Signatures d’autographes, selfies avec les adolescents, des mots simples pour donner la mesure de l’enjeu: la ministre de la justice, Christiane Taubira, s’est montrée très pédagogue jeudi à saint-Nazaire dans un collège qui a reçu le label « école sans racisme ».

Au cours d’une rencontre de plus d’une heure et demie avec une centaine d’élèves du collège Jean-Moulin où elle avait été accueillie par des gospels interprétés par la chorale de l’établissement, la Garde des Sceaux a répondu aux questions des élèves et souligné l’importance du « vivre ensemble » et des règles nécessaires à son fonctionnement.

Tour à tour interrogée sur: « pourquoi avez-vous choisi d’être ministre? », « pensez-vous que le racisme peut disparaître? », « est-il difficile d’être ministre pour une femme? » ou encore sur les obstacles rencontrés lors de la loi sur pour le mariage pour tous, Mme Taubira s’est faite historienne, en particulier sur l’esclavage, elle qui est née Guyane, mais aussi professeur d’éducation civique.

A propos du débat sur le mariage pour tous, très virulent, au cours duquel elle fut elle-même l’objet d’injures racistes, elle a notamment déclaré: « J’ai évité de stigmatiser les personnes qui s’y opposaient (…) J’estimais qu’il fallait prendre des précautions, entendre les objections des uns et des autres et y répondre ».

« C’est un acte de justice et d’égalité, c’est ce qui compte pour moi. Tout le reste, y compris les injures, ne compte pas, ce sont des péripéties. Ça a révélé des choses très tristes », a-t-elle ajouté.

« Ça fait deux ans que des mariages sont célébrés. Le ciel n’est pas tombé, la terre a continué à tourner et la vie va. Il ne s’est rien passé d’autre que joie et bonheur », a-t-elle assuré.

Invitant les collégiens à s’engager dans cette lutte contre le racisme et tous les préjugés, la ministre de la Justice a glissé en conclusion quelques mots d’Aimé Césaire, extraits du « Cahier d’un retour au pays natal »: « Et surtout, mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle ».