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« En devenant prof, je serai vraiment utile »
Elise, 26 ans, en Master 1 MEEF 1er degré
« Je suis en reconversion pour devenir professeur des écoles. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur, j’ai travaillé deux ans dans l’agroalimentaire, dans une agence de marketing puis comme commerciale au sein d’une multinationale. Je me suis rendue compte que travailler derrière un ordinateur toute la journée, avec la pression des chiffres, ce n’était pas pour moi. Adolescente, j’ai été animatrice dans des centres de vacances et j’ai envie de travailler de nouveau avec les enfants. Le métier d’enseignant m’attire aussi pour la qualité de vie, les horaires stables qui permettent d’envisager de construire une vie de famille. L’aspect créatif, avec la possibilité d’organiser des activités variées et ludiques au primaire, est un autre critère de choix. J’ai le sentiment qu’en devenant prof, je serai vraiment utile. La rémunération et les avantages (CE, chèques vacances, primes…) seront moins intéressants que dans le privé mais je n’aurai pas de chef tous les jours sur mon dos. En revanche, je redoute les profs « profiteurs » de congés maladies et ceux qui se plaignent tout le temps de leurs horaires de travail soi-disant énormes, sans jamais avoir connu le privé et les semaines à rallonge, avec en tout et pour tout 5 semaines de vacances. »
« Enseignant, le plus beau métier du monde »
Jordan, 24 ans, Master 1 MEEF 2nd degré, parcours économie gestion
« Avant ma reprise d’études, j’ai travaillé cinq ans en tant qu’employé de banque. Ce parcours était stratégique pour accéder à des études supérieures et à un métier plus épanouissant. Devenir enseignant est une vocation. J’ai conservé de forts liens d’amitié avec plusieurs de mes anciens enseignants du collège et lycée. Cela m’a permis d’avoir une vision précise de la réalité du métier, avec les bons et les mauvais côtés. Ce qui me motive le plus c’est d’accompagner les élèves dans leurs parcours, les aider à devenir ce qu’ils veulent être. Ce que je redoute un peu, c’est la lourdeur administrative du statut de fonctionnaire. Mais quelles que soient les difficultés, notamment d’accès à la profession, il suffit de se retrouver face à une classe pour comprendre que le métier d’enseignant est le plus beau du monde. »
« Transmettre ma passion pour l’allemand »
Claire, 31 ans, Master 1 MEEF 2nd degré, allemand
« Après avoir occupé plusieurs emplois en entreprises et associations pendant 7 ans, j’aspire à une situation stable. Comme j’aime beaucoup l’allemand depuis toujours, je souhaite tout naturellement transmettre ma passion pour cette langue. Mon master d’allemand m’a permis d’exercer comme professeure remplaçante en collège-lycée pendant un an, et de vérifier mon désir d’enseigner. J’ai été très surprise de découvrir la masse de travail à fournir. Beaucoup de gens ont une image erronée des enseignants, qu’ils considèrent comme des fainéants qui ne travaillent que 18h par semaine, soit le temps de présence devant les élèves. La réalité est très différente : ces 18h ne sont qu’une petite partie du travail de professeur ! Enseigner correspond à ma personnalité mais je crois surtout qu’aujourd’hui, il faut avoir la foi pour enseigner. »
« J’ai rencontré des enseignants épanouis et motivés »
Marion, 27 ans, Master 1 MEEF 2nd degré, histoire-géographie
« A la fin de mon master de géographie, je me suis retrouvée en recherche d’emploi. J’ai postulé pour devenir enseignante vacataire et j’ai eu l’opportunité l’an dernier de remplacer une prof en congé maternité dans un lycée professionnel. C’était difficile car je n’avais reçu aucune formation. J’ai eu du mal à organiser une progression de mes cours et à savoir comment réagir face aux élèves. Mais le métier m’a beaucoup plu ! J’ai rencontré des enseignants épanouis et motivés. Les échanges et les questions des élèves sont très stimulants. La seule chose qui me ferait encore hésiter, c’est la mobilité non choisie en début de carrière. Moins parce que je pourrais me retrouver dans un établissement difficile, car j’ai de l’énergie à revendre et les équipes pédagogiques y sont souvent très soudées, mais parce que cela m’éloignerait de mes proches. La crainte d’être un jour lassée par la correction des copies, de ne plus avoir de week-end, ni de vacances… Autant de questions que je me pose mais qui sont vite éclipsées par mon envie d’enseigner ! »
Elise va bientôt savoir ce qu’est une semaine à rallonge(avec dimanche travaillé compris) et la joie immense que vont lui procurer parents d’élèves et élèves ! Je rigole déjà… Je lui souhaite beaucoup de repos et peu de stress !
Tout à fait d’accord ! On voit qu’Elise n’a AUCUNE idée du métier vers lequel elle se dirige, elle risque d’avoir de grosses désillusions.
