Rosetta et Philae © Stéphane Masclaux - Fotolia

Rosetta et Philae © Stéphane Masclaux – Fotolia

Après plus de 7 mois d’hibernation, la sonde robotique Philae s’est enfin réveillée, samedi 13 juin. L’atterrisseur de la mission Rosetta s’était posé, en novembre dernier, à la surface de la comète Churyumov-Gerasimenko, mais dans un endroit insuffisamment éclairé pour lui permettre de recharger ses batteries.

La comète « Tchouri » étant désormais suffisamment proche du soleil pour lui permettre de travailler à nouveau (à raison de 2h50 par jour cométaire, grâce à 24 watts de puissance), Philae a repris son travail de collecte de données.

Un forage risqué mais primordial

Philae lander closing to the surface of a comet. Frame from the movie "Chasing A Comet – The Rosetta Mission". / Licence Creative Commons

Philae lander closing to the surface of a comet. Frame from the movie « Chasing A Comet – The Rosetta Mission ». / Wikimedia / Licence Creative Commons

Pour l’instant, Philae utilise ses capteurs pour inspecter l’environnement proche de lui (poussière, gaz), mais d’ici quelques jours, il devrait aussi et surtout commencer à forer le sol de Tchouri. « En novembre, notre foreuse, qui peut s’étendre jusqu’à 45 centimètres, n’a pas réussi à toucher la surface et nous avons donc foré dans le vide », explique Francis Rocard, responsable « système solaire » du Cnes, au Point.

Un forage risqué, car le risque de voir Philae se retourner sur le dos en cas de problème est grand. Mais le jeu en vaut la chandelle. « Ce que nous avons fait jusqu’à présent, c’est de renifler du gaz. Ce qui reste à réaliser, c’est l’analyse de la composition du matériau solide et notamment de sa composante riche en carbone », indique Francis Rocard au magazine.

Les molécules constituant le carbone détecté sur la comète par Philae l’automne dernier pourraient être la clé de l’apparition de la vie. « Il a fallu de grosses molécules organiques dans les océans, pour que le vivant se forme sur Terre. Si ces grosses molécules sont en abondance dans les comètes qui ont beaucoup bombardé la Terre, notamment au tout début du système solaire et parfois même un peu plus tard, alors ces comètes ont dû ensemencer la Terre en apportant de l’eau mais aussi du carbone », explique encore Francis Rocard au Point.

Des molécules organiques lourdes « jusqu’au vivant »

Tchouri, qui date de 4,5 milliards d’années, est pour les scientifiques, comme Philippe Gaudon, chef du projet Rosetta, que nous avions interrogé en novembre, un véritable « fossile archéologique du début de l’histoire du système solaire ».

En effet, cette comète est restée, pendant des milliards d’années, loin du soleil – sa composition, très peu dégradée, pourrait ainsi permettre d’en savoir plus sur le début de la formation du système solaire. Et sur le processus qui a conduit, affirme Francis Rocard au Point, « des molécules organiques lourdes à des molécules prébiotiques, jusqu’au vivant. »