Renvoyer les cours à la maison pour faire du temps de classe un temps de travail durant lequel les élèves sont actifs : tel était le projet d’Olivier Quinet, quand il s’est lancé en 2012 dans la pédagogie inversée.
Professeur d’histoire-géographie au collège Jean Rostand, à Montpon-Ménéstérol (Dordogne), son objectif était de rendre ses élèves (4e et 3e) davantage autonomes, en les faisant construire eux-mêmes leurs connaissances et leur savoir-faire.
« Au milieu, et plus devant »
Olivier Quinet passe l’été 2012 à concevoir des capsules de cours. Les exercices d’application deviennent l’élément principal du temps de classe. “Je ne suis plus devant les élèves, mais au milieu d’eux !”, lance Olivier Quinet. Plutôt que de “simplement transmettre le savoir”, il les “aide à les acquérir”.
“Les élèves arrivent en ayant vu une capsule vidéo postée sur mon site. Pendant le visionnage, ou à la fin, ils ont répondu à un quizz, qui me permet d’appréhender le degré de compréhension de chacun”, décrit le professeur.

Le cours sur la Première Guerre mondiale d’Olivier Quinet : une capsule à visionner à la maison, avec un quizz et des documents.
En classe, la « pédagogie active »
L’activité en classe est le point essentiel du dispositif. La pédagogie inversée s’accompagne d’une “pédagogie active” au sein de la classe. “Les élèves, par petits groupes, sont constamment en activité, lors de tâches complexes ou d’exercices pratiques”, explique l’enseignant.
Ainsi, après avoir visionné, la veille, la capsule sur la Première Guerre mondiale, un élève devra, seul ou en groupe, compléter une carte, des biographies, et rédiger un texte autour du génocide arménien, de la Révolution Russe, ou de la bataille de Verdun.
“Pour réaliser sa production, l’élève aura à disposition un manuel, mais aussi des documents hebergés sur mon site, auxquels il se connectera via une tablette numérique”, poursuit Olivier Quinet.
“A la fin, il y a une phase de “communication”, où l’élève devra restituer à ses camarades ce qu’il a trouvé”. Puis s’en suit une “mise en perspective”, avec l’enseignant. Les fiches produites sont mises en commun et constituent le “cours écrit”.
Les élèves « apprennent à apprendre »
En réalisant des fiches et des travaux personnels, les élèves “travaillent leurs compétences, leur savoir-faire, et apprennent à travailler en équipe”. Pour Olivier Quinet, la classe inversée permet “d’optimiser le temps de classe, pour appliquer une pédagogie circulaire : les élèves reviennent sur les connaissances, retournent sur les vidéos pour avancer dans leur travail… C’est une révision constante”.
L’enseignant constate que “l’ambiance de la classe a changé : les élèves sont actifs, plus vivants et plus attentifs. Ils maîtrisent mieux certains savoirs-faire, comme la recherche d’informations et la construction du savoir. Ils apprennent à apprendre, à chercher.”
Autrefois, Olivier Quinet observait l’existence de 3 groupes d’élèves dans sa classe : “ceux en difficulté, les moyens et les bons”. Aujourd’hui, “le groupe des moyens, soit les deux tiers de la classe, a quasiment disparu”, constate le professeur.
En revanche, “il y a toujours un petit groupe d’élèves en difficulté, et pour eux, la classe inversée est l’occasion de mettre en place une forme de pédagogie différenciée”, note-t-il. Olivier Quinet prévoit de répartir prochainement ses élèves dans des groupes, “entre ceux qui ont compris le cours, et qui se mettront tout de suite au travail, et ceux qui n’ont pas compris la vidéo, ou qui ne l’ont pas visionné, et qui bénéficieront d’un temps privilégié avec moi.”
Accès à Internet et travail à la maison
Olivier Quinet pointe du doigt certaines limites. A commencer par l’accès à Internet. “Quasiment tous mes élèves ont un ordinateur et Internet chez eux, mais il y en a quelques uns qui n’en ont pas”, indique l’enseignant.
“Je donne le travail longtemps à l’avance, de façon à ce que les élèves puissent venir dans ma salle, où des ordinateurs sont disponibles en permanence”, explique-t-il.
Mais le vrai problème, “ce sont les inégalités qui existent, entre les élèves qui ont un bureau, une chambre et des parents attentifs, et ceux en difficulté sociale, qui ne peuvent visionner correctement mes capsules, ou qui ont des difficultés de compréhension”, ajoute l’enseignant. D’où sa réflexion actuelle : “je me demande si je ne vais pas finir par tout faire en classe, en tout cas pour les élèves pour qui les cours ‘à la maison’ ne sont pas adaptés”.
« L’année 1, un boulot gigantesque »
Reste le temps passé à concevoir des capsules. “L’année 1 de la pédagogie inversée représente un boulot gigantesque. Je réalisais mes capsules sur mes loisirs”, indique Olivier Quinet.
“Pour une vidéo, comptez entre 2 et 5 heures de travail. Et pour préparer une séquence entière, il faut une dizaine d’heures de travail hors de la classe”, précise-t-il. Mais une fois les vidéos conçues, “elles peuvent être réutilisées les années suivantes. Et le temps libéré en classe pour faire d’autres choses permet de vite oublier ce sacrifice !”.
[warning]La ‘flipped classroom‘ concerne le primaire comme le secondaire, et peut faire l’objet d’un grand nombre d’applications pédagogiques. Cet article fait ainsi partie d’un vaste dossier sur la classe inversée, à découvrir ![/warning]
Olivier Quinet parlera de sa pratique au 1er Congrès Classe Inversée en conférence plénière, venez le rencontrer, discuter et échanger avec lui mais aussi plein d’autres enseignants en classe inversée !
http://clic2015.sciencesconf.org
Très bel article et les vidéos d’O. Quinet sont très réussies ! Il est vrai que la préparation des vidéos prend du temps, donc afin de pouvoir aussi préserver ses activités personnelles, il peut être intéressant de travailler en réseau avec d’autres professeurs, voire de reprendre des vidéos d’autres professeurs.
D’autres conseils pratiques pour inverser sa classe ici : http://www.laclasseinversee.com/la-classe-inversee/pourquoi-inverser-sa-classe/
Article très intéressant pour comprendre le fonctionnement de la classe inversée!
Très beau travail, je trouve!
Vivement un ministre de l’Instruction publique avec assez d’envergure et de puissance pour envoyer cette inversion de l’intelligence et toutes les niaiseries pédagogistes (Dieu que je déteste les pléonasmes) dans le Néant.