Quel était le but de l’opération « école déserte », organisée par les enseignants et les parents d’élèves, ce 5 mai dans tous les établissements scolaires de Bobigny ?
Notre objectif est d’obtenir des moyens supplémentaires à Bobigny et, plus largement, un plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis. Depuis début mars, parents et enseignants du second et du premier degrés se mobilisent dans toute la ville pour réclamer une école publique de qualité. Il y a une inquiétude et un ras-le-bol face au mépris que nous témoigne l’administration. Malgré l’ampleur de la manifestation, nous n’avons pas été reçus par le rectorat. Nous restons tous mobilisés à Bobigny pour obtenir un changement. Nous allons profiter de l’appel à la grève contre la réforme du collège, ce 19 mai, pour nous faire entendre.
Pourquoi dites-vous que le compte n’y est pas sur la refondation de l’éducation prioritaire ? Quelle est la situation dans votre collège, classé en REP+ ?
Ce qui nous choque, c’est le décalage entre la réalité et les annonces, de la ministre de l’Education national et du Président de la République qui a dit le 21 janvier que « priorité a été donnée à l’éducation » et « à la lutte contre les inégalités ». A Bobigny, tous les établissements sont classés REP. Avec la réforme de l’éducation prioritaire, on pouvait donc s’attendre à des moyens supplémentaires. Mais fin janvier, lorsque les établissements ont reçu leurs DHG (dotations horaires globales), c’est-à-dire les enveloppes d’heures d’enseignement pour la rentrée 2015, nous avons découvert que toutes étaient en baisse ou en stagnation. Au collège République par exemple, pourtant classé REP+, on nous supprime une cinquantaine d’heures d’enseignement à la rentrée prochaine et une centaine d’heures sur les quatre prochaines années. On nous répond qu’on a obtenu des heures de concertation, avec la fameuse pondération (1h de cours est décomptée 1,1h) et que, de ce fait, notre DHG augmente. Les heures d’enseignement vont pourtant baisser l’année prochaine ! Il s’agira d’enlever des heures de cours en demi-groupe, dans différentes disciplines, ce qui donnait de l’air aux élèves en difficultés…
Êtes-vous confronté à un manque d’enseignants dans votre établissement ?
En Seine-Saint-Denis, il est fréquent que 20% de l’équipe enseignante soit composée de contractuels dont beaucoup n’ont pas reçu de formation. Avec le jeu des mutations, on se retrouve avec des trous dans les académies les moins attractives. Dans mon collège, nous avons des classes avec un enseignant pour 23 élèves. Elles sont moins chargées que dans d’autres établissements de Bobigny mais c’est encore trop. L’idéal serait 18 élèves par classe, pour pouvoir travailler convenablement et garantir un suivi personnalisé.
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