En revanche, Claire et Marion ont bien compris certains des points négatifs du métier d’enseignant. C’est là toute la différence, elles ont déjà enseigné contrairement à Elise et Jordan qui voient encore le métier d’enseignant comme étant fantastique.
Je suis fille d’enseignant Normalien et je peux vous dire que les heures d’un enseignant sont loin d’atteindre celles que j’effectue dans le monde de l’industrie ou performance et résultat sont sans cesse exigés. La pression de la hiérarchie, les petits nouveaux qui mirent votre poste. Pas de répi…….il est 20h…je rentre du boulot sachant. que je suis parti ce matin à 7h….alors n’allez pas me faire pleurer, par pitié….
Comme Flo, je souhaite bon courage à Elise. Moi aussi, quand j’étais surveillante, je sous-estimais le travail des profs. Quand j’ai été en vacances de profs pour la première fois, j’ai compris pourquoi les périodes de cours étaient si courtes, tant pour nous que pour les élèves. Quant aux questions, Marion n’a pas fini de s’en poser. La lassitude, on l’éprouve tout le temps, celle des tonnes de copies qu’on n’arrive plus à corriger, celle des élèves qu’on trouve bruyants et impolis, celle des parents qui ne signent pas les mots ou ne répondent pas au téléphone, celle d’une administration qui ne travaille pas pour le bien-être des élèves… Oui on se lasse, on déprime un peu, on se fâche des efforts qu’on trouve insuffisants… Et un jour, les moyennes augmentent sans que l’on s’en soit rendu compte, les élèves vous disent que vous leur avez manqué après une absence, des élèves vous remercient et un élève vous dit que vous faites bien votre métier. Et là, vous avez envie de faire mille et un projets. ça vous revigore pour dix nouvelles années. Bienvenue à ces nouveaux collègues.
Ce qu’on voit en lisant ces quelques témoignages, c’est que TOUS ces futurs profs, sans aucune exception, sont déjà titulaires d’un master (ou équivalent) lorsqu’ils s’inscrivent à l’ESPE. Comme je l’ai toujours affirmé, le concours se passe donc à Bac+6 minimum. Autrement dit, le projet initial des ESPE ne marche pas. Les malheureux néo-licenciés qui croient à la propagande des ESPE et s’inscrivent directement en M1 d’enseignement n’ont aucune chance : ils sont défiitivement cuits puisque reprendre de vraies études après 2, 3 ou 4 échecs consécutifs dans un « master d’enseignement » ne permettant pas d’enseigner est une gageure. C’est cela qu’il faut dire et répéter à tous les étudiants de licence. Faites de vraies études universitaires – lesquelles commencent désormais en « master recherche » comme c’est depuis toujours le cas aux Etats-Unis. Et une fois que vous aurez un diplôme universitaire, si vous tenez vraiment à exercer ce métier, inscrivez-vous en ESPE – s’ils existent toujours quand la droite reviendra au pouvoir.
Il faut relire le témoignage de Jordan… 😉 et cela reste au concours, autant ouvert aux néo-licenciés qu’à tous ceux qui souhaitent s’y confronter
Pedro,
je suis en M1 à l’ESPE, et je suis la seule de ma promo à avoir déjà un master. Tous les autres sortent de licence. Il me semble difficile de faire une généralité absolue à partir de 4 témoignages.
Bonne journée à vous,
Claire
Après une carrière en entreprise privée, j’ai réorienté ma vie professionnelle vers l’enseignement.
Je peux conseiller en premier lieu d’avoir une très bonne santé, physique et mentale. Un environnement familial qui vous soutienne, un trajet limité, une occupation de loisirs qui puisse vous détendre.
Le seul avantage, au delà du statut de fonctionnaire titulaire, en comparaison avec le privé, reste celui des chèques vacances (site ANCV fonction publique). Mais le grand manque est la médecine du travail, réellement inexistante. Les vacances n’étant au final pas rémunérées, le salaire est médiocre. Le temps et l’énergie nécessaires à la prestation en classe devant les élèves sont sans commune mesure avec l’exercice d’un temps plein en entreprise.
Avec un peu de chance, le candidat rencontrera une personne apte à lui dire s’il est capable d’exercer ce métier. Mais souvent la hiérarchie préfère critiquer avec cruauté plutôt que conseiller.
Je me permets de vous corriger sur un point : les vacances sont rémunérées, c’est une idée fausse qui circule depuis bien longtemps que de croire qu’elles ne le sont pas. Je ne parviens pas à mettre de liens mais en tapant « vacances enseignants non rémunérées » dans un moteur de recherche, vous verrez que je ne dis pas d’anêrie.
Comme vous êtes pathétiques… tous aussi aigris les uns que les autres ! mais qui a le courage de vous confier des enfants ? Vous savez, la reconversion professionnelle s’adresse aussi à vous !