Dévoilés le 13 avril dernier, les projets de nouveaux programmes scolaires avaient dès leur publication été vivement critiqués et moqués. En cause ? L’aspect jargonnant des contenus, où l’on désigne par exemple la piscine par le terme de « milieu aquatique profond standardisé », ou le jeu de raquettes par celui de « duel médié par une balle ou un volant ».
Des programmes « vulgarisés » pour être compris par les parents
La ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem a elle-même critiqué ce jargon sur Europe 1 ce matin, estimant que les programmes étaient faits « pour être lisible par tous ».
Rappelant que « ce n’est pas la ministre de l’Education nationale qui écrit ces projets de programmes », mais le Conseil supérieur des programmes, Najat Vallaud-Belkacem s’est engagée à « vulgariser » les textes lorsqu’ils seront prêts et « à faire en sorte qu’on puisse avoir une publication qui soit accessible. Notamment aux parents pour qu’ils comprennent quels sont les connaissances et les savoirs que l’école est censée transmettre à leurs enfants ». Ces projets de programmes scolaires sont en effet dans une phase de « consultation » auprès des enseignants qui durera jusqu’au 12 juillet, et pourraient évoluer suite à cette concertation.
L’enseignement du latin et du grec « élargi à tous les collégiens » ?
La ministre est également revenue sur la réforme du collège, accusée par certains enseignants de porter atteinte à l’enseignement du latin et du grec. Ce qu’a réfuté Najat Vallaud-Belkacem. La réforme du collège « élargit à tous les collégiens la possibilité de faire du latin et du grec […] puisqu’on intègre dans la scolarité obligatoire […] le latin et le grec sous forme de ce qu’on appelle Enseignement pratique interdisciplinaire« , a-t-elle expliqué. Selon la ministre, seuls 20 % des élèves suivraient actuellement un enseignement optionnel de latin ou de grec. « Au lieu de ne faire que des déclinaisons du latin […], on va faire de l’histoire, de la civilisation antique », a-t-elle affirmé.
Visiblement peu disposée à partager la vision de Najat Vallaud-Belkacem, l’Association des professeurs de lettres a adressé samedi un courrier au président de la République François Hollande pour « que cette réforme absurde soit abandonnée » et que « des mesures d’ensemble soient prises de manière que le latin et le grec retrouvent dans notre école et pour tous les élèves de France la place éminente qui leur revient naturellement, ‘au sommet des études’, disait Victor Hugo ». La lettre a été signée par des personnalités telles que Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l’Education nationale, Régis Debray, philosophe et écrivain, ou Daniel Mesguich, comédien et metteur en scène.
Les programmes de latin actuels font déjà la part belle à la civilisation et à l’histoire. Les élèves ne font pas »que des déclinaisons ».
D’autre part, le latin et le grec ne seront pas plus étudiés que maintenant, puisque les enseignements au sein des EPI seront laissés au choix des établissements. On peut même imaginer des établissements sans latin du tout pour un niveau de classe. Progrès ???
Langues et culture de l’Antiquité au collège aujourd’hui: 2h en 5e + 3h en 4e + 3h en 3e = 288h.
Projet de réforme: EPI possible 3h pendant 1 semestre = 54h + enseignement de complément (si les autres collègues acceptent de céder des heures prises dans l’enveloppe de 2h45 par classe): 1h en 5e + 2h en 4e + 2h en 3e = 180h. Total 234h.
LE COMPTE N’Y EST PAS contrairement à ce que prétend Mme la Ministre.
Pour, comme prétend le vouloir Mme la Ministre, démocratiser l’enseignement des LCA sans niveler par le bas, pourquoi ne pas le rendre obligatoire pour tous? Pourquoi ne pas le faire entrer dans la grille des horaires (ce qui n’est pas le cas dans la grille proposée sur education.gouv.fr) sans que les professeurs de lettres classiques soient obligés de quémander des heures auprès de leurs collègues (ce qui est prévu dans le projet de decret) pour pouvoir enseigner ce pour quoi ils ont été formés et recrutés?
Enfin comment expliquer que les langues anciennes, soit-disant si chères aux yeux de notre Ministre, n’aient pas le droit, au même titre que toutes les autres disciplines dans le projet de programmes, à une proposition de nouveaux programmes d’enseignement?