Pivots de la réforme du collège, qui a poussé nombre d’enseignants à faire grève, les EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires) devraient permettre, assure le gouvernement, de « décloisonner » les disciplines, en faisant par exemple construire un même cours par un duo de professeurs de deux matières différentes.
Croiser les disciplines et les apprentissages
Alors qu’aujourd’hui, des enseignements facultatifs (latin, grec, langues régionales) et des « itinéraires de découverte » complètent les enseignements du « tronc commun » (français, histoire, LV1 et 2, mathématiques, etc.), la réforme du collège propose de généraliser, à la place de ces compléments, les EPI.
Ces enseignements pratiques, montés par les enseignants eux-mêmes, seront consacrés au travail en groupe sur des projets croisant plusieurs disciplines. Selon le ministère de l’Education nationale, l’objectif de ces EPI est de permettre « aux élèves de comprendre le sens de leurs apprentissages en les croisant ».
Les EPI proposés sont au nombre de 8 : développement durable ; corps, santé et sécurité ; culture et création artistiques ; information, communication, citoyenneté ; sciences et société ; langues et cultures de l’Antiquité ; langues et cultures régionales et étrangères ; monde économique et professionnel.
Latin, humanités et « casse-tête dans les plannings »
Pour les professeurs soutenant la réforme, il s’agit d’une « vraie liberté pédagogique », d’une méthode permettant de « lutter contre l’ennui » des élèves et de « former des élèves humanistes ». Pour ceux opposés au projet, comme Régis Debray, il s’agit d’un cache-misère, qui dissimulerait l’abandon des « humanités ».
En ce qui concerne les « langues et cultures de l’Antiquité », les critiques fusent, de nombreux enseignants redoutant la disparition du latin et du grec, l’EPI étant dérogatoire. Plus généralement, les syndicats d’enseignants opposés à la réforme craignent que les EPI viennent grignoter sur les horaires de chaque discipline.
Certains enseignants voient en outre « se profiler des casse-tête dans les plannings », ou l’apparition de problèmes liés aux « décalages » entre les programmes des différentes matières, indique Libération.
Focaliser la réussite des élèves sur le Latin est ridicule. Quant au EPI, personne ne se fait d’illusion sur leurs impacts. Croire que les problèmes sont au collège découle déjà d’un problème d’analyse.
« former des élèves humanistes » ? trop pompeux pour être honnête.
Très belle illustration : le référentiel rebondissant au centre de l’interdisciplinarité.
Finalement, il y a bataille pour la réussite des élèves ou pour sauver des postes ou pour éradiquer certaines disciplines ?