Vous venez d’organiser un colloque sur les rythmes scolaires en France et en Allemagne. Sont-ils très différents ?
Les deux modèles se rapprochent. En Allemagne, l’aménagement de la journée scolaire laissait jusqu’à maintenant une grande liberté dans l’organisation de l’après-midi. Les Allemands sont en train de rejoindre le modèle français, avec la mise en place progressive de la Ganztagsschule, c’est-à-dire une journée scolaire complète, qui ne dépasse pas les six heures, et qui se déroule en deux temps, une matinée et une après-midi. En France, la tendance est à l’allègement des après-midis, ce qui la rapproche du modèle allemand. La similitude va plus loin : on constate dans les deux pays que la journée scolaire nécessite des activités éducatives complémentaires qui viennent compléter les apprentissages.
En France, quels sont les objectifs poursuivis par les réformes de l’aménagement du temps scolaire ?
L’objectif premier, c’est la santé des enfants et le respect de leurs rythmes. Mais il a fallu attendre 1969 pour voir supprimées les activités scolaires du samedi après-midi. A la même époque, le calendrier scolaire a commencé à évoluer vers le calendrier innovant dit « 7/2 », c’est-à-dire la succession de périodes de travail d’environ sept semaines, entrecoupées de vacances de deux semaines. Cette évolution a été rendue difficile par la mise en place du zonage qui répondait surtout à des objectifs de développement économique. Elle n’a abouti qu’en 2012, avec l’instauration des deux semaines aux vacances de la Toussaint. Nous avions fortement recommandé ces « moyennes vacances » car il faut environ une semaine à l’enfant pour se déshabituer de l’emploi du temps scolaire, et une deuxième semaine pour véritablement se reposer.
Quels sont les autres objectifs visés par l’aménagement des rythmes scolaires ?
Les objectifs psychopédagogiques ont émergé au cours des années 80, notamment avec la circulaire Calmat-Chevènement de 1984 sur l’aménagement du temps scolaire et le développement des liens entre l’école et ses partenaires éducatifs locaux. Il s’agissait d’introduire à l’école des activités ludiques ayant un intérêt éducatif. Ce mouvement a été poursuivi avec les Contrats éducatifs locaux mis en place à partir de 1998, et qui poursuivent des objectifs socioéducatifs. Ils concrétisent la volonté de développer des activités complémentaires éducatives à travers des partenariats avec les communes et les associations d’éducation populaire. Nos études scientifiques démontrent que l’impact de ces réformes a été probant.
Quel est l’impact attendu de la Refondation de l’école et comment sera-t-il évalué ?
Les objectifs de la réforme de 2013, c’est la réussite des élèves et leur égalité face aux apprentissages. Le côté révolutionnaire de la Refondation, c’est qu’elle implique tout le monde : les enseignants, mais aussi les intervenants et formateurs extérieurs, les parents. Localement, il existe déjà des évaluations sous forme d’enquêtes ou de questionnaires, réalisés par les écoles ou les collectivités. Cependant, nous appelons à des évaluations scientifiques, difficilement contestables et objectives. Cela exige un travail sur le terrain de longue haleine, mené par les chercheurs.
Rouja Lazarova
Je cite « Le côté révolutionnaire de la Refondation, c’est qu’elle implique tout le monde : les enseignants, mais aussi les intervenants et formateurs extérieurs, les parents. »
Veut-on insinuer là que les enseignants sont « impliqués » , cad participent, adhèrent, étaient même d’accord ? Si tel est le sens de ce mot, je crois qu’il faut rectifier : nous avons été « contraints »à marche forcée d’obéir à cette réforme des rythmes scolaires qui épuise les petits de maternelle tout comme nous .Certains peuvent dorénavant accumuler 50 heures (d’où le succès auprès des parents bien sûr !) de collectivité à l’école dans le bruit et toujours dans les mêmes locaux .
Alors non, je ne m’implique pas du tout dans cette ineptie , je ne peux que l’endurer comme mes petits élèves.
Je fuis l’école le plus vite possible et je fais beaucoup moins de choses qu’avant car les enfants sont moins disponibles , j’en arrive même parfois à assurer de la simple garderie dès le jeudi (pire journée dans les écoles parisiennes) car ils en ont ras le bol de l’école.
Plutôt qu’impliqués , nous sommes résignés et contraints mais n’en pensons pas moins.
Mais n’imaginez pas qu’un jour (dans des tiroirs certainement) nous participerons activement à ces projets co-éduco-machin de mascarade fumeux pour faire croire à un quelconque aval pédagogico-bidon . Assister à une réunion physiquement parce que l’on y est contraints et y participer intellectuellement sont deux choses différentes.
Ce sera comme les fameux projets d’école que l’on oblige à « inventer » depuis 1989 (Jospin) même quand on n’en a a nullement le besoin ou le désir , c’est inefficace, inutile et chronophage mais çà dure et tout le monde s’en fiche !!!
Personnellement j’ai supprimé depuis 2 ans toutes « implication » dans l’école: kermesses, sorties scolaires (que je préparais le mercredi),fête d’école, rencontres conviviales avec les parents (hormis les réunions réglementaires obligatoires) etc….
Mais ce n’est pas grave puisque le PERISCOLAIRE avec les animateurs « très impliqués » s’en chargeront bien mieux !
La voilà la vraie révolution de la refondation