La décision du maire UMP de Chalon-sur-Saône, Gilles Platret, de supprimer le menu de substitution dans les cantines scolaires, au nom du « principe de laïcité », a été condamnée mardi jusqu’au gouvernement.
« Évidemment que je condamne et que je regrette cette décision (…) pour une raison très simple, au fond il s’agit de prendre en otage les enfants », a estimé la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
M. Platret a annoncé lundi la suppression à la rentrée prochaine du menu de substitution au porc dans les cantines de la ville, en place depuis 31 ans. Selon lui, « il est indispensable de revenir à une pratique exigeante du vivre ensemble » et « l’offre de restauration ne peut pas prendre en compte des considérations religieuses ».
Rappelant que le Parlement avait récemment adopté « un droit à la cantine pour tous », Mme Vallaud-Belkacem estime que « supprimer la possibilité d’avoir un menu non confessionnel est une façon en réalité d’interdire l’accès à la cantine à beaucoup d’enfants », ce qu’elle juge « terrible ».
« Il y a un certain discernement qui était de mise jusqu’à présent chez les élus locaux. La loi ne les oblige à rien. Simplement notre intérêt à tous est de veiller à ce que les enfants mangent (…) Lorsque la collectivité ne leur offre pas cette cantine, ce sont des enfants qui reviennent en cours le ventre vide », a-t-elle insisté.
La députée PS de Saône-et-Loire Cécile Untermaier s’est dite « consternée et inquiète que de telles actions puissent être portées par des autorités municipales auxquelles il revient normalement de tout faire pour le +bien vivre ensemble+ ».
Son collègue Philippe Baumel a fustigé « un nouveau coup porté aux valeurs de notre République ». « Les Chalonnais méritaient mieux que cette manifestation d’intolérance aux relents de provocation, qui procède d’une lecture au premier degré et pour le moins déviante du concept de laïcité. » Pour lui, « on ne peut qu’y voir la manifestation d’une UMP tétanisée par la montée du Front national, notamment à Chalon ».
Du côté des parents d’élèves, Eric Violette, président de la FCPE de Saône-et-Loire, a évoqué une position qui « choque »: « pour nous, la laïcité, c’est le respect de l’autre. Or, la décision du maire est une position de laïcard ». Selon lui, il n’y a « aucun problème sur les cantines » à Chalon. « Du porc est servi une à deux fois par mois donc on aurait pu trouver une solution », a-t-il ajouté, précisant que le menu de substitution « ne coûte pas plus cher à la collectivité ».
L’Observatoire de la laïcité a de son côté souligné que « si aucune obligation ne contraint la commune dans le cadre d’un service facultatif, (…) la laïcité ne saurait être invoquée pour refuser la diversité de menus ».
Il rappelle aussi que « les cantines scolaires proposent généralement une diversité de menus, avec ou sans viande ». « Cette offre de choix ne répond pas à des prescriptions religieuses mais à la possibilité pour chacun de manger ou non de la viande tout en empêchant la stigmatisation d’élèves selon leurs convictions personnelles ».
Avant Chalon, des décisions similaires ont été prises à Sargé-lès-Le Mans (Sarthe) en décembre 2014 et à Arveyres (Gironde) en mars 2013.
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