La réforme du collège continue d’être l’objet de vives critiques. D’abord de la part de Berlin, qui déplore la suppression annoncée des classes bilangues, à la rentrée 2016.
L’ambassadrice d’Allemagne, Suzanne Wasum-Rainer, reçue en début de semaine par la ministre de l’Education Nationale, Najat Vallaud Belkacem, n’a pas caché ses craintes concernant une baisse du nombre de collégiens apprenant la langue allemande en France.
“Ce projet de réforme risque d’affaiblir la dynamique de nos accords et projets bilatéraux. Nous craignons des répercussions négatives, tant en termes d’intérêt des élèves en France pour le Diplôme de langue allemande et l’AbiBac que vis-à-vis des jumelages, de l’Université franco-allemande, des échanges scolaires ou des programmes de l’OFAJ, l’Office franco-allemand pour la jeunesse”, explique l’ambassadrice au site LePetitJournal.
Allemand : une lettre ouvert de Jean-Marc Ayrault
“L’enjeu dépasse le cadre pédagogique, il est politique”, note Libération. Ainsi, depuis le traité de l’Elysée (1963), la France et l’Allemagne s’engagent à “prendre des mesures” pour “accroître le nombre d’élèves allemands apprenant la langue française, et réciproquement”. Créées en 2004, les classes bilangues avaient pour objectif de relancer une langue allemande un peu boudée par les élèves français – les collégiens n’étant plus que 6,5% à choisir l’allemand en LV1, et 14,6% en LV2 en 4e.
Dans une lettre ouverte à Najat Vallaud-Belkacem, l’ex-premier ministre Jean-Marc Ayrault, ancien professeur d’allemand, note : “la réforme du collège aura pour conséquence la disparition de nombreuses classes bilangues, qui ont permis à l’allemand de rester la troisième langue vivante enseignée en France”.
De son côté, la ministre défend ce point de la réforme, évoquant “une politique volontariste pour que l’allemand soit appris en langue vivante 1”.
Histoire : « Trop de liberté laissée aux enseignants »
Alors que les professeurs de langues anciennes continuent à s’inquiéter d’une disparition de l’enseignement du latin et du grec, suite au remplacement de ces deux options par un “enseignement pratique interdisciplinaire” (EPI) dérogatoire, d’autres disciplines font entendre leur colère face à la réforme du collège.
Les professeurs d’histoire-géographie critiquent les nouveaux programmes, qui laissent aux enseignants une grande part de liberté, pour éviter un apprentissage jugé trop “encyclopédique”. Ainsi, “certains historiens jugent que les nouveaux programmes du collège laissent trop de liberté aux enseignants, leur permettant de faire l’impasse sur la période des Lumières ou sur l’Empire byzantin”, note Le Figaro.
De son côté, la Conférence des associations de professeurs spécialistes, qui regroupe entre autres l’APHG (Association des Professeurs d’Histoire et de Géographie), l’ANPBSE (Association Nationale des Professeurs de Biotechnologies Santé-Environnement), l’APLettres (Association des Professeurs de Lettres), l’APAP (Association Nationale des Professeurs d’Arts Plastiques), l’APLV (Association des Professeurs de Langues Vivantes), et l’APEG (Association des Professeurs d’Economie-Gestion), a diffusé un communiqué contre la réforme du collège.
Selon ce regroupement d’associations, la réforme portée par le gouvernement menace les langues anciennes et les classes bilangues, mais abandonne aussi “aux arbitrages locaux l’organisation de 20% du volume horaire des enseignants”, tout en “se soldant par la perte d’heures d’enseignement disciplinaire”.
« Vers une logique consumériste renforcée »
“Est-il judicieux d’introduire au collège des EPI quand on sait que le bilan des TPE est très mitigé, car aucun temps n’a été aménagé pour que les professeurs puissent se concerter, et que les itinéraires de découverte ont été progressivement abandonnés ?”, s’interrogent les associations.
En laissant aux établissements “davantage d’initiative dans la détermination des contenus d’enseignement”, le risque serait grand de voir “les enseignements dispensés au collège varier d’un établissement à l’autre, ce qui accentuerait les disparités et creuserait les inégalités”, peut-on lire dans le communiqué.
“Ce projet risque de renforcer la logique consumériste qui s’installe de plus en plus dans les établissements scolaire, en substituant à l’articulation raisonnée de savoirs définis dans le cadre de programmes nationaux une ‘offre’ de thèmes déterminés localement, qui pourront varier d’un semestre à l’autre”, indiquent les associations.
Tout en soulignant qu’elle n’est “nullement hostile” au principe d’interdisciplinarité, la Conférence des associations de professeurs spécialistes craint “une remise en question du principe d’enseignement disciplinaire”, rien ne garantissant par exemple “que l’enseignement des langues anciennes sera dispensé par des professeurs spécialistes”, et la “globalisation des enseignements” risquant “d’accentuer la mise en concurrence des disciplines”.
