours adaptés, sanctionnés par un DU (diplôme universitaire), pour leur permettre d’acquérir les éléments de professionnalisation nécessaires à la gestion d’une classe.

En quoi les ESPE ont-elles permis de professionnaliser la formation des enseignants ?

Par rapport aux anciens IUFM, les progrès sont notables. Les étudiants stagiaires sont à la fois sur le terrain et bénéficient d’apports universitaires. Ce lien se consolide et se formalise à travers deux pistes : l’analyse de pratiques avec des formateurs de l’ESPE ; et nous avons la chance de disposer à Lyon d’un pôle de professionnalisation, qui mêle acteurs de terrain et formateurs universitaires afin de répondre aux situations vécues sur le terrain. De plus, les étudiants en ESPE sont invités et accompagnés dans la réalisation d’un mémoire de recherche. Nous en bavons sur le terrain pour que tout fonctionne, mais la professionnalisation est en marche !

La formation reste toutefois « trop théorique » et « trop peu formatrice », aux yeux de certains étudiants. Quels aspects pourraient être améliorés ?

Le fait qu’une formation ne soit pas assez pratique est une critique récurrente qui traverse les âges. Je crois qu’on ne peut pas juger de la qualité d’une formation tant qu’on n’a pas exercé plusieurs années. Si nous réussissons l’alternance en M2, nous ne devrions plus avoir cette critique.

Nos équipes sont mobilisées pour répondre au mieux aux missions nouvelles qui nous sont confiées. Un investissement important est fait pour introduire le numérique dans l’enseignement, en vue d’embrasser des situations éducatives de manière globale et pas uniquement disciplinaire.

Est-il judicieux que le concours ait lieu en fin de M1, ce qui oblige les étudiants à bachoter ?

Un choix a été fait. Un concours en fin de licence 3, avec un master en alternance aurait été, me semble-t-il, plus facile à mettre en œuvre. En revanche, il est impossible de savoir si le dispositif aurait été plus efficace.

Les ESPE se concertent-elles ? Les maquettes ne devraient-elles pas être plus harmonisées ?

La crainte d’avoir des ESPE à deux vitesses est infondée. Les masters MEEF sont calibrés par le ministère autour de 5 blocs de compétences : disciplinaire, didactique, recherche, contexte d’exercice du métier et mises en situation professionnelle. En revanche, à l’intérieur du bloc 4 (contexte d’exercice du métier), il peut y avoir quelques différences liées à la nature des équipes en place dans les IUFM. Etant pilote du réseau des ESPE sur la problématique de la laïcité et des valeurs de la République, je constate par exemple d’importantes disparités. Une harmonisation plus poussée serait souhaitable, avec des contenus moins disparates d’une ESPE à une autre.