“Le CAPES de documentation a été créé en 1989. A l’origine, le but des bibliothèques scolaires était de donner des documents aux professeurs, afin qu’ils puissent créer leurs cours. Le CAPES a permis d’ouvrir les CDI aux élèves”, explique Claire Cassaigne, professeure documentaliste à Paris, au collège Gérard Philipe. Avec le numérique et le développement des TICE à l’école, “beaucoup de choses ont changé”, indique-t-elle.
Des missions « augmentées » avec le numérique
“Le professeur documentaliste a un rôle décuplé, au niveau de l’apprentissage du traitement de l’information. Il ne s’occupe plus que des livres”, constate Claire Cassaigne.
“Ses missions sont ‘augmentées’ par le numérique, car l’information est partout et il faut apprendre à faire le tri”, confirme Frédéric Absalon, professeur documentaliste au lycée Emile Mathis de Schiltigheim.
Des « référents » TICE pour les autres profs
“Aujourd’hui, le numérique est indissociable du métier. Les profs docs qui n’aimaient pas Internet sont en voie de disparition”, sourit Claire Cassaigne. Elle explique que son rôle est aussi de former les autres professeurs aux TICE – dans son cas, à travers le GIPTIC (groupe d’intégration pédagogique des TICE) de Paris.
Les “profs docs” sont devenus des “référents” TICE au sein de leurs établissements. Selon le rapport “Jules Ferry 3.0” du CNNum (Conseil national du numérique), paru en 2014, leur rôle est de “mettre en oeuvre le socle de la littératie numérique”, en tant que “coordinateurs” des équipes pédagogiques.
“Nos missions sont comparables à celles des référents numériques, car nous accompagnons nos collègues. En plus des rôles de médiateur pédagogique, de gestionnaire d’un centre documentaire et d’expert de l’information-communication, le prof doc se positionne de plus en plus vers celui d’ingénieur pédagogique, en accompagnant les professeurs vers l’utilisation des outils numériques”, confirme Frédéric Absalon.
Un « prof doc » absent des nouveaux textes
Mais pour autant, le problème de la reconnaissance demeure entier. Les professeurs documentalistes sont aussi et surtout des enseignants, et ils tiennent à le rappeler. Christophe Mousset et Elsie Russier, professeurs documentalistes en Vendée, déplorent l’absence, dans les derniers textes officiels, du “prof doc”.
En mai 2015, ils ont créé le collectif “où est le prof doc”. Dans leur pétition, qui a déjà recueilli plus de 4000 signatures, soit presque un tiers des 15 000 professeurs documentalistes français, ils demandent la reconnaissance du statut d’enseignant des profs docs. Ils pointent du doigt les projets de programme pour le collège. “On y mentionne clairement l’éducation aux médias et à l’information, mais on y cite à peine le professeur documentaliste, à part pour le définir comme un accompagnateur de projet, jamais comme un enseignant !”, lance Elsie Russier.
Fin avril, l’application du décret sur les obligations de service des enseignants “a apporté une certaine reconnaissance de notre enseignement, mais dans l’application concrète, on se rend compte que cela dépend de l’interprétation du chef d’établissement ou de l’académie. Il y a plusieurs lectures possibles de ce texte”, ajoute Christophe Mousset.
Pour une « reconnaissance institutionnelle »
“Parmi nos collègues d’autres matières, nous sommes clairement identifiés comme enseignants”, constate-t-il. “Nous demandons surtout une reconnaissance institutionnelle, dans les textes. Nous aimerions juste être un peu plus visibles ! Dans le projet de programmes, notre discipline de référence, les sciences de l’info-doc, n’est pas du tout mentionnée. Quand on y parle d’éducation aux médias et à l’information (EMI), le prof doc n’est pas cité, et le doute plane sur sa place dans ce projet”, estime l’enseignant.
Dans le projet de réforme du collège, les professeurs documentalistes sont “cités comme ‘accompagnateurs’ des EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), un terme qui nous gêne : nous ne savons pas si nous sommes là comme professeurs, ou en tant qu’animateurs”, explique en outre Christophe Mousset.
Dans sa pétition, le collectif demande que “le statut d’enseignant des professeurs documentalistes soit traduit dans les textes officiels, avec notamment “la reconnaissance de notre expertise en EMI”. Les profs docs réclament aussi la reconnaissance de leur “champ disciplinaire dans les programmes : les Sciences de l’information et de la communication”.
“Tant que notre expertise en EMI ne sera pas reconnue, nous ne pourrons bâtir un enseignement construit, avec une progression sur plusieurs années, auprès des élèves. Pour le moment, chaque enseignant, dans chaque discipline, organise dans son coin une éducation aux médias et à l’information, sans une vraie base, qui devrait venir du prof doc”, conclut Elsie Russier.
