Les nouveaux programmes de maternelle qui s’appliqueront en septembre pourraient rester lettre morte faute de formation des enseignants, a alerté jeudi Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Ces « programmes de qualité » dessinent « sur le papier une école maternelle exigeante et bienveillante, qui n’est pas un petit CP », a-t-il salué lors d’une conférence de presse. Un rapport de l’Éducation nationale avait mis en lumière une tendance à la « primarisation » de l’école maternelle, autrement dit à des apprentissages trop précoces au détriment des élèves les plus fragiles, a-t-il rappelé.

Les nouveaux programmes trouvent « un équilibre » entre « la stimulation, le développement de l’enfant » et « la préparation à des apprentissages plus structurés qui vont s’installer au CP », a-t-il estimé.

Mais « avoir de beaux programmes ne suffit pas. Ce qui est déterminant, c’est ce que les enseignants en feront », a-t-il fait valoir, jugeant « totalement incompréhensible qu’ils ne fassent pas l’objet d’un plan de formation ». Il demande que la ministre diffuse les programmes dans les écoles, « voire les envoie à chaque enseignant ».

Si les professeurs ne s’approprient pas les programmes « et ne les transforment pas en pratiques réelles de classe », on en restera à des pratiques antérieures critiquées par l’inspection générale, prévient-il.

Par exemple, en mathématiques, les enfants pouvaient compter « très loin » (jusqu’à des nombres élevés) mais « sans toujours comprendre le nombre », explique-t-il. « Les nouveaux programmes disent qu’il vaut mieux travailler sur de petites quantités, mais que les élèves comprennent que c’est un codage, qu’au chiffre 2 correspond une quantité, 1 et 1 ». Il faut donc que les enseignants soient formés à ce changement dans les apprentissages.

D’après une enquête du SNUipp, seuls quatre départements ont proposé des stages de formation continue sur les nouveaux programmes de maternelle à 74 enseignants et seuls 24 départements ont organisé des animations pédagogiques de trois heures suivies par 3.300 enseignants (4% des 90.000 professeurs de maternelle).

Côté formation initiale, il a relevé une « très grande disparité » d’une Espé (Ecole supérieure du professorat et de l’éducation) à l’autre : 32 heures sur la maternelle en deuxième année de master à Lyon, 6 heures à Rennes, « rien de spécifique dans une grande majorité d’Espé ».

Le SNUipp réclame trois semaines de formation continue pour les professeurs de maternelle dans les trois prochaines années et souhaite que la maternelle représente un tiers de la formation initiale des professeurs des écoles.