La ministre de l’Education nationale a appelé mercredi à « une extrême vigilance sur la teneur des messages qui seraient mis en ligne » sur Gossip, l’application d’échange de « potins » en mode anonyme, dont l’interdiction a déjà été réclamée par plusieurs syndicats lycéens.

Dans un communiqué, Najat Vallaud-Belkacem demande également aux recteurs d’académie, avec l’aide des chefs d’établissement des lycées et collèges, de signaler aux procureurs de la République « tous propos injurieux ou diffamatoires proférés à l’encontre d’élèves ou de personnels ». Selon elle, « la réouverture de cette application pourrait venir affecter un climat serein au sein des établissements ».

Lancée il y a environ deux semaines mais suspendue depuis, Gossip (potin en anglais) était encore inaccessible mercredi matin. Lorsqu’on tente de la lancer, un message prévient que « suite aux nombreuses réactions suscitées par +Gossip+, nous avons pris la décision de mettre l’application hors service quelques jours, le temps de mettre en place un système de modération plus élaboré ».

L’utilisateur peut y poster une rumeur via un texte de maximum 140 caractères, en identifiant la ou des personnes concernées parmi ses contacts (Facebook ou du répertoire téléphonique) ou « une preuve » (photo, vidéo). Les ragots publiés n’apparaissent que dix secondes sur la page des utilisateurs.

Selon la créatrice de la plateforme, Cindy Mouly, les utilisateurs accèdent aux « potins » postés par leurs contacts, mais peuvent aussi accéder aux « ragots concernant un de [leurs] contacts mais qui sera posté par des personnes qui ne font pas partie de vos répertoires téléphoniques ni de Facebook ».

Najat Vallaud-Belkacem, qui déclare considérer « la lutte contre le harcèlement scolaire comme l’une des priorités », dit vouloir continuer à « prévenir des dangers du cyberharcèlement ».

Mardi, plusieurs syndicats lycéens avaient réclamé l’interdiction de Gossip, affirmant que cette plateforme a induit un climat malsain dans plusieurs établissements et qu’elle favorise le harcèlement.

La FIDL s’est « étonnée de la réaction de la ministre » mercredi dans un communiqué, dénonçant « des sanctions prises contre les jeunes mais en rien contre les responsables de l’application ».

Le syndicat lycéen a de nouveau réclamé « la suppression pure et simple de l’application », estimant que « la plateforme incite les utilisateurs, souvent jeunes, à porter atteinte à l’image et à la dignité d’autres personnes ou encore faire de la diffamation ce qui est interdit par la loi ».