Les documentalistes peuvent être considérés comme des enseignants puisqu’il est courant qu’ils effectuent des cours avec des classes de 36 élèves ????
Quant à la littératie numérique, elle peut être en très grande partie mutualisée à l’échelle académique.
Le travail des documentalistes doit être reconnu mais venir prendre les heures de groupes des enseignants qui, quotidiennement, ont des classes entières me semblent indécents. Les documentalistes effectuent une aide appréciable et appréciée mais il faudra voir à rester raisonnable.
Amandine, avez-vous écrit ce commentaire sans lire cet article ? Il est pourtant écrit clairement à chaque fois « professeur documentaliste » et pourtant vous nous appelez encore « documentalistes ». Ce n’est pas un caprice de notre part mais le vrai nom de notre métier, ni plus ni moins. Ensuite, si vous jugez un professeur à la quantité d’élèves qu’il a, au lieu de la qualité de son enseignement, c’est que vous mélangez tout. Nous ne sommes pas responsables des classes surchargées, et dès que l’occasion nous est donnée (encore faut-il que l’administration accepte) nous prenons des classes entières. Nous ne « prenons » pas des heures de groupes aux enseignants, nous collaborons avec ceux qui le souhaitent et nous mettons aussi en place notre enseignement autant que possible avec des groupes ou classes entières sur leur temps libre. Nous ne sommes pas contre la mutualisation de la littératie numérique, mais nous souhaitons qu’au moins notre expertise soit reconnue. Alors, oui, il faudrait que notre travail soit reconnu, non pas comme une « aide » mais comme des professeurs indépendants. Enfin, ce qui serait vraiment « raisonnable » serait que les préjugés sur notre métier disparaissent, que nous ayons droit aux HSA comme les autres professeurs, que nous ayons droit à une agrégation comme les autres professeurs, que nous ayons droit à un corps d’inspection spécialisé dans notre discipline comme les autres professeurs… Plus que « raisonnable », ce serait juste.
Amandine, vous me rappelez cette réflexion d’un collègue quand je lui ai expliqué le rôle de coordination du professeur documentaliste en ce qui concerne la politique documentaire de l’établissement : »Ben tu te prends pas pour de la m…. »
J’apprécie particulièrement la dernière phrase de votre intervention : « Les documentalistes effectuent une aide appréciable et appréciée mais il faudra voir à rester raisonnable » Vous accepteriez qu’on vous définisse comme « une aide qui doit rester raisonnable » ? Votre professeur documentaliste doit apprécier !
La DHG est un nombre d’heures qui est limité et qui a tendance à fondre comme neige au soleil.
Actuellement, à quoi servent les heures HSA que les professeurs documentalistes voudraient prendre ?
Pourquoi ne pas demander des heures sup sans prendre sur la DHG ?
Bonsoir, Lucy : où avez-vous lu que les profs docs veulent vous « prendre » des HSA ? d’où sortez-vous que les profs docs veulent prendre sur la DHG ? Bien au contraire ! actuellement c’est parce que j’ai accepté de prendre des groupes d’élèves en AP que mes collègues ont pu travailler dans des conditions décentes avec les élèves qu’ils avaient choisi (eux, et ils m’ont refilé ceux dont ils ne voulaient pas, traduisez comme vous voulez) et qu’en outre certains d’entre eux ont pu toucher des HSE pour des heures d' »aide au chef des travaux »hum hum puisque les HSE pour les heures d’enseignement avaient été économisées grâce à mes interventions . Vous suivez ? Allez, j’y vais aussi de mon bêtisier : je n’avais pas lu cet article mais, cette semaine, j’ai gentiment émis une requête auprès d’une collègue qui m’a présentée comme la personne qui s’occupe du CDI. je lui ai demandé discrètement par mail d’employer le terme qui désigne mon métier et ma fonction à savoir »professeur documentaliste » . cette collègue m’a renvoyé un mail furibard parce quelle ne comprenait pas que je puisse lui demander d’employer les termes de L’EN…. Hallucinant. de méconnaissance du système éducatif (bonjour les compétences professionnelles) et de bornitude. j’ai décerné -mentalement- un minable d’or !
L’introduction du numérique dans les recherches documentaires modifie une partie des pratiques de recherche, et alors… c’est la révolution numérique partout.
« ingénieur pédagogique » « expert information-communication » : termes pompeux.
Le personnel du CDI, des référents TICE, des coordinateurs des équipes pédagogiques ??? faits non constatés sur le terrain.
“Parmi nos collègues d’autres matières, nous sommes clairement identifiés comme enseignants” Ah bon ???