enseignant collège

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Alors que les enseignants étaient en grève, hier, mardi 19 mai 2015,  le décret et l’arrêté portant sur l’organisation du collège sont parus ce mercredi au Journal officiel. Une façon pour le gouvernement de manifester sa fermeté.

Le décret n° 2015-544 et l‘arrêté « relatif à l’organisation des enseignements dans les classes de collège » présentent les nouveaux volumes horaires des enseignements obligatoires. Ils détaillent aussi l’organisation des enseignements complémentaires – accompagnement personnalisé et EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), qui permettront aux enseignants de croiser les matières.

Comme prévu, les EPI, critiqués par de nombreux enseignants, en particulier ceux de langues anciennes, seront au nombre de 8. Les élèves en suivront 2 par an et au moins 6 entre la 5e et la 3e. Les textes parus au JO prévoient une entrée en vigueur de la réforme du collège « à compter de la rentrée scolaire 2016. »

Entre 27 et 50% des enseignants du collège en grève

élèves de collège

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Mardi, entre 27,61% (chiffre du gouvernement) et 50% (chiffre du Snes) des enseignants des collèges publics ont répondu à l’appel à la grève des 7 syndicats SNES-FSU, SNEP-FSU, SNALC-FGAF, SNFOLC, SNETAA-FO, CGT Educ’action et SUD Éducation. Un mouvement notamment soutenu par 60% des Français, selon un sondage réalisé par Odoxa.

Face à cette protestation enseignante, le gouvernement oscille entre fermeté et ouverture au dialogue. Mardi, depuis Carcassonne, François Hollande avait réaffirmé « la détermination » de son gouvernement, tout en soulignant, selon l’AFP, que les « observations » dont la réforme fait l’objet seraient prises en compte. D’après Stéphane Le Foll, le porte-parole du gouvernement, la discussion « doit continuer », en particulier sur « l’application de ce qu’on appelle l’interdisciplinarité ».

« Un passage en force » pour François Bayrou

François Bayrou

François Bayrou © Soazig de la Moissonnière

L’attitude de l’exécutif fait l’objet de nombreuses critiques, des enseignants, mais aussi des hommes politiques. Dénonçant un « passage en force, au mépris de tous les engagements de prise en compte des réactions d’inquiétude », François Bayrou, président du MoDem, appelle à une « manifestation nationale », selon l’AFP.

Selon le maire de Pau, « le gouvernement avait répété qu’il entendrait ceux des enseignants, des intellectuels ou des responsables politiques qui manifestaient leur préoccupations sur les langues anciennes, la suppression de sections bilingues ou européennes, et sur les EPI ». Mais « manquant à sa parole, il a choisi de publier brutalement le décret au JO », déplore-t-il.

« Il ne faut plus perdre de temps » (Najat Vallaud-Belkacem)

Najat Vallaud Belkacem France Info

Najat Vallaud-Belkacem invitée politique de France Info, le 19 septembre 2014.

La réponse de Najat Vallaud-Belkacem ne s’est pas faite attendre. La ministre a ainsi lancé, au micro de France Info qu’il n’y avait « pas de précipitation », car « tous les délais sont tels que nous les avions prévus depuis le début ». Et de préciser : « il fallait publier ce décret pour pouvoir passer à l’étape suivante, à savoir les textes d’application qui vont pouvoir répondre aux inquiétudes des grévistes et manifestants ».

Najat Vallaud-Belkacem entend laisser sa « porte ouverte », mais continuer à avancer. « Il faut aller vite, ne plus perdre de temps, pour veiller à ce que tous les professeurs soient bien accompagnés pour mettre en oeuvre cette réforme », estime-t-elle. Ainsi, ajoute la ministre sur France Info, « il faudra offrir pendant plusieurs mois de l’accompagnement et de la formation en continu aux enseignants qui seront amenés à l’appliquer ».

Pour Frédérique Rolet, secrétaire nationale du SNES-FSU, interrogée par la radio, « il s’agit d’une provocation. Nous avons eu un mouvement important hier, avec une grève majoritaire dans le second degré… C’est vraiment une très mauvaise méthode, une faute politique ».

Lors d’une rencontre avec la presse, Pierre Laurent, le secrétaire national du PCF, s’est dit « choqué ». Il a dénoncé « une forme de mépris et de brutalité » de la part du gouvernement, rapporte l’AFP. « Cette manière de faire ne va faire qu’accroître le malaise du monde enseignant qui n’a aucune envie de se rallier aux positions réactionnaires exprimées par tel ou tel dirigeant de droite », a-t-il prévenu.