Dix mois de prison avec sursis et une amende de 15.000 euros ont été requis, mardi, contre Jean-Paul Leonardi, 69 ans, de 2002 à 2008 directeur général de l’école de commerce marseillaise Euromed Management jugé pour favoritisme.

Le jugement a été mis en délibéré au 27 mai.

L’ex directeur comparait devant le tribunal correctionnel de Marseille pour favoritisme et prise illégale d’intérêts. Evoquant « un dossier de la proximité, de la facilité », le procureur Ludovic Leclerc a détaillé les marchés de formation professionnelle, de fournitures et de services passés sans aucune mise en concurrence. Jean-Paul Leonardi avait ainsi fait appel à un ami, Franck Dompietrini, gérant d’une société de conseil. « On a mis les objectifs avant certaines règles, on a estimé que la fin justifiait les moyens », a souligné le procureur qui a pointé « les habillages comptables, l’utilisation d’associations à d’autres fins que leur objet ».

Jean-Paul Leonardi invoque sa méconnaissance du code des marchés publics mais, estime M. Leclerc, « les éléments fourmillent pour démonter qu’on avait conscience que le code des marchés publics s’appliquait bien aux commandes d’Euromed Management. On trouve notamment des consultations juridiques pour contourner les textes ».

Une peine de six mois de prison et une amende de 10.000 euros ont été réclamés à l’encontre de Franck Dompietrini pour recel de favoritisme. Bénéficiaire d’un marché portant sur 7.200 clés USB commandées par l’association des diplômés d’Euromed – subventionnée par l’école d’un montant égal.

Lucas Leonardi s’est dit « instrumentalisé pour licencier [son] père ». Cinq mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende ont été réclamés contre lui. Le procureur a invité le tribunal à « tenir compte des avantages financiers retirés par les prévenus » mais également « du fonctionnement atypique de la chambre de commerce et de ses contrôles ».

Défenseur de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille Provence, Me José Allegrini a réclamé 370.000 euros de dommages et intérêts, évoquant « un sentiment de gâchis ». « Jean-Paul Leonardi a pris cette école dans l’état que l’on sait, il l’a dynamisée et l’a fait monter en quelques années dans le Top 10 des écoles de commerce françaises, a rappelé l’avocat. Mais il fallait éviter ces péripéties ».

De son côté, la défense a plaidé une relaxe générale estimant que Jean-Paul Leonardi était la victime d’un règlement de comptes de la part de son employeur. « Son école donne un rayonnement à la chambre de commerce. Jean-Paul Leonardi accapare la lumière. Il y a eu un combat de coqs au sein de l’institution », selon Me Marc Bellanger.

« On ne veut pas lui payer ce qui lui est dû, une indemnité de 600.000 euros, alors au motif de certains manquements formels à des règles dont il n’avait pas la charge de respecter, on se débarrasse à bon compte de lui en portant une atteinte irréversible à sa réputation », a plaidé Me Roger Doumit.

Selon la défense, les manquements au code des marchés publics sont à imputer à la chambre de commerce. « Ses services ont homologué tous les contrats, toutes les demandes de paiement. Ils auraient laissé faire pendant quatre ans, n’auraient rien vu ? », a-t-elle ainsi contre-attaqué.