Professeure des écoles à Givry-en-Argonne, Aurélie Géhin utilise Les Fondamentaux avec sa classe de CM1-CM2, dans le cadre de sa pratique de la pédagogie inversée. / Réseau Canopé

Professeure des écoles à Givry-en-Argonne, Aurélie Géhin utilise Les Fondamentaux avec sa classe de CM1-CM2, dans le cadre de la pédagogie inversée. / Réseau Canopé

Les enseignants du secondaire, mais aussi du primaire, s’intéressent peu à peu à la classe inversée. Le principe : fournir le cours à l’élève sous format vidéo, à visionner à la maison ou à l’école, afin de pouvoir l’accompagner, en classe, lors d’exercices et de mises en pratique – souvent en petits groupes.

Souvent, les “capsules” vidéo sont réalisées par les enseignants eux-mêmes, sachant que ce temps de conception, qui peut être long, est pris sur leur temps libre. Pour lever cet obstacle, dans le cadre de la stratégie du ministère de l’Éducation nationale “Faire entrer l’école dans l’ère du numérique”, le réseau Canopé propose une plateforme à destination des professeurs des écoles, des élèves, des parents et des éducateurs : Les Fondamentaux.

Plus de 500 films d’animation (de 3 à 4 minutes) ont été conçus par des inspecteurs de l’Éducation nationale (IEN), des enseignants et des conseillers pédagogiques, afin de favoriser, de façon ludique, l’acquisition des notions fondamentales de l’école élémentaire (du CP au CM2), en français, en mathématiques, en sciences, en histoiregéographie, en instruction civique et en langues vivantes.

« Distinguer prisme et pyramides » : une capsule de la plateforme « Les Fondamentaux » / Réseau Canopé

Un outil pour « diversifier les entrées pédagogiques »

Quand utiliser ces capsules ? “Ces vidéos peuvent être réutilisées à l’extérieur, pour revoir ce qui a été vu en classe, à la maison comme lors d’APC (activités pédagogiques complémentaires)”, indique Cathia Pierrot, chargée de mission “pédagogie, innovation et recherche” à la DSDEN (Direction des services départementaux de l’éducation nationale) des Ardennes. “Mais avant tout, elles doivent être visionnées pendant le temps scolaire, en classe”, ajoute-t-elle.

Ainsi, estime-t-elle, “regarder les vidéos chez soi correspond plus au secondaire, car cela demande une certaine autonomie, notamment par rapport à l’outil informatique, et une maturité relative à l’acquisition du savoir. Il faut accompagner l’élève lors du visionnage”.

Les capsules des Fondamentaux permettent au professeur des écoles de “diversifier les entrées pédagogiques”. Mais “cela ne signifie pas forcément qu’elles seront utilisées dans le cadre de la pédagogie inversée : suivant sa classe et ses élèves, l’enseignant peut choisir d’utiliser ces vidéos au tout début de son unité d’apprentissage, ou à la fin, afin de mieux asseoir un savoir acquis lors de manipulations”, remarque Cathia Pierrot.

Des « fiches d’accompagnement » pour les parents

La chargée de mission de la DSDEN des Ardennes prévient : “la pédagogie inversée correspond à un processus d’apprentissage bien spécifique, et il ne correspondra pas forcément à tous les élèves. Certains ont besoin d’être autonomes, d’autres d’être accompagnés tout au long de l’apprentissage”. Ainsi, “l’enseignant doit observer précisément comment chaque élève s’empare du savoir, avant de se lancer”.

Carole Gomard utilise les capsules des Fondamentaux avec son fils, Jules. Le cours est visionné en cours, et peut être revu et revisé à la maison.

Carole Gomard utilise les capsules des Fondamentaux avec son fils, Jules. Le cours est visionné en cours, et peut être revu et revisé à la maison. / Réseau Canopé

Si les vidéos sont ludiques et permettent de “créer une motivation”, tout en permettant aux élèves “d’acquérir un savoir différemment”, certains élèves pourraient aussi “ne voir que le côté ludique, et passer à côté de la notion fondamentale abordée : voilà pourquoi les vidéos doivent absolument être utilisées en classe, en complément de manipulations, d’exercices pratiques, avec le professeur en soutien”, indique Cathia Pierrot.

En revanche, une fois rentré chez lui, rien n’empêche l’élève de revoir les vidéos avec ses parents. Dans ce contexte, où l’ordinateur familial devient “un outil pour apprendre”, la plateforme propose des “fiches d’accompagnement” destinées aux parents et aux éducateurs (susceptibles d’utiliser eux aussi les vidéos). Ces fiches, très complètes, listent une série de conseils et d’activités à réaliser avec l’enfant, afin d’approfondir la notion abordée dans chaque capsule.

“Ces fiches permettent aux parents de se remettre eux-mêmes à niveau, afin que leur discours soit en cohérence avec celui du professeur”, précise Cathia Pierrot. La plateforme propose aussi aux enseignants eux-mêmes, des fiches pédagogiques, accompagnant les vidéos.

Plus fournies, elles placent chaque capsule dans le cadre d’une séance pédagogique et du programme, indiquent les possibles obstacles à l’apprentissage qu’il faudra surmonter, dressent des “scenarii d’utilisation”, et proposent des idées d’activités à mettre en place, en classe, avant ou après le visionnage.

La ‘flipped classroom‘ concerne le primaire comme le secondaire, et peut faire l’objet d’un grand nombre d’applications pédagogiques. Cet article fait ainsi partie d’un vaste dossier sur la classe inversée, à découvrir !