Avec ou sans Jean-Marie Le Pen, le programme du FN « est le même », estime la presse mercredi, qui en veut pour preuve le décompte des élèves musulmans décidé par le maire de Béziers, Robert Ménard.

Elu avec le soutien du FN, M. Ménard a déclenché une controverse, avec des réactions au plus haut sommet de l’État, et suscité l’ouverture d’une enquête préliminaire.

L’affaire éclate alors que Jean-Marie Le Pen a décidé de livrer une bataille sans merci contre sa fille Marine, présidente du FN, qui a obtenu sa suspension du parti après des propos polémiques qu’il a tenus dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol.

Libération juge, sous la plume de Laurent Joffrin, que « si le bannissement du fondateur est un geste fort, le programme du FN est le même avant et après le psychodrame ». « Il s’agit, encore et toujours, d’imputer les difficultés du pays à une minorité qu’on veut exclure et de prévoir pour ce faire des moyens coercitifs étrangers à la tradition républicaine », ajoute le directeur de Libé.

Dans L’Humanité, Patrick Apel-Muller, assure que « sous l’étiquette Marine transparaît la trame Jean-Marie ; on peut dire que sa meute chasse de race ».

Cécile Cornudet, du quotidien économique Les Echos, remarque que « la polémique Ménard permet aux dirigeants du Front national, tiraillés par la question du père, de refaire corps sur leurs sujets de prédilection : l’immigration et le communautarisme. De détourner l’attention en envoyant des signaux à leur électorat ».

Aux yeux de Dominique Garraud, de La Charente libre, « l’éviction bruyante de Jean-Marie Le Pen ne change rien de fondamental à l’idéologie du FN et de ses têtes d’affiche obnubilées par l’immigration et la menace islamique jusqu’à bricoler des statistiques farfelues et illégales ».

« Chez les Le Pen comme chez ce petit monsieur Ménard, on est hanté par la haine et la peur de l’autre, qui est forcément étranger », commente Alain Dusart de L’Est républicain.

Le maire de Béziers « a collé une nouvelle fois sur la mouvance de Marine Le Pen le sparadrap de la stigmatisation entre Français », estime Matthieu Verrier dans La Voix du Nord.

« Au-delà du caractère vil de ce fichage, cet acte volontaire d’un maire renvoie à la période la plus sombre de notre histoire », rappelle Stéphane Siret dans Paris-Normandie.