Quelque 300 à 400 lycéens ont manifesté jeudi à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) pour défendre leur liberté d’expression et soutenir Louis, élève d’un lycée de cette commune, menacé de mort depuis la publication fin janvier d’un journal en hommage à Charlie Hebdo.

Défilant derrière une banderole « Marche pour la liberté d’expression », les manifestants, venus de plusieurs établissements de la ville, sont partis du lycée Marcelin-Berthelot vers 12H30 pour rejoindre le parvis de la gare du Parc de Saint-Maur.

Parmi les slogans, « Liberté dans nos classes. Ni censure, ni menaces » ou « Résistance contre la censure ». D’autres brandissaient des feuilles « Je suis Louis », lettres blanches sur fond noir, sur le modèle de « Je suis Charlie ».

Cinq membres de la rédaction de l’hebdomadaire satirique, qui a publié une chronique illustrée en soutien au lycéen dans son dernier numéro, se sont joints au cortège, dont Eric Portheault, le directeur financier du journal.

Louis, 17 ans, avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial Charlie Hebdo de « La Mouette bâillonnée », le journal du lycée, en réaction aux attentats.

Depuis, il a reçu sept menaces de mort, au lycée dans la boîte aux lettres du journal ou à son domicile, certaines accompagnées d’une ou plusieurs balles.

« L’apprentissage de l’esprit critique commence par ces journaux lycéens. Il y a là peut-être des petits Charlie », imagine Agathe André, journaliste à Charlie Hebdo.

Dans les rangs, quelques rares professeurs du lycée touché. « Certains avaient peur de la récupération politique. Moi, je pense qu’il faut manifester avant qu’arrive quelque chose de plus grave », estime une enseignante d’histoire-géographie.

« On rentre avec une carte de lycéen, on sort avec une carte d’électeur. On n’est pas assez formé à ça », regrette Théo Florens, délégué national du syndicat lycéen FIDL, qui a contribué à l’organisation de cette manifestation « apolitique, non-partisane et d’initiative lycéenne », précise-t-il.

La rédaction de « La Mouette bâillonnée » avait indiqué ne pas participer à cette marche, à la fois pour des raisons de sécurité, et parce que « les motivations du ou des harceleurs ne sont pas identifiées ».

Avec cette histoire, « le risque, c’est que cela se traduise par un repli, une peur du débat et une difficulté des journaux lycéens à publier », craint Matthieu Porte, président de l’association Jets d’encre, qui revendique fédérer 300 journaux lycéens en France. « La presse lycéenne est amateur mais n’est pas une sous-presse. Un lycéen rédacteur en chef n’est pas irresponsable, mais un citoyen déjà actif ».