Sujet longtemps ignoré, le harcèlement à l’école a été très médiatisé ces dernières années, des livres de Nora Fraisse et Blanche Martire, au documentaire de France 2, diffusé en février dernier, baptisé “Souffre douleurs, ils se manifestent”.
L’Education Nationale s’est penchée sur ce problème. Elle organise le concours « Mobilisons nous contre le harcèlement à l’école », qui mobilise des milliers d’élèves autour de projets collectifs (création d’affiches, de films). Des formations sont proposées aux enseignants, et les postes de référents harcèlement devraient être multipliés. Mais comment changer les choses à la racine ?
Une « violence ontologique » à transformer
Dans son essai “Harcelé-Harceleur – Une histoire de souffrance et de silence”, qui relaie de nombreux témoignages, Hélène Molière, psychanalyste, analyse la personnalité des harcelés, mais aussi celle des harceleurs. “Il s’agit d’enfants en souffrance. Cela ne les excuse pas, mais il faut garder à l’esprit que ce sont des enfants, qui ont des difficultés avec le permis et l’interdit, qui ont des failles narcissiques profondes et qui vont tout faire parfois pour attirer le regard sur eux”, indiquait-t-elle sur le plateau de France Culture, lors de l’émission “Rue des Ecoles” du 22 avril.
D’après la spécialiste, “c’est une violence ontologique, qui commence très tôt”. Et de citer l’exemple du film “Récréation”, de Claire Simon (1993), où la réalisatrice a posé sa caméra dans une cour de récréation. “C’est là que se jouent les grands drames humains, on se croirait dans du Shakespeare. La violence existe en chacun de nous, il n’est pas question de vouloir l’éradiquer, mais de sans cesse la civiliser, la transformer”, explique Hélène Molière.
Pour la psychanalyste, les enseignants devraient construire des projets avec leurs élèves – sur le modèle d’Anne Anglès et de sa classe de seconde, qui ont remporté le Concours national de la résistance et de la déportation et inspiré le film “Les Héritiers”. Ainsi, “il ne s’agit pas de transmettre uniquement un savoir, mais aussi de mobiliser les jeunes, parmi eux des harceleurs confrontés à un sentiment de honte face à l’échec, autour de projets éducatifs”, note Hélène Molière.
Ethique et climat scolaire
Pour Eric Debarbieux, sociologue de l’éducation et délégué ministériel à la prévention et à la lutte contre les violences à l’école, plutôt que “d’éduquer uniquement à la morale”, les enseignants devraient aussi “éduquer à l’éthique”. Au delà de la formation des équipes pédagogiques, “il faut aussi faire vivre aux élèves les valeurs enseignées, pour créer un meilleur climat scolaire”, explique-t-il au micro de Rue des Ecoles.
Aujourd’hui, “tout le monde a pris conscience de la réalité du harcèlement à l’école. Il faut à présent se mobiliser, au niveau des adultes, mais aussi des élèves”, remarque le sociologue. Le prix « Mobilisons-nous contre le harcèlement« , qu’il préside, est ainsi l’un des moyens permettant de “faire bouger les jeunes”.
Et de conclure : “on peut être un prof ou un parent fantastique, mais le harcèlement existera quand même, parce que ce qui compte pour les enfants et les adolescents, c’est le groupe, le point de vue des copains. C’est aussi à ce niveau qu’il faut agir.”
Dans le cadre du Concours Mobilisons-nous contre le harcèlement, les élèves de 4e et de 3e du Collège Marcel André de Seyne-les-Alpes (Académie de Aix-Marseille), ont reçu le Prix de la « Meilleure Video » pour leur clip musical, intitulé « Mains tendues ».
[warning]L’émission “Rue des Ecoles” du 22 avril est disponible en replay sur France Culture.[/warning]
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