Une tribune de Guy Georges, ancien responsable national du secteur éducation du Syndicat national des Instituteurs, et concepteur du projet d’école fondamentale (1971)
Madame Vallaud-Belkacem a osé mettre en oeuvre l’élément-clef de la loi de refondation de l’école et aussitôt, les mêmes groupes sociaux et professionnels, avec les mêmes alibis reprennent les mêmes levées de boucliers qu’il y a bientôt 50 ans. Il faut la soutenir.
Rappelons à ceux qui ont la mémoire courte que le premier gouvernement de la Vème République a « ordonné » en janvier 1959 la suppression de la sélection à l’entrée en 6ème; qu’ainsi, tous les élèves du cours moyen, la dernière classe des écoles élémentaires, entreraient au collège; qu’ainsi devait leur être notamment assurée la continuité des programmes et de l’intervention pédagogique des enseignants. Autant de conditions évidentes contre lesquelles ont été opposés des faux-nez : la défense du latin liée à la préservation de l’élite, de la culture !, la baisse de niveau de l’école primaire. On les retrouve aujourd’hui.
En 1972, déjà…
On sait, par exemple, qu’en 1972 le ministre avait adressé à toutes les écoles un nouveau programme de français, allègé dès lors que les apprentissages devaient se poursuivre au collège; ce qui ne fut pas réalisé et permit d’accuser l’école de « baisse de niveau ». Tout enseignant bien formé au métier sait que, dans sa classe, la présence d’élèves de niveaux différents entraîne les faibles vers le haut tout en ne pénalisant pas les meilleurs, la future élite. Certes, c’est plus contraignant…
Mais trouver toutes les bonnes raisons et les bons moyens de séparer les élèves selon leur « niveau », comme avant, c’est cela la raison inavouée de l’hostilité présente. Curieux pays qui honore l’égalité au fronton de ses mairies, mais qui s’ébroue quand un ministre, appliquant la loi votée par la représentation nationale, veut insuffler plus d’égalité dans un système scolaire parmi les plus inégalitaires, un pays qui, depuis que Jean Zay avait proposé cette belle idée de démocratisation, imagine depuis 80 ans toutes formes d’astuces pour s’y opposer.. mais qui va honorer (les censeurs au premier rang ?) son oeuvre au Panthéon.
Je ne suis pas du tout d’accord avec Guy Georges :
La réforme du collège est nécessaire mais même s’il ne s’agit pas de remettre en cause l’accès au collège de l’ensemble des futurs citoyens, il est évident que mener jusqu’en fin de 3° l’ensemble des élèves me semble relever de l’utopie pure et simple.
En ce qui concerne le niveau des élèves qui aurait augmenté grâce aux élèves en difficultés qui n’empêcheraient pas les élèves dits « bons » de progresser et apprendre plus vite, là aussi M Georges n’est pas sur le terrain et ne voit pas la différence de niveau qu’il y a réellement entre les élèves dans une même classe et que la mise à niveau des élèves qui ne comprennent pas bien et souvent ne peuvent ou ne veulent pas se concentrer pour apprendre, pénalise grandement l’avancement normal d’une classe dans un programme. L
je réagis à la dernière phrase : »l’avancement normal d’une classe dans un programme ». On voit bien ici qu’il y a un choix : l’Ecole est-elle destinée à faire avancer des « classes » ou bien à faire progresser des élèves. Il me semble que c’est ce choix qui est en jeu dans les réformes actuelles.
De plus les recherches ont montré que la mixité des niveaux était profitable à tous … à la condition d’adapter ses manières de faire à son public au lieu de conserver un fonctionnement destiné à l’élite.
Et je suis sur le terrain, enseignant en REP +
Tout ceci Mr Georges n’est que rhétorique!! Oui au collège unique, oui à l’accès du plus grand nombre aux études, mais pas au rabais! Pas sur le dos des enfants des « classes moyennes » qui veulent croire encore aux vertus de l’école publique! Au final, en supprimant ces filières « élitistes » (qui privilégient avant tout les élèves motivés), on nous tire encore une fois vers le bas si on n’a pas LE FRIC pour se tourner vers les cours individuels ou les écoles privées (pour les langues par exemple)
Signé : une socialiste de coeur écoeurée
Je suis quand même assez étonnée de voir un ancien responsable syndical, donc quelqu’un qui attache en principe de l’importance au dialogue, soutenir quelqu’un qui fait passer en force toutes ses réformes :
– rythmes scolaires dans le primaire (ce n’était pas elle mais elle soutient mordicus) : résultat, les communes n’ont pas d’argent, font payer les NAP aux parents (de 2,50 euros à 17 euros par jour dans ma ville) pour un résultat mitigé car les enfants sont épuisés dès le jeudi et on ne parle pas des enseignants …
– nouveaux programmes du primaire : si la consultation est bien prévue, aucun temps n’est dégagé pour les étudier professionnellement et répondre à près de 100 questions. C’est bien la première fois que cela arrive : n’est-ce pas là, de la part d’un gouvernement socialiste, un déni de démocratie ? Où va-t-on trouver le temps en équipe de faire cela ?
– réforme du collège : là aussi, que cherche-t-on à faire vraiment ? Au collège, comme ailleurs, il faut pouvoir répondre à tous les besoins : de ceux qui ont du mal à l’école aux fameuses élites. Est-là une espèce en voie de disparition en France et est-ce si mal que ça de les reconnaître ?
Non, moi je dis, trop c’est trop, et tous les espoirs que j’avais mis en 2012 dans mon bulletin de vote se sont douloureusement volatilisés ….
Oui je soutiens les enseignements interdisciplinaires, le travail en petit groupes, l’accompagnement personnalisé pour augmenter les chances de réussite des élèves, notamment les plus fragiles.
C’est une bonne mesure pour donner du « sens » aux enseignements dispensés et briser enfin les cloisons entre les disciplines, pour l’intérêt des élèves.
Il faut structurer une nouvelle organisation pédagogique et donner les moyens pour que les équipes d’enseignants développent des thèmes pluridisciplinaires afin d’intéresser les élèves et d’éviter ainsi le décrochage des plus défavorisés ! La réforme proposée est louable, va dans le bon sens et mérite d’être soutenue …
AB, proviseur honoraire
Non seulement je ne la soutiens pas mais en plus j’ai hâte de concrétiser mon vote-sanction .
La semaine Peillon nous (Les élèves et PE) a mis à genoux et je ne suis pas prêt d’oublier à qui je le dois !
Quand je pense que la maire de Paris imagine à présent que les enseignants pourraient éventuellement venir aussi le samedi matin pour faire du soutien scolaire , du vivre ensemble ou je ne sais quel autre enfumage socialiste , et bénévolement par dessus le marché !
Nous sommes tous écœurés et épuisés dans mon école , nous n’irons même pas à la kermesse car 5 jours de classe avec 30 élèves surexcités cela suffit ! Pour nous aussi c’est le « changement » et ce n’est pas à cause de vigipirate