Le gouvernement est « très attaché » à l’unité de l’université des Antilles (UA), a affirmé mercredi Najat Vallaud-Belkacem, alors que les pôles martiniquais et guadeloupéen de la nouvelle entité sont à couteaux tirés.

La ministre de l’Education répondait à Jean-Philippe Nilor, député du Mouvement indépendantiste de Martinique, (MIM, siégeant avec le groupe GDR) lors des questions au gouvernement.

M. Nilor s’inquiétait d’un possible « démantèlement » de l’UA, qui a déjà perdu son pôle guyanais devenu université de plein exercice au 1er janvier 2015. Cette scission avait été validée par le gouvernement Ayrault après une forte mobilisation locale à la rentrée 2013 pour dénoncer le statut d’éternel parent pauvre de ce qui fut l’université Antilles-Guyane.

L’organisation des deux pôles restants a fait l’objet d’une ordonnance en juillet 2014 qui « réaffirme l’unité de l’université des Antilles; et comme vous, le gouvernement est très attaché à cette unité », a répondu la ministre.

Cette ordonnance « affirme trois principes fort: parité des pôles, large autonomie de chaque pôle, alternance de la présidence de l’université », a dit la ministre. Les trois derniers présidents de l’ancienne UAG sont martiniquais, dont la présidente en cours de mandat, Corinne Mencé Caster.

L’examen du projet de loi de ratification de cette ordonnance, fin janvier au Sénat et en février à l’Assemblée nationale, a donné lieu à des batailles entre élus guadeloupéens et martiniquais, même si les députés Serge Letchimy (Martinique) et Victorin Lurel (Guadeloupe) avaient tenté en amont de déminer le débat.

Sur la gouvernance d’abord: les Martiniquais souhaitaient que les élections du président et des vice-présidents chargés des pôles soient concomitantes, permettant une forme de « ticket »; ce que rejettent énergiquement les Guadeloupéens très mécontents de l’actuelle direction martiniquaise.

« Cette solution (votée au Sénat) comporte des risques de blocage important, le gouvernement a présenté un amendement à l’Assemblée qui a été adopté pour revenir au texte initial » qui ne lie pas les deux élections, a ajouté Mme Vallaud-Belkacem.

Sur le mode de répartition de l’enveloppe budgétaire: la dotation de l’Etat va sensiblement diminuer avec le départ de la Guyane (passant d’environ 90 à 78 millions d’euros) et les discussions sont donc âpres sur la clé de répartition. Elle devrait être de 60% pour la Guadeloupe et de 40% pour la Martinique, compte tenu du nombre plus important d’étudiants et du plus grand nombre de filières scientifiques (plus coûteuses), ainsi que d’investissements conséquents du conseil régional de Guadeloupe ces dernières années.

La commission mixte paritaire, qui s’est tenue mercredi soir, a échoué vu les positions incompatibles sur la gouvernance. Le texte va donc passer en seconde lecture, retardant d’autant la création effective de l’Université des Antilles. L’UA doit toutefois adopter son budget avant le 31 mars.

Entachée d’un scandale de détournement massif de fonds européens, l’Université ds Antilles doit aussi mener de front d’importants chantiers sur « la transparence de ses comptes et l’assainissement de ses pratiques », selon les termes de M. Nilor.