L’Assemblée nationale a rejeté jeudi une proposition de résolution des groupes Les Républicains et UDI visant au maintien des classes bilangues pour l’apprentissage de l’allemand.
En présence de la ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, mais aussi de son prédécesseur, Benoît Hamon, le texte a été rejeté par 39 voix contre 25, avec en toile de fond une deuxième journée de grève dans l’éducation à l’appel de la plupart des syndicats hostiles à la réforme du collège.
Tous les socialistes présents, sauf un, ont voté contre, comme les écologistes, tandis que les élus de droite et du centre (à l’exception d’un), mais aussi radicaux de gauche ont voté pour. Le Front de Gauche était absent.
« Considérant que l’amitié et la coopération franco-allemande constituent le fondement de la construction européenne engagée depuis le 9 mai 1950 », permettant de « garantir la paix sur notre continent », mais aussi que « l’école de la République doit encourager une politique d’excellence en matière d’apprentissage des langues vivantes et tout particulièrement de l’allemand », ce texte souhaitait réaffirmer l’attachement au renforcement de l’apprentissage de l’allemand. Il entendait atteindre cet objectif « au travers des formations d’excellence ouvertes au plus grand nombre, telles que les classes bilangues ». Le texte proposait d’augmenter massivement au cours des prochaines années les effectifs de ces classes.
Au nom du groupe Les Républicains, Bernard Accoyer a demandé dans l’hémicycle: « Pourquoi, toujours, vouloir casser ce qui marche? » La suppression des classes bilangues avec l’allemand, qui ne sont pas « une forme d’élitisme social », constitue « une erreur grave », née de la « méconnaissance » de l’Histoire autant que des réalités économiques, qui entraînera « une baisse inéluctable du niveau en allemand des élèves français », selon l’ancien président de l’Assemblée nationale.
Pour l’UDI, François Rochebloine a reproché au gouvernement plusieurs « fautes majeures », notamment de « sacrifier les classes bilangues sur l’autel de l’égalitarisme », ce qui va inciter à ses yeux des parents à scolariser leurs enfants dans le privé, mais aussi d’altérer la relation franco-allemande.
L’orateur du groupe à dominante PRG, Jacques Krabal, a soutenu la proposition de la droite et du centre, déclarant que « limiter l’apprentissage de l’allemand, c’est quelque part restreindre l’évolution de l’Europe » mais aussi renforcer « l’impérialisme de l’anglais ».
La ministre a objecté aux défenseurs du maintien des classes bilangues sa volonté de « conduire et structurer pour le long terme une politique volontariste au niveau national de développement des langues vivantes sur tout le territoire, notamment l’allemand », avec l’objectif d’un « bilanguisme pour les élèves » à partir de la classe de 5e.
Elle a aussi réaffirmé une série de mesures pour atteindre des « objectifs chiffrés très ambitieux » de développement de l’allemand (ouverture de davantage de postes aux concours de professeurs, nomination d’un délégué interministériel…), langue d’un pays avec lequel la France a « des liens structurels, profonds ».
Coprésidente des députés écologistes, Barbara Pompili s’est élevée contre les « interventions caricaturales » sur la réforme du collège et « une instrumentalisation à des fins politiques des craintes pour l’avenir des enfants » sous-tendue par « un élitisme conservateur ».
Pour la socialiste Anne-Christine Lang, la droite et le centre font avec leur texte « une tentative un peu grossière de torpiller la réforme du collège », de faire « perdurer une ségrégation » et de « dévoyer les missions du collège unique ».
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