Marqueed permet aux élèves de travailler ensemble autour de l'oeuvre de Hans Holbein, “Les Ambassadeurs” (1533)

Marqueed permet aux élèves de travailler ensemble autour de l’oeuvre de Hans Holbein, “Les Ambassadeurs” (1533)

“Les études sur l’intérêt du travail collaboratif et de l’échange entre pairs pour l’apprentissage sont aussi anciennes que l’école, on en parlait déjà bien avant le numérique.”

Ainsi Jean-François Tavernier, professeur d’histoire-géographie au collège de Barr (Bas-Rhin), introduisait-il la présentation de son atelier, “Quelle plus-value du numérique dans le travail collaboratif”, lors des Net Journées, les 25, 26 et 27 mars 2015.

« De nouvelles situations d’apprentissage »

“Que change le numérique ? Il réinterroge les 3 critères qui définissent le travail collaboratif dans le cadre d’un travail de groupe : la synchronie, l’interactivité et la négociation entre pairs”, indique l’enseignant. “Le numérique crée de nouvelles situations d’apprentissage : la salle informatique où chacun est réuni devant son ordinateur, mais aussi le travail à la maison, qu’il soit individuel ou en groupe”, précise-t-il.

Framapad est un logiciel d'écriture collaborative, qui permet aux élèves de rédiger ensemble un seul et même texte.

Framapad est un logiciel d’écriture collaborative, qui permet aux élèves de rédiger ensemble un seul et même texte.

La synchronie est, selon le professeur, “remise en question, car avec le numérique, des élèves peuvent travailler ensemble à des moments différents, même s’ils travaillent sur le même objet”.

En introduisant “plusieurs médias” entre les élèves, “la négociation entre pairs et l’interactivité changent, car nous ne sommes plus dans la réactivité immédiate, mais nous disposons d’un délai pour répondre”, ajoute Jean-François Tavernier.

Qu’apportent les outils numériques au travail collaboratif ? “Ils facilitent les échanges (à distance), changent les rythmes auxquels on travaille à plusieurs (le travail se poursuit au-delà des réunions de groupe, à distance), permettent de lire ou d’écrire à plusieurs, transforment la collaboration entre les élèves et les enseignants (avec les ENT), et génèrent de nouveaux types de production, comme des nuages de mots ou des murs virtuels”, explique le professeur d’histoire-géographie.

Plus loin que les photocopies

Avec sa classe de 3e, Jean-François Tavernier utilise le logiciel (gratuit) d’analyse documentaire Marqueed. Exemple avec l’étude du portrait réalisé par Hans Holbein le Jeune en 1533, “Les Ambassadeurs”, dans le cadre de l’apprentissage de la période de l’Humanisme et de la Renaissance. Avec Marqueed, “les élèves peuvent analyser ensemble l’oeuvre d’art, en profondeur”, explique l’enseignant. Numérisée en très haute définition (gigapixels), plutôt que dans un manuel, la peinture est disponible sur le service de musées virtuels Google Art Project.

“L’intérêt pour les élèves est de pouvoir zoomer sur de nombreux détails de l’oeuvre, et d’y chercher des renseignements”, indique Jean-François Tavernier. Marqueed “permet de créer une collection d’images. Pour Les Ambassadeurs, j’ai ainsi partagé avec mes élèves, plusieurs parties de l’oeuvre à analyser en détail – quelque chose de très compliqué à mettre en oeuvre avec une photocopie”, remarque-t-il. Le travail peut être effectué avec la classe entière, ou en sous-groupes (chacun ayant par exemple une partie de l’oeuvre à analyser).

« Les élèves sont moins dans l’attente »

Marqueed permet de créer des zones d’annotations sur des détails de l’image, et d’y attacher un fil de discussion. “C’est le principe du fil Twitter ou des forums : des messages courts, mais localisés sur l’oeuvre”, affirme le professeur. Pour lui, l’intérêt pédagogique est ainsi “de faire travailler les élèves sur des détails, et de faire naître entre eux une discussion sur l’oeuvre, qui leur permettra d’interpréter la peinture ensemble”.

Marqueed permet aussi, en géographie, d'organiser des séances de travaux collaboratifs autour de cartes topographiques ou de paysage.

Marqueed permet aussi, en géographie, d’organiser des séances de travaux collaboratifs autour de cartes topographiques ou de paysage.

Le travail collaboratif “rend les élèves davantage autonomes et actifs : ils sont moins dans l’attente de l’analyse du professeur, puisqu’ils co-construisent ensemble leur propre analyse. Ils deviennent acteurs”, expose Jean-François Tavernier.

L’outil permet en outre, pour l’enseignant, “d’avoir une trace écrite des échanges, qui me permettent d’analyser les discussions des élèves, de diagnostiquer leurs difficultés, de dialoguer avec eux, et de les orienter”.

En classe entière, “je pourrais aussi reprendre les messages dégagés de ces discussions de groupes, et de les mettre en perspective. C’est donc aussi une sorte de travail de brouillon, qui permet de dégager des mots-clés, afin de construire ensemble une synthèse”, dit-il encore.

Concernant l’évaluation, “il peut être intéressant de demander aux élèves d’analyser eux-mêmes leurs échanges, donc de s’auto-évaluer”, affirme Jean-François Tavernier.

« Développer les compétences numériques »

Enfin, l’enseignant alsacien remarque que Marqueed peut être utilisé aussi bien en histoire pour analyser une oeuvre d’art, qu’en géographie, pour “observer des paysages, des cartes topographiques ou des photos satellites”, dans le cadre d’un cours “portant par exemple sur le tourisme”.

 

Il existe une grande variété d’outils collaboratifs. En voici une sélection, fournie par Jean-François Tavernier :
* Murs collaboratifs > Padlet (exposés, brainstorming)
* Analyse documentaire > Marqueed (traitement d’image), Watch2gether (regarder et annoter une vidéo à plusieurs), ThingLink (analyse d’image), Vialogues (échanges autour d’une vidéo)
* Veille et curation > Diigo (gestion de favoris avec outils d’annotation collaborative), Scoop.It (outil de veille et curation)
* Outils d’organisation : Secretly Meet (twitter privé), Trello (gestion de tâches), Appear.in (visioconférence), Zotero (bibliographie collaborative)
* Outils de carte mentale > Popplet, WiseMapping, Mind42, MindMup
* Ecriture collaborative > Framapad, Draft, Poetica (relecture collaborative), Wikispaces (wiki)
* Création de documents > Myhistro (chronologies interactives à plusieurs)

[warning]Dans le cadre de formations proposées par l’URFIST (Unité Régionale de Formation à l’Information Scientifique et Technique de Bretagne et des Pays de la Loire), les formateurs Marie-Laure Malingre (conservateur de bibliothèque) et Alexandre Serres (maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication) proposent un document listant un grand nombre d’autres outils de travail collaboratif à utiliser en classe.[/warning]