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Le ministère de l’Education nationale a présenté jeudi 2 avril son projet de calendrier scolaire jusqu’en 2018. La rentrée 2015 aura lieu le 31 août pour les enseignants et le mardi 1er septembre pour les élèves. Mêmes dates en 2016/2017. En revanche, pour l’année scolaire 2017/2018, les quelque 800.000 enseignants reprendront le chemin de l’école le vendredi 1er septembre et les élèves le lundi 4 septembre.
Une réponse pour le secteur touristique
L’un des objectifs de ce projet est de « se rapprocher le plus possible du rythme d’alternance sept semaines de classe/deux de vacances », considéré comme le meilleur pour les élèves, a souligné ce jeudi le ministère.
Cette décision répond aussi aux pressions du secteur touristique des zones de montagne qui jugeait trop tardives les dates de congés de printemps. Ces vacances ont ainsi été avancées d’une semaine en 2015/16 et 2016/17.
Le calendrier scolaire prévoit également le pont de l’Ascension pour 2015/16 et 2016/17 : le vendredi et le samedi suivant le jeudi de l’Ascension seront libres. Ce ne sera pas le cas en 2017/2018 à cause de la présence dans la même semaine de deux jours fériés (les 8 et 10 mai).
Redécoupage des trois zones
Dans le cadre de la réforme territoriale, la création de nouvelles régions a rendu nécessaire le redécoupage des trois zones, A, B et C, pour les vacances d’hiver et de printemps. Ainsi avec la nouvelle carte, toutes les académies d’une même région auront les mêmes dates de congés.
La zone A comprendra les académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon et Poitiers.
Les académies d’Aix-Marseille, Amiens, Caen, Lille, Nancy-Metz, Nantes, Nice, Orléans-Tours, Reims, Rennes, Rouen et Strasbourg sont regroupées dans la zone B.
La zone C regroupe Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse et Versailles.
Pour la Corse, la rentrée reste fixée au 3 septembre.
Enfin, ce projet de modification du calendrier scolaire n’est pas encore définitif. Il doit être soumis le 10 avril prochain au Conseil supérieur de l’éducation, dont l’avis n’est cependant que consultatif.
Ce calendrier est encore une belle couleuvre à avaler après le décret Hamon sur les rythmes scolaires. Il est révélateur d’un manque de volonté politique de l’Education nationale : le ministère préfère se plier aux exigences des intérêts particuliers pour surtout ne pas décevoir la clientèle ! Qui sont les perdants dans tout cela ? Les élèves (que l’on prétend mettre au »centre » du système).
Comme enseignant en primaire, je suis à nouveau en colère devant un tel reniement de l’intérêt général qu’on essaie d’inculquer à nos élèves !
Ce calendrier montre que les intérêts particuliers prennent le pas sur l’intérêt général des élèves :
1/ intérêt du lobby touristique : maintien des zonestouristiques à trois zones et avancée d’une semaine des vacancesd’avril. On va donc encore avoir un calendrier avec des périodes déséquilibrées de 5 semaines en janvier-févier puis 11 semaines en avril-mai-juin. Le ministère se rend-il compte de l’épuisement des élèves avec des périodes de 11 semaines. La proposition raisonnable du SNUIPP/FCPE/PEEP de passer à deux zones pour limiter ce déséquilibre n’était pas insensée. Devons-nousrappeler que 1 enfant sur 10 part en vacances de ski tous les deux ans ?
2/ intérêts des soi-disant représentants des enseignants qui ont poussé la ministre à supprimer la journée de pré-rentrée jugée « inutile » (on croit rêver). Il y a même le SNALC pour qui le fait de « Reprendre le travail en août est pour les collègues psychologiquement inacceptable ! ». On croit rêver. On nous fait passer pour qui ? Comment voulez-vous que les gens aient du respect à notre égard en entendant ce genre d’arguments ? Les syndicats ignorent-ils que l’on découvre et prépare notre classe avant le 01/09? Ignorent-ils que le métier d’enseignant est un métier d’anticipation? Préparer les outils de classe, les progressions, les projets d’année,les emplois du temps (échanges de services) avec les collègues de cycle …tout cela ne peut se faire sans journées de pré-rentrée. La réalité, c’est qu’on se voit avec les collègues et on travaille dans nos classes une bonne semaine avant…(en plus de nos journées de prérentrée) …..non, on ne chôme pas au mois d’août ! Enfin, devons-nous rappeler qu’avant la réforme de 2008, certains départements étaient à 4 jours avec une rentrée la dernière semaine d’août. Et oui, la barre psychologique avait été franchie et personne n’avait rien dit !!!!
Bref, tout cela montre bien la déconnexion du politique avec les réalités du terrain. Cela alimente le discrédit de la politique… et après, on se demandera pourquoi les gens se tournent vers les partis extrémistes ?