(CC/TouN)

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Les magistrats de la Cour des comptes ont mis en avant les nombreuses défaillances du dispositif de formation continue des enseignants dans un rapport adressé fin janvier à la ministre de l’Éducation et publié mardi 14 avril.

Plus d’un milliard d’euros en 2012

Lors de la dernière année scolaire, les enseignants français ont disposé de 730.000 journées de formation dans le premier degré et de 970.000 dans le second degré, soit 3 jours et demi de formation par professeur, contre huit jours par an en moyenne dans les pays de l’OCDE.

En 2012, l’État a alloué un peu plus d’un milliard d’euros au financement de la formation continue des enseignants, selon les estimations de la Cour des comptes. Cette dernière souligne ainsi dans son rapport que l’Education nationale dispose de « moyens suffisants » mais « mal mis en valeur et peu pilotés ».

Les recommandations de la Cour des comptes

Au-delà des chiffres, «les enquêtes conduites par les organisations internationales comme par les organisations syndicales révèlent un scepticisme, très majoritaire parmi les enseignants, sur l’aide que leur apportent ces formations dans leur travail quotidien», souligne la Cour.

Les magistrats recommandent ainsi d’«améliorer le suivi statistique et individuel» des enseignants et d’établir « un lien plus étroit entre le parcours de formation des enseignants » et les postes où ils sont affectés. Il faudra aussi «veiller à ce que l’offre de formation continue des Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE)», créées à la rentrée 2013, «soit effective».

Autre point noir : les retards dans le remboursement des frais de transport, d’hébergement et de restauration occasionnés par la formation continue. La Cour des comptes demande donc à l’institution de «respecter la réglementation en vigueur sur les frais de déplacement des enseignants participant à la formation continue, en dégageant si nécessaire les crédits par redéploiement». Cette situation «place les rectorats dans une situation de forte insécurité juridique».

Formation continue : « le grand mystère de la politique éducative »

Du côté des syndicats d’enseignants, et principalement du SNUipp-FSU, «il y a urgence » à développer la formation continue. « C’est ce qui permet aux enseignants de réactualiser leurs connaissances sur les apprentissages des élèves, de faire évoluer les pratiques professionnelles, de travailler autrement », indique le premier syndicat du primaire. «La formation continue reste bien le grand mystère de la politique éducative actuelle : le ministère en parle beaucoup, les enseignants ne voient rien venir. Comment, dans n’importe quel métier aujourd’hui, oserait-on faire croire à une refondation sans formation continue ? C’est pourtant le tour de passe-passe auquel nous assistons depuis plus de deux ans».

L’offre de formation continue tient davantage compte des injonctions de la rue de Grenelle que des besoins des enseignants, insiste-t-on enfin du côté du SNCL-FAEN.