Comme le précise Le Figaro, les associations d’enseignants spécialistes « craignent un appauvrissement des programmes au profit d’une approche ludique. »
Il convient de rappeler deux choses:
1- Les enseignants vont être une Nième fois consultés. Jamais un gouvernement n’a ouvert le dialogue à ce point. Donc toutes ces remarques pourront être faites. Les programmes sont susceptibles de modifications.
2- S’il vous plait, pas LES enseignants. DES enseignants. Un entretien avec ceux qui défendent la réforme serait un juste équilibre
Merci
Sous couvert de combattre l’élitisme, la ministre veut détruire ce qui marche, les bilangues all-ang, comme le montre les résultats à la certification et les nombreux échanges mis en place avec l’Allemagne. Rappelons ici qu’il n’y pas de sélection à l’entrée en bilangue et que ce dispositif permet simplement à des élèves curieux et motivés d’apprendre en même temps deux langues vivantes, qui de surcroît présente une synergie. Elles remportent un grand succès dans les zones dites défavorisées et permettent aussi de répondre (partiellement) au besoin de la France de disposer de germanistes. Elles permettent enfin et surtout à de nombreux jeunes de découvrir une autre culture puis de trouver un emploi. Est-ce cela qu’il faut combattre ?
Si c’est une consultation comme les précédentes avec questions fermées, ça promet un dialogue productif s’il en est.
Qui plus est, que soit adoptée une réforme défendue par seulement deux syndicats enseignants qui ne représentent que 20% de la profession me paraît d’un équilibre douteux…
Il est à espérer que ce ne soit pas ceux qui crient le plus fort qui auront une rallonge.
Les langues anciennes sont importantes mais il est logique de les associer et donc les coordonner in vivo avec le français.
Ce qui réellement dommageable, c’est de ne pas avoir fléché qui fait quoi. La fluctuation de la répartition horaire entrainera forcement des frustrés et donc une guerre plus ou moins larvée entre certains collègues.
Certaines disciplines ont déjà beaucoup perdu. A chacun son tour de faire des sacrifices.
Madame Vallaud-Belkacem va nous jouer la vieille farce selon laquelle elle serait une ministre courageuse, que personne avant elle n’a autant osé réformer l’école française…
En vérité, elle ne réforme pas : elle met en place une idéologie au pas de course (calendrier scolaire, programmes, zones, nouveau socle, collège…).
Elle ne va rien consulter du tout… C’est encore une parodie de démocratie !
Déjà en conseil supérieur de l’éducation, les organisations syndicales représentant 80% des enseignants ont demandé le retrait de CETTE réforme !
En tournant le dos aux langues anciennes, à l’allemand, à un bon enseignement de sciences… on va plomber encore les élèves !
En accroissant l’autonomie des établissements et en éparpillant les programmes sur des cycles, on augmente encore les inégalités entre élèves et on invente un système impossible à mettre en place: si un élève n’a pas vu une notion en 5ème et en 4ème, il faudra s’il déménage qu’il se renseigne où aller vers sa 3ème pour être de la voir enfin ! C’est absurde !
Dans quelques années, on nous dira qu’on a encore chuté dans les classements internationaux et on s’en prendra encore plus au service public d’éducation…
L’école, tout particulièrement le collège, va mal mais alors là vraiment on va sombrer corps et bien tout en nous faisant croire que l’on veut sauver et en ringardisant ceux attachés au savoir mis à la portée de tous ! C’est énorme pour des gens qui se disent de Gauche !
Les enseignants ont été consultés… C’est vrai, mais il faut voir comment::par un questionnaire en ligne complètement alambiqué tentant d’imposer le principe de l’interdisciplinarité, le socle commun de compétences et la fin des notes. Il serait très intéressant de confronter la réforme aux résultats de la grande consultation d’octobre dernier, je ne suis pas sûr que les enseignants aient demandé ce qui est lancé par la ministre…
On assiste à une nouvelle montée au créneau des conservateurs de tous poils ! Quel dommage pour les enfants les plus fragiles et défavorisés !
Pour eux (souvent les plus décrocheurs), il faut absolument arriver à décloisonner les matières enseignées, en donnant du sens et des contenus plus attrayants et accessibles, avec des enseignements plus transversaux et interdisciplinaires bien structurés…
De grâce, syndicats, inspections et fédérations de parents, cessez de vous accrocher aux pratiques dépassées …Les bons et brillants élèves s’en sortiront toujours. une nouvelle organisation ne les privera en rien d’apprendre et de progresser à leur rythme.
