Le professeur de philosophie de Poitiers, muté à 80 km après avoir été soupçonné, à tort selon la justice, d’apologie du terrorisme en classe, a indiqué lundi avoir saisi la justice administrative pour contester la sanction prise à son encontre par le rectorat dont il dénonce « l’acharnement ».
Jean-François Chazerans, 55 ans, a affirmé lors d’un point de presse à Poitiers avoir saisi le tribunal administratif le 22 mai pour contester sa mutation d’office. Il a également dit avoir adressé à la ministre de l’Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, un « recours hiérarchique » pour lui demander une révision de la position du rectorat.
« J’ai découvert dans mon dossier que j’avais perdu mes seize années d’ancienneté. Je n’ai même pas droit à un rapprochement de conjoint et comme il y a peu de postes en philosophie, j’ai 56 ans, je n’ai plus que six ans à faire: ça veut dire que je suis banni de Poitiers », a déploré l’enseignant.
M. Chazerans se dit aussi « perdant financièrement » car il doit faire les allers-retours entre son domicile poitevin et son établissement d’affectation sans toucher de frais de transport.
Le 8 janvier, au moment des attentats à Paris, Jean-François Chazerans, enseignant au lycée Victor-Hugo de Poitiers, avait accepté à la demande de certains élèves de terminale d’animer un débat sur le sujet.
Par la suite, des parents d’élèves s’étaient plaints au rectorat de la façon dont il avait orienté le débat, et des opinions personnelles qu’il aurait alors exprimées, notamment à propos de militaires français engagés dans des opérations extérieures.
Le parquet, saisi, avait classé l’affaire, estimant que certains propos pouvaient paraître « inadaptés, déplacés et choquants » au vu du contexte, mais en aucun cas constitutifs « d’apologie du terrorisme ».
Le professeur avait ensuite été entendu par la commission de discipline du rectorat qui avait décidé de le muter d’office dans un lycée à Thouars, dans le département voisin des Deux-Sèvres.
M. Chazerans a indiqué lundi qu’il postulait sur son poste de Poitiers mis « au mouvement », mais a affirmé n’avoir aucune chance. « C’est invivable, insupportable, il y de l’acharnement de la part du rectorat ! », a-t-il affirmé.
« Il y a de l’acharnement dans ce dossier, en tous cas de la crispation de la part du rectorat, pour que M. Chazerans ne revienne absolument pas sur Poitiers », a également dénoncé la secrétaire académique du Syndicat national des enseignants du second degré (SNES), Magali Espinasse.
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