Pourquoi la réforme du collège vous inquiète-t-elle ?
Elle nous inquiète parce qu’elle remet en cause l’approche disciplinaire à laquelle nous tenons. Les professeurs d’Histoire- Géographie disposent de 2h30 d’enseignement par semaine au collège (3h avec l’enseignement moral et civique). C’est déjà peu et on nous annonce que 20% de ce volume horaire sera prélevé pour mener des travaux interdisciplinaires. Résultat : il ne restera que 2h, au mieux, pour faire cours. On se dirige donc vers un enseignement au rabais. Nous ne voulons pas être des animateurs culturels qui effectuent des travaux collectifs !
Il est aussi question de programmes scolaires avec des modules obligatoires et d’autres facultatifs. Comme les évolutions de carrière sont étroitement liées aux inspections de l’Education nationale, cela signifie que les enseignants vont être contraints de traiter en priorité les modules obligatoires. Nous tenons à des programmes nationaux qui ne coupent pas à la hache des pans entiers de l’Histoire. Le risque est grand de renforcer les discriminations et les inégalités territoriales.
Certains historiens estiment que les nouveaux programmes présentés par le Conseil supérieur des programmes (CSP) livrent une vision « culpabilisante » de l’Histoire de France…
Je ne partage pas ce point de vue. Nous avons toujours abordé les heures sombres de l’Histoire de France, notamment la colonisation ou la traite négrière. Il faut l’assumer pour avancer. Ce qui est gênant, c’est de valoriser ces pages noires en obligeant les collègues à les traiter et, dans le même temps, reléguer au rang d’option des sujets fondamentaux comme le siècle des Lumières, essentiel pour comprendre la Révolution Française, ou encore l’Histoire de la Chrétienté… Mieux vaudrait donner un volume horaire annuel global et des thèmes à traiter aux enseignants, charge à eux ensuite d’adapter leur cours en fonction de leur public. Dans une France qui connaît des tensions et où l’on vote à 25% pour le FN, ce type de programme va à l’encontre de la recherche de l’apaisement.
Les nouveaux programmes présentent-ils néanmoins des points positifs ?
Revenir à une logique chronologique est très positif. De la même façon, la liberté pédagogique de l’enseignant a été enfin comprise. Mais on ne peut pas faire une grande réforme avec des petits moyens. Les enseignants en ont assez des réformes inachevées. L’Histoire et la Géographie sont des disciplines qui méritent qu’on leur accorde du temps. De plus, il faut une formation des enseignants de qualité, avec un CAPES approfondi sur le plan scientifique. Sans compter qu’une grande partie de la formation continue des enseignants est organisée par notre association… La réforme est encore en gestation et nous espérons donc qu’elle va évoluer. Nous allons utiliser tous les moyens à notre disposition pour que ce soit le cas.
Encore l’historie géographie !
Que le programme d’histoire géographie soit modifier… oui si les professeurs d’histoire géographie en sont d’accord.
Mais qu’il y ait ENCORE une demande de rallonge au niveau des heures, non. C’est insupportable pour les autres disciplines.
En TS, ils ont déjà fait le coup. Plutôt que de dédaigner diminuer le contenu bref se serrer la ceinture, ce que font de nombreuses disciplines scientifiques, ils ont eu du toujours plus plutôt que de laisser une rallonge aux disciplines scientifiques. STOP !
Encore une vision disciplinaire et élitiste !
Le 2nd degré ne pourra jamais évoluer avec ces batailles de « pré carré », où chacun vante une vision didactique élitiste et décalée avec la réalité des élèves !Chacun veut plus d’heures pour sa discipline au nom d’un académisme dépassé. Rabaissez vos exigences. Les élèves d’aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux d’il y a 20 ans, encore moins avec ceux d’il y a 40 ans. Il faut faire le deuil de ces époques révolues et accepter d’en faire moins car plus réaliste.
L’approche disciplinaire vantée et invoquée ici n’a plus de sens…dans le monde où l’on vit, les problèmes sont complexes et multi-factoriels, multi-disciplinaires. Arrêtez de sur-cloisonner, de compartimenter les savoirs, c’est ce qui fait que nos élèves sont si mauvais par rapport à d’autres pays…
Quand se posera enfin la question de la Pédagogie ? Halte à cette obsession des savoirs et des contenus ! Posez vous la question de la méthode d’enseignement, de la motivation des élèves, de leurs intérêts, de leur capacité à comprendre et à mémoriser, du travail de groupe, de ce qu’est une tâche complexe, de l’interdisciplinarité (à ne pas confondre avec la pluri displinarité ) …
Aborder le FN dans cet article est prétentieux ou naïf sur les effets « cours d’HG » largement bien en-deçà des problèmes économiques.
TOUTES les disciplines méritent qu’on leur accorde du temps.
D’accord avec « moi », interdisciplinaire n’est pas pluridisciplinaire. Par contre, il y a déjà actuellement beaucoup de thèmes communs entre les disciplines et des efforts de coordination et de mise en perspective sont entrepris. => le niveau actuel des élèves n’est absolument pas lié à ce paramètre.
