Gilles Clavreul

Gilles Clavreul

Quels sont les objectifs de la semaine de mobilisation de la communauté éducative contre le racisme et l’antisémitisme ?

 

Depuis 1966, le 21 mars est une journée internationale de lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Depuis quelques années, les initiatives avaient tendance à s’effilocher. Nous voulions donc réinstaurer un temps fort national autour de ces questions, dans le cadre de la Grande Cause nationale 2015. Ainsi, des actions de sensibilisation se dérouleront dans un grand nombre d’établissements scolaires, à l’initiative des équipes pédagogiques. Les formes de ces actions peuvent être très variées : débats, expositions, sorties… Les partenaires de l’Ecole, notamment associatifs, sont également très mobilisés pour intervenir dans les classes, y débattre de diversité, de respect des différences, de l’amitié entre les peuples et éveiller les consciences face aux dangers du relativisme, de la rumeur, de l’obscurantisme, des théories du complot. Cela peut aussi être une occasion de valoriser le travail fait, au cours de l’année, sur la Shoah et l’histoire des génocides…

 

Quelles sont les mesures de la Dilcra pour faire progresser la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ?

 

Nous vivons une période très trouble en France. Au-delà des attentats de Charlie Hebdo, les pensées radicales et l’extrême droite gagnent du terrain, et l’antisémitisme ressurgit de façon dramatique. La volonté du Président de la République et du Premier ministre est de passer la vitesse supérieure : pour cette raison, la Dilcra, en coordination avec les ministères les plus concernés, s’est attelée à rédiger un plan pour lutter contre le racisme et l’antisémitisme qui sera rendu public sous peu. Il est trop tôt pour en dévoiler le contenu précis mais il s’agit de mettre en œuvre des actions concrètes, autour de plusieurs priorités : l’éducation, la mobilisation, la sanction, la protection des victimes et la régulation d’Internet. Tout le monde doit se sentir concerné. Le racisme ne doit pas être considéré comme une question marginale mais tel qu’il est : un délit.

 

Les enseignants sont-ils bien « outillés » pour mener des actions éducatives adaptées et gérer les manifestations d’antisémitisme et de racisme dans leurs classes ?

 

Ils sont confrontés régulièrement à des incidents et à des situations difficiles à gérer. Leur rôle est important et compliqué, car il leur faut assurer les enseignements disciplinaires et, aussi, expliquer ce qu’est la laïcité, pourquoi Dieudonné et Charlie ce n’est pas la même chose, apprendre aux élèves à développer un regard critique pour ne pas prendre pour argent comptant ce qui est écrit sur Internet et les réseaux sociaux. J’observe que les enseignants sont en demande d’outils pédagogiques, en plus des ressources existantes. Nous allons contribuer à les étoffer pour expliquer, par exemple, comment se construit l’antisémitisme.

 

Comment limiter la multiplication des propos racistes et injurieux sur le web et les réseaux sociaux ?

 

D’abord, il faut faire connaître les outils tels que Pharos, la Plateforme d’Harmonisation, d’Analyse, de Recoupement et d’Orientation des Signalements qui permet de signaler les comportements illicites sur internet. La vigilance de chacun est essentielle. Evidemment, des mesures seront présentées pour chasser les contenus à caractère raciste ou antisémite. La question de la responsabilité des plateformes reste posée : des dispositifs de signalement explicites sont nécessaires. Aujourd’hui, cela existe mais de façon incomplète et très inégale selon les sites. Et puis, il faut poursuivre les auteurs de propos racistes ou antisémites. Enfin, l’éducation aux médias et à l’usage des réseaux sociaux est essentielle. La réponse judiciaire n’est pas suffisante aujourd’hui.