L’Eglise de France, par la voix du porte-parole des évêques, a vu vendredi un « danger » dans la proposition de loi visant à permettre aux crèches privées d’inscrire le respect de la neutralité religieuse dans leur règlement intérieur.

Ce texte, adopté mercredi en commission par les députés, concerne les structures privées accueillant les mineurs (crèches, garderies, centres de loisirs et de vacances…).

« Etendre l’obligation de neutralité en matière religieuse à l’espace privé n’est pas du tout dans l’esprit de la loi de 1905 » portant séparation des Eglises et de l’Etat, a déclaré à l’AFP le secrétaire général et porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Olivier Ribadeau Dumas. « Est-ce qu’on peut construire une société en excluant toute manifestation publique d’appartenance religieuse? », s’est interrogé le prélat.

« L’élargissement à des structures privées de règles valables pour des établissements publics me semble être un danger », a poursuivi le responsable catholique. « Dans l’esprit de la loi de 1905, c’est l’Etat qui est laïque et neutre, ça oui, mais ce n’est pas la société, où tous doivent pouvoir s’exprimer, croyants ou non croyants », a-t-il ajouté.

« Je ne suis pas sûr que cette proposition de loi soit bien en cohérence avec les déclarations du Premier ministre Manuel Valls à Strasbourg, où il a plaidé pour une +laïcité d’apaisement+ », a encore argumenté le porte-parole ecclésial. « Ce n’est pas comme cela que l’on va construire une société où nous pourrons vivre ensemble », a-t-il estimé.

Ce texte présenté par les radicaux de gauche, qui formalise des règles établies par la jurisprudence après l’affaire du licenciement d’une salariée voilée de la crèche Baby-Loup, distingue plusieurs situations.

Lorsque ces établissements privés bénéficient de financements publics destinés à soutenir leur activité d’accueil, ils seront « soumis à une obligation de neutralité en matière religieuse ».

Lorsqu’ils n’ont pas de financement public, ils pourront prévoir dans leur règlement intérieur « certaines restrictions à la liberté d’expression religieuse de leurs salariés au contact d’enfants » ou de mineurs.

Déjà adopté au Sénat en janvier 2012, le texte doit être débattu à l’Assemblée nationale en première lecture en séance le 12 mars.