UHA 4.0 Un cours avec  Mounir Elbaz

UHA 4.0 Un cours avec Mounir Elbaz

Baptisée UHA 4.0, l’école destinée à la formation de développeurs informatiques d’un niveau BAC +3 affiche un programme détonnant dans l’enseignement supérieur : « étudier autrement, sans cours, sans examens, sans stress ». Une réaction au double constat effectué plus tôt par l’université, comme l’explique Mounir Elbaz, maitre de conférences en informatique et chargé de mission Cordées de la réussite  : « D’une part, les PME du numérique de la région ont des difficultés à recruter une main d’œuvre qualifiée et opérationnelle rapidement. D’autre part, on a des jeunes passionnés par l’informatique mais qui ne trouvent pas leur place à l’université. L’idée était donc de trouver un cadre pédagogique nouveau, tout en restant au contact des entreprises ». L’école a donc préféré ouvrir ses portes au sein même de la technopole de Mulhouse plutôt que sur le campus universitaire situé un kilomètre plus loin.

Pour la dizaine d’étudiants ayant intégré la toute première promotion d’UHA 4.0, l’année se divisera en deux cycles : « Six mois à l’école où les étudiants travaillent sur des projets soumis par des chefs d’entreprises locaux et six mois de stage directement chez les entreprises », indique Mounir Elbaz, également en charge de la réussite des élèves. Les six premiers mois favorisent l’apprentissage par le travail, en groupe, sur des cas concrets « mais les élèves sont soutenus par les enseignants-chercheurs de l’université qui les aident lorsqu’ils sont bloqués et par les chefs d’entreprise qui leurs apportent des notions de base ». Chaque année se voit validée d’un diplôme universitaire et, au terme de la formation, les élèves ont la possibilité d’obtenir une licence professionnelle. Pour cela, ils devront se présenter devant un jury de valorisation des acquis de l’expérience (VAE).

Un écosystème numérique

UHA 