Au Québec, un collectif formé d’enseignants (primaire, secondaire), de directeurs d’écoles et de professionnels de l’éducation a publié fin avril un « Manifeste pour une pédagogie renouvelée, active et contemporaine ». Les auteurs de ce texte s’interrogent : « préparons-nous adéquatement nos élèves à faire face au prochain demi-siècle? »
Le manifeste, impulsé par Marc-André Girard, directeur du Collège Beaubois, à Pierrefonds, et auteur d’un livre intitulé « le changement en milieu scolaire québécois », fait d’abord l’état des lieux suivant : « les élèves qui fréquentent l’école primaire ou secondaire sont nés au 21e siècle alors que leurs enseignants sont nés au siècle précédent. »
L’élève « butineur numérique » face au « monopole de l’enseignant »
Alors que la société « s’est transformée » avec le numérique, « les élèves qui passeront au secondaire en septembre 2015 se dirigeront vers des carrières en majorité inexistantes en ce moment ».
Les auteurs du manifeste identifient « 3 grandes fractures entre l’école actuelle et la société ». D’abord, celle de l’élève « butineur numérique » contre « le monopole de l’enseignant ». Ainsi, l’élève « vit dans un monde de surabondance d’informations« , et « l’accès au savoir ne passe plus par le guichet unique qu’est l’enseignant« .
D’où l’importance « de développer un nouvel éventail de compétences informationnelles pour s’y retrouver et transformer ces savoirs en outils ».
Selon le manifeste, l’enseignant doit « quitter son rôle de détenteur des savoirs et guider ses élèves dans l’acquisition et l’appropriation de ceux-ci – en les rendant actifs. »
Une « société technologique » contre une « école déconnectée »
Seconde fracture : l’évaluation « statique » contre le « développement de compétences ». Les enseignants et directeurs québécois constatent que les élèves sont « préparés à réussir des évaluations trop souvent décontextualisées ». Dans un « contexte numérique », l’évaluation devrait, pensent les auteurs du manifeste, « être remaniée » – afin de permettre aux élèves, dans « un univers surchargé d’informations », de « développer leur sens critique et leur discernement ».
Troisième fracture pointée du doigt : « une société technologique » contre « une école… déconnectée ». Le manifeste rappelle que les élèves sont désormais « des natifs du numérique », alors que pour « les professionnels qui les encadrent », elle est « synonyme d’adaptation et de défi d’intégration, parfois presque contre nature ».
« Valoriser la curiosité, la créativité et l’expérimentation »
Le manifeste défend une « pédagogie renouvelée », active et « contemporaine ». L’école devrait d’abord « faciliter le développement des compétences informationnelles » – qui permettent de trouver, d’évaluer et d’utiliser l’information.
L’éducation devrait aussi « valoriser la curiosité, la créativité, l’expérimentation et l’innovation », notamment en « décloisonnant la classe ».
Un exemple de processus « créatif, actif, motivant et ancré dans la réalité » est, selon le manifeste, « l’exploitation à des fins pédagogiques des innombrables applications du Web 2.0, qui incluent des échanges de productions (texte, vidéo, son, image, animation) ».
Intégration des TICE, « défis stimulants » et « responsabilisation » de l’élève
Ceux-ci incitent les professeurs à proposer des « défis scolaires stimulants, amusants et signifiants » – notamment via la ludification de l’apprentissage.
Le manifeste défend aussi l’intégration de « différents outils technologiques » à l’école, qui permettraient « d’établir des réseaux au-delà des murs de la classe ». Enfin, les auteurs de ce document prônent une plus grande « responsabilisation » de l’élève, en lui « déléguant une part de contrôle ».
Pour révolutionner l’école, le manifeste se prononce pour un renforcement des « liens entre la recherche scientifique en éducation et le milieu scolaire », mais aussi pour la mise en place d’une « structure encourageant la formation continue » des enseignants et le « réseautage ».
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