Mais pourquoi un(e) élève (pas encore un(e) adulte) fournit-il des efforts ? Certainement pas parce qu’il y a deux enseignants dans une salle.
En réponse à scorpio : dans l’interview, même si M. Benoit trouve que 2,5 heures sont « justes », il ne réclame pas plus d’heures mais que ces 2 heures et demi ne soit pas amputées. Pour rappel, lors du précédente réforme, l’ensemble des disciplines ont perdu des heures pour mettre en place un enseignement pluridisciplinaire ou transdisciplinaire (IDD). Lorsque les IDD ont disparu aucune heure n’est venue compensée cette baisse. Par contre, reprocher à une discipline de réclamer un horaire décent pour son enseignement ne fait pas avancer le débat (mais sert bien cette devise : « diviser pour mieux régner »).
En réponse à moi et mouton : en effet, c’est le croisement des thèmes dans les programmes disciplinaires qui constitue un des moteurs de la motivation et de la réflexion de l’élève sur des problèmes complexes. Pour cela, il faudrait une réécriture des programmes cohérente.
Exemple (pour rester sur de la Géo), les thèmatiques de la santé ou des catastrophes naturelles dans le monde sont abodées en 5e en Géographie. Or ces thèmes pourraient être croisés avec d’autres disciplines mais les exemples étudiés (SIDA et séismes) sont étudiés en SVt en 4e et 3e !
Enfin la pédagogique dans son sens premier est la capacité à se mettre au niveau de l’élève pour le faire progresser… Dans cette définition, je ne vois pas le rapport avec la réforme du collège sauf… si on évoque un travail par groupe (et non par classe de 29) qui permettra aux enseignants d’avoir le temps, la possibilité matérielle et le temps, de tenir compte de chaque élève.
Pour répondre à prof :
– Les enseignants d’HG réclament-ils que les heures de TOUTES les disciplines ne soient pas amputées ????
– Demander des horaires décents pour un programme est normal. Mais demander du toujours plus ne l’est pas : bien des disciplines ont de moins en moins de contenu pour être en adéquation avec les heures données.
– Faut-il vraiment être deux pour une classe pour montrer qu’il existe des croisements entre disciplines ? Une synchronisation sur certaines périodes suffit et quelques devoirs communs. C’est du gaspillage d’heures !
– on a bien compris que certains veulent le beurre et l’argent du beurre.
En réponse à « Prof »:
Encore une erreur de prof du second degré que de limiter la pédagogie à une histoire de travail par groupe ou de taille de classe ?
La pédagogie c’est bien plus que ça. La pédagogie ça peut se faire avec des classes de tous niveaux, de tous effectifs, pour l’avoir fait et vu faire dans des classes de plus de 30 élèves avec des multiniveaux, en France et à l’étranger.. avec des élèves de 3 ans ou de 10 ans…
Le seul frein est la volonté ( et la compétence) des professeurs concernés.
Merci pour la conclusion en parenthèse un peu méprisante… 😉
Ne vous inquiétez pas pour ma volonté et mes compétences… Je n’ai jamais dit que la pédagogie se limiter à un nombre d’élèves par classe ou groupe. (Voir la définition donnée au sens littéral du terme).
En attendant, il faudra me prouver (je ne demande que cela comme je ne suis qu’un prof du second degré) qu’une méthode, accroche, approche… pédagogique est aussi efficace pour gérer l’hétérogénité à 29 qu’à 20… Il est vrai qu’en dessous qu’un certain seuil (soit un trop petit nombre d’élèves), l’effet groupe joue en négatif (moins de stimulation, de répondant…).
Allez je troll un peu (mais vous l’avez bien mérité en ayant été un peu méprisant à mon égard) : peut être que les germanistes ou latinistes réussissent mieux (il paraît !) car les groupes sont plus petits alors qu’ils peuvent être à la fois trés hétérogènes ?
Mécaniquement,
30 élèves sur une heure, combien de minutes « personnelles » avec UN élève ?
Environ 1.5 minutes ?
Pour tester les 1/2 groupes (nous divisons une classe en 2 sur un même créneau) tous les 15 jours avec une classe de 6e avec un prof de Lettre classique, en banlieue… en fait des groupes de niveau, des projets, des recherches, des préparations de visites etc. qui sont difficiles à faire en classe entière…
Résultats ? On avance plus vite et on fait plus pour les meilleurs (ceux de la « cité » qui bossent pour s’en sortir par exemple !), on fait mieux progresser les plus faibles.
Même avec la meilleure pédagogie, matériellement, ce n’est pas possible à 30…
Moi méconnaît gravement: l’effet de groupe en banlieue, ce que c’est que d’être vraiment avec un élève pour le guider, le corriger, l’entraîner, l’exhorter etc, et tout simplement être avec 30 élèves qui ne rêvent pas tous d’être là et de travailler ! Qui ne mettent pas devant la porte du collège leurs problèmes personnels…
L’effet bisounours du Moi intérieur.
Depuis longtemps les gouvernances veulent détruire l’école par moult mesures, un peuple inculte et sans connaissance sera soumis aux politiques…il faut que les profs en prennent conscience mais certains dans l’analyse ont le niveau des élèves ….sans lumières réflexive alors….??