© Petro Feketa - Fotolia.com

© Petro Feketa – Fotolia.com

Les nouveaux projets de programmes pour l’école élémentaire et le collège, élaborés par le Conseil Supérieur des Programmes (CSP) et dévoilés par le gouvernement, vont-ils chambouler l’école et le collège ?

Suivant l’exemple des pays du nord de l’Europe, les programmes par année et par discipline cèdent la place à 3 cycles de 3 ans – du CP au CE2, du CM1 à la 6e, et de la 5e à la 3e.

« Repères de progressivité » et plus grande autonomie

Comme en Finlande ou au Royaume-Uni, les nouveaux programmes reposent sur l’interdisciplinarité et la notion de compétences. Plutôt que de mettre en avant les matières, l’accent est mis sur des objectifs à atteindre, par des professeurs plus autonomes.

Les projets de programmes laissent ainsi les enseignants “apprécier comment atteindre au mieux les objectifs, en fonction des situations réelles qu’ils rencontrent dans l’exercice quotidien de leur profession”. Ils pourront se reposer sur des “grandes lignes” à franchir et sur des “niveaux de maîtrise” attendus – avec des “repères de progressivité”, fixés chaque année, car “les compétences se construisent très progressivement au cours du cycle”.

La maitrise des langages et de la langue française au cycle 2

EcoleDu CP au CE2, la priorité est “la maîtrise des langages, et notamment de la langue française”. En anglais, l’oral est privilégié au CP et en CE1 (“savoir se présenter”, “connaître quelques mots”). L’écrit “concerne surtout le CE2”.

En ce qui concerne l’histoire-géographie, il s’agit de “questionner le monde” et de “se repérer dans l’espace”. Au CP, “on se centre sur l’espace et le temps vécus de l’enfant”. En CE1, “on aborde les premières temporalités et espaces plus lointains”.

En mathématiques, les élèves de CP “commencent à résoudre des problèmes additifs et soustractifs”. En CE1 et en CE2, “s’y ajoutent des problèmes multiplicatifs”, ou “plus complexes”.

Cycle 3 : l’interdisciplinarité à l’honneur

collège

Collège / Fotolia

Du CM1 à la 6e, un nouveau cycle 3 permet “une meilleure transition” entre l’école primaire et le collège, indique le CSP. L’objectif : “consolider les apprentissages fondamentaux”.

En français, du CM1 à la 6e, l’accent est mis à l’oral sur des “croisements interdisciplinaires”. Ainsi, le français peut-il être “mis en relation” avec la “langue étrangère ou régionale apprise”, les mathématiques ou l’éducation musicale.

En langues vivantes, l’interdisciplinarité est aussi possible. Par exemple, la littérature orale (contes, légendes, chansons) peut être utilisée pour “familiariser les élèves avec le récit”.

En histoire, la chronologie fait son retour : le programme du cycle 3 se recentre sur des “moments historiques” visant à “construire des repères communs”. En CM1, l’élève étudiera “la France d’avant la France” puis “le temps des rois”.

En CM2, seront analysés la IIIe République, « l’âge industriel », les deux guerres mondiales et la construction de l’Union Européenne. En 6e, la préhistoire précède l’histoire antique – avec une place accordée au “fait religieux”.

Enseignant

Enseignant © apops — Fotolia.com

En mathématiques, « 6 compétences majeures » continuent à être développées : « chercher, modéliser, représenter, calculer, raisonner, communiquer », à travers la résolution de problèmes, des activités de géométrie et l’introduction d’outils numériques (logiciels de calcul et de géométrie dynamique).

Langues vivantes : la « découverte culturelle », « visée majeure » du cycle 4

De la 5e à la 3e, le dernier cycle est axé sur “la citoyenneté”, « les compétences », et le “projet d’orientation” que l’élève doit construire. En français, le CSP insiste sur la nécessité de “travailler intensément l’oral et l’écriture comme entrées majeures pour mobiliser lecture et ressources de la langue”, grâce à des travaux de groupes ou des débats.

En langues vivantes et régionales, le cycle 4 va au delà de la compréhension et de l’expression, pour faire de “la découverte culturelle” une « visée majeure ». De la 5e à la 3e, l’élève apprendra les “codes socio-culturels”, ou explorera le “patrimoine historique et architectural” des pays dont il apprend la langue.

En histoire, le programme propose de “connaître le passé pour comprendre le monde actuel”. Enfin, en mathématiques, “une place importante sera accordée à la résolution de problèmes, liés à des situations issues de la vie courante ou d’autres disciplines”, indique le CSP. L’objectif du cycle 4 étant “la formation au raisonnement”.

Le CSP souligne en outre la nécessité de « créer un climat de confiance » dans lequel l’élève « peut questionner sans crainte et où disparaît la peur de mal faire ». Dans ces textes, se lit “la volonté de ne pas diviser”, en “donnant des gages aux partisans de méthodes dites traditionnelles − exercices répétés, par cœur −, autant qu’à ceux enclins à défendre l’école du plaisir, de la bienveillance”, remarque Le Monde.

Ces nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée 2016, pour la première année de chaque cycle. D’ici là, ils sont susceptibles d’être amendés, en fonction des avis et des propositions des enseignants.