Pour rendre effectif le suivi individualisé des élèves, prôné dans la loi afin de les faire mieux réussir, il faudrait revoir la définition du temps de travail des professeurs du secondaire, préconise mercredi un rapport de la Cour des comptes.
S’adapter aux besoins de chaque élève pour répondre à l’hétérogénéité des publics scolaires, « constitue une priorité dans les textes, mais pas dans le fonctionnement interne du ministère », relève la Cour. Alors même que l’Etat consacre 2 milliards d’euros à une douzaine de dispositifs, les résultats des élèves français se dégradent dans les enquêtes internationales.
Le rapport pointe une « absence de lisibilité », une « faiblesse du pilotage » et des « revirements incessants » qui conduisent « à supprimer un dispositif au bout de quelques années » pour le remplacer par un autre. Il préconise une continuité politique pour ces dispositifs.
La France « semble ne pas avoir tranché entre deux modèles: celui de la remédiation pour les seuls élèves en difficulté, par le biais de dispositifs hors la classe » et « celui de l’accompagnement pour tous, d’inspiration beaucoup plus récente, pratiqué de manière systématique dans le temps d’enseignement commun », souligne le rapport.
Pour la Cour des comptes, « la conception classique du métier enseignant doit évoluer pour englober la démarche d’accompagnement individualisé des élèves. Actuellement, la logique hebdomadaire » des emplois du temps, « la tradition disciplinaire dans le second degré et la faiblesse du travail en équipe constituent des obstacles importants au déploiement des dispositifs de suivi individualisé des élèves dans de bonnes conditions ».
Si le statut des professeurs du secondaire a été récemment revu pour tenir comptes des missions autres que le face-à-face avec les élèves, cette réforme « n’inscrit pas le suivi individualisé des élèves dans les obligations de service des enseignants », regrette le rapport.
Le texte prône de « donner aux directeurs d’école et aux chefs d’établissement la possibilité de moduler la répartition du temps de service des enseignants et des emplois du temps des élèves en fonction des besoins des élèves, notamment en prévoyant la mise en place sur l’année scolaire de plages horaires variables de soutien et d’accompagnement », ce qui nécessiterait « d’annualiser » au moins une partie du temps de travail des enseignants.
Il faudrait également mieux former les enseignants au suivi individualisé des élèves et les doter d’outils de détection de leurs besoins.
Où l’on retrouve les nobles préoccupations « pédagogiques » de la Cour des comptes, comme en 2013.
« Les résultats des élèves français se dégradent dans les enquêtes internationales » : visiblement la Cour des comptes ne sait pas que les résultats français dans PISA ont progressé entre 2009 et 2012… ^^
Il est également amusant de constater que le rapport donne l’exemple de la Finlande sans jamais préciser que les taux d’encadrement y sont sans comparaison : il y a en France 40% d’élèves en plus par enseignant dans le primaire et 73% dans le premier cycle du secondaire. « L’individualisation » ne peut donc pas se faire dans les mêmes conditions…
Mieux encore : dans son rapport de 2013 la Cour des comptes estimait les enseignants français trop nombreux !