Après les « passions » qui se sont exprimées sur les projets de programmes d’histoire, « nous avons le devoir de redonner au débat son sens scientifique », a déclaré mercredi Najat Vallaud-Belkacem en ouverture d’une journée de discussions entre historiens à la Sorbonne.

« Il nous appartient de rétablir ce que les passions dérobent » à la réalité, a-t-elle dit, devant des historiens réunis sous l’égide du Conseil supérieur des programmes (CSP).

« L’histoire n’est pas la transmission d’une somme finie de connaissances. C’est une construction toujours continuée », a-t-elle fait valoir.

La ministre a demandé aux participants de se mettre à la place « d’un élève d’aujourd’hui, concerné par les nouveaux programmes de la scolarité obligatoire, âgé de 6 à 15 ans environ ».

Elle a souligné que les élèves actuels « fréquentent très tôt internet, les réseaux sociaux », sont « les enfants d’un monde dont les distances se sont raccourcies (…) « bombardés d’informations en tout genre », de démonstrations dont certaines sont « fausses », « mensongères », « concurrentes de celles que véhicule l’école ».

« Ces enfants ont plus que jamais besoin d’aiguiser le sens de la vérité, de l’esprit critique ». « On n’enseignera pas à ces enfants l’histoire en 2015 de la même façon qu’on le faisait en 1975 ».

La chronologie est « conçue comme l’épine dorsale de l’histoire » dans les projets de programmes élaborés par le CSP, a-t-elle souligné, alors que certains leur ont reproché, à tort, de ne pas être chronologiques.

La ministre a aussi jugé surprenantes les critiques sur l’enseignement de l’islam, qui restera au programme (en cinquième), tout comme le judaïsme et la chrétienté (en sixième).

Elle a souligné que l’enseignement de l’islam a été « introduit en 1902 pour la première fois » et affirmé « l’importance au contraire de renforcer l’enseignement laïque du fait religieux ».

Les programmes doivent aussi pouvoir « s’appuyer sur la réalité quotidiennement vécue par les élèves ainsi que sur leur environnement immédiat »: ce n’est pas la même chose d’aborder la Première Guerre mondiale à Saint-Jean-de-Luz ou à Verdun, la traite négrière à Bordeaux ou à Clermont-Ferrand, a-t-elle illustré.