André Batignes
(23 ans enseignant + 15 années de direction de 2 grands lycées)
J’ai développé mes propositions dans un récent ouvrage, intitulé :
» Fini les cancres avec une école pour tous » (Edition EDILIVRE – Paris)
Et donc, supprimer les classes bi-langues, qui donnent justement un sens à l’apprentissage des langues par les échanges (accueil et séjour chez un correspondant) et sont ouvertes à tous les élèves motivés (!) c’est LA solution pour les enfants défavorisés???? selon vous?
Dans mon collège, le coût de ce séjour est moitié moins élevé que les voyages de classe qui sont organisés par mes collègues… et donc financièrement réellement accessible aux familles défavorisées, et ce, grâce aux relations franco-allemandes (train Marseille-Francfort, subventions Office Franco-Allemand…) et la ministre de l’éducation est en train de sabrer les relations bilatérales avec le 1er partenaire économique qui affiche un taux de 4% de chômage pour la jeunesse et offre justement un sens à l’apprentissage de l’allemand pour l’avenir.
En clair les enseignants qui dénoncent la réforme (pas tous et heureusement)avouent qu’ils ne sont pas autonomes,incapables de faire leur propre cours et aussi qu’ils ne veulent surtout pas travailler en équipe…Affligeant !
Bonjour,
1- j’aimerai à l’avenir pouvoir continuer à travailler en interdisciplinarité, mais pas si les échanges avec mes collègues ne peuvent se faire que devant la machine à café ou le soir par mail…. Autrement dit ces enseignants souhaitent juste que la réforme prévoit des moments dédiés aux échanges, afin que l’interdisciplinarité soit réellement un apport.
2- Je conçois tous mes cours moi-même et travaille sans manuel depuis plusieurs années et élabore donc le programme de progression des mes élèves de la 6e à la 3e… avec succès !
Et POURTANT je ne suis pas favorable à cette réforme en l’état, car elle ne tient pas compte de la diversité des langues nécessaire au parcours de chaque enfant dans le respect de sa différence.
On lit que 80 pcent des syndicats siégeant au CSE ont demandé le retrait du projet. As usual est-on tenté de dire…
Mais que doit-on comprendre ?
Que les enseignants seraient les seules personnes légitimes à concevoir un modèle d École (qui de surcroît les satisfasse…) ? Or comme pour toutes les politiques publiques, c’est heureusement à la Nation toute entière de se déterminer à travers ses formes habituelles de représentations démocratiques (Assemblée, associations, usagers, professionnels, instances de consultations…) et non en laissant les groupes de pression faire barrage à l’ intérêt géneral, L’ exercice de la citoyenneté dont on parle beaucoup commence par le respect de ce processus.
C’est ce qu’ on appelle aussi le service public a condition de ne pas en oublier la signification première (i.e. : être au service du public ). Si on trouve ça choquant, il ne faut pas être fonctionnaire et partir travailler en libéral…
Mais il n’ y a aucune raison que l’ on procède différemment au prétexte que les enseignants (ou du moins certains d’ entre eux, sans doute minoritaires de surcroît ) estiment que l’ École est une sorte de chasse gardée.
Pour faire écho aux commentaires précédents :
– les bons voire très bons élèves s’en sortiront toujours. NON ! le collège devient ennuyeux et ne favorise pas les bonnes habitudes de travail qui font défaut à l’entrée du lycée ; certains élèves ne s’en sortiront pas.
– les professeurs qui dénoncent la réforme sont attachés à travailler les fondamentaux, effectivement loin du club med.
=> Lors d’un travail d’équipe, il y en a toujours des personnes qui ne travaillent pas.
– Quant à la consultation, les réponses sont formatées pour favoriser certains attendus.
Amusant comme ceux qui défendent la réforme sont à court d’argument et traitent tout de suite les autres d’immobilistes, conservateurs, etc. Moins d’heures disciplinaires va enfoncer les élèves les plus en difficultés. En IDD et TPE, ceux qui s’en sortent le mieux sont les enfants qui ont déjà le bagage disciplinaire et une famille qui les stimule. On sait très bien que ces joujoux ne marchent pas ! Les pays qui s’en sortent le mieux le font avec des trucs interdisciplinaires ? Ils parlent mieux les langues en les commençant avec 2,5 h par semaine ? Qu’on arrête de se foutre du monde ! Les enfants de ministres et conseillers, ceux qui décident, ne seront pas dans les collèges qui se retrouveront complètement sinistrés et désertés, puisqu’il n’y aura plus de structure valorisante pour garder les familles qui s’inquiètent pour leurs enfants. On casse ce qui marche en langues vivantes, car on sait ce qui marche en langues vivantes : les classes bilangues et les sections européennes. Et le rapport de l’Inspection Générale, que l’on a surtout pas confié à des IG de langues vivantes, dit bien qu’elles favorisent la mixité sociale -sauf pour les euros anglais car il y a une forte demande- mais que les résultats en terme de niveau de langues vivantes sont bien là ! Or on affirme exactement le contraire pour les détruire et mettre un enseignement de LV au rabais, qui va faire disparaître toute langue autre que l’anglais et l’espagnol. Les Chinois disent merci aux démagos qui tuent le service public. Les quelques enseignants qui défendent le projet ici tiennent un discours tellement proche de celui du ministère que je me demande si ce n’est pas l’une de ces personnes payées par le ministère pour inonder la toile de propagande ! Allez, battons-nous pour un bon collège pour tous ! L’arrogance de la ministre montre bien l’importance qu’elle accorde au dialogue, et ce que nous devons donc en attendre. Seul un rapport de force peut faire avancer les choses. On lui doit un incident diplomatique, on ne va pas lui devoir en plus la nullité de notre jeunesse !
Les classes bilangues permettent à tous ceux qui le veulent d’ apprendre 2 LV à raison de 12 heures ( sur les 4 années de collège)/semaine, et même 16h avec la section européenne en 4è et 3è.
Ce que propose la réforme ne peut pas avoir les mêmes résultats, car les élèves n’auraient plus que 7.30h/semaine!!!
Qu’an arrête donc de dire que cela permet d’ouvrir à tous la classe bilangue: la classe bilangue c’est 12 ( voire16) h de langue!!!! c’est ça qui marche et qu’il faut promouvoir!
Ce sont des classes bi-langues qui ont – depuis 2004 – permis à tous les élèves d’apprendre l’allemand, de faire des échanges de courtes et de longues durées. Enlever ces classes c’est priver à un grand nombre d’élèves ce choix. Parler « d’élitisme » est un faux débat derrière lequel ne se cache que des problèmes budgétaires!
La réforme va supprimer l’allemand dans beaucoup de collèges en France puisque ces cours n’existaient qu’en tant que bi-langue. Les élèves de 4e (ou de 5e bientôt) sont des adolescents qui n’ont pas envie de se distinguer par rapport aux camarades qui choisissent presque tous l’espagnol. Donc l’allemand disparaîtra dans de nombreux collèges ce qui est un vrai scandale d’autant plus que la France manque de personnes parlant allemand!
Mélanie Höhne
La suppression des heures de langue vivante, rétablies en LV1, des classes bilangues et des sections euros va dans le sens de l’ECONOMIE ! Ce volet de la réforme est une improvisation quotidienne de la part de la ministre et de ses conseillers.
La deuxième composante de la réforme est l’IDEOLOGIE : que pas une tête ne dépasse ! Supprimer tout ce qui peut – de près ou de loin – ressembler à de l’élitisme. Sauf que les classes bilangues d’aujourd’hui, implantées dans des ZEP et à la campagne, contribuent à faire fonctionner l’ascenseur social. Et que les classes bilangues de demain, pour les élèves dont les parents ont l’intelligence de leur faire apprendre une autre LV1 que l’anglais en primaire, seront de vraies classes d’élite, car concentrées dans de rares établissements de centre-ville (ou frontaliers, mais c’est vraiment un autre débat) et les seules à profiter d’un enseignement de 6 h de langue vivante par semaine pendant 4 ans.
Voilà l’injustice et le manque de clairvoyance.
Sans parler des professeurs d’allemand qui seront sans élèves et qui partageront leur temps sur trois établissement, qui n’auront peut-être plus envie de s’investir dans des échanges …
Sans parler des 515 postes de professeurs d’allemand pour 2016 – c’est le même nombre, voire moins qu’actuellement et cela correspond au renouvellement suite aux départs à la retraite.
Sans parler des parents, la grande majorité des parents, qui voudront de l’anglais pour leurs enfants en primaire, donc pas de postes, donc peu d’élèves qui apprendront l’allemand dès la 6e au collège (cf sup.)
C’est affligeant. Quelques traits de crayon, une volonté de carrière et 50 ans d’amitié franco-allemande volent en éclats ! J’ai honte d’être Française.
Une réforme qui atteindra tout le contraire de ce qu’elle prétend : l’égalité ??? une meilleure performance de tous les élèves ???? non, pas en imposant à tous une diminution d’heures dans de nombreuses matières, au profit de soi-disant cours interdisciplinaires (les EPI) qui ne pourront pas être menés correctement, faute de temps de concertation nécessaires entre les différents collègues, et qui obligeront les enseignants à bâcler les programmes dans les quelques heures imparties. Alors, des heures en plus ? en petits groupes ? oui, bien sur, c’est souhaitable, pour ceux qui le veulent, en plus des horaires standards, sur le volontariat, en option par exemple…