Les chefs de file des députés socialistes et écologistes, mais aussi un représentant des radicaux de gauche, ont affiché mercredi leur unité pour défendre la réforme du collège face à une « campagne de désinformation et d’hystérisation » de la droite.

Lors d’une conférence de presse commune des trois groupes de la majorité à l’Assemblée, ce qui est « peu courant », Bruno Le Roux a justifié cette « initiative de nous rassembler parce que le débat a pris de l’ampleur et est devenu très politique » sur la réforme du collège pour contrer « la spirale du déclassement de l’éducation dans notre pays » et « un système trop dans la reproduction des élites ».

Là où « la droite veut des aiguillages des élèves le plus tôt possible » et défend « une position ségrégationniste », la gauche préfère « élever le niveau de l’éducation pour tous », a affirmé le président du groupe PS, tout en jugeant que certaines critiques « doivent être entendues » et qu’il faut continuer à « dialoguer avec ceux qui sont de bonne volonté ».

Comme on lui faisait remarquer que la majorité se trouvait ressoudée comme rarement par la virulence de la controverse, M. Le Roux a voulu recentrer la question: « Est-ce une bonne nouvelle que pour ressouder la majorité, la droite hystérise un débat essentiel pour la République, comme le fait Nicolas Sarkozy depuis quelques jours? »

Après avoir rappelé que « la gauche a comme point commun depuis toujours la défense de l’école », le coprésident du groupe écologiste François de Rugy s’est indigné de la « campagne de désinformation et d’hystérisation du débat » menée par la droite pour « éviter de parler du fond » ou de sa volonté de faire de nouvelles suppressions de postes massives.

Les propos de Nicolas Sarkozy ciblant « deux ministres femmes (Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira), issues de la diversité, qui réussissent et sont soutenues par la majorité, pour soulever des applaudissements ou rires gras dans un meeting et aller braconner sur le thème de l’identité, je trouve ça minable », a lancé M. Le Roux.

Quant aux critiques de l’ancien ministre PS de l’Education Jack Lang, « je ne les comprends absolument pas », a affirmé le député de Seine-Saint-Denis, invitant le président de l’Institut du monde arabe à « évoluer dans ses responsabilités et à ne pas se voir comme un recours ».

Ancien rapporteur de la loi sur la refondation de l’école de la République, Yves Durand a défendu la volonté de « l’élitisme pour tous, et pas pour quelques prédestinés », et appelé à l’apaisement, car « l’école a besoin de consensus républicain ».

Dans une France où « le système scolaire reproduit les inégalités sociales, pire les aggrave », selon la coprésidente des écologistes Barbara Pompili, la réforme vise à « sortir d’une éducation +marche ou crève+ » en « essayant de tirer des leçons d’expériences qui fonctionnent » comme l’interdisciplinarité.

« Peut-être a-t-on eu tort de ne pas être montés au créneau avant », a concédé la députée de la Somme, glissant aussi que « tout n’est pas parfait dans la réforme » et souhaitant aller plus loin sur la réforme de la carte scolaire et le statut des professeurs.

En l’absence de son président de groupe, le radical de gauche Joël Giraud a critiqué « un mauvais procès », y compris « ad hominem » contre la ministre, et « un bal des Cassandre », et insisté sur l’urgence de réformer un système qui « exclut des familles et des territoires entiers ». Cet élu frontalier a particulièrement défendu le volet de la réforme sur les langues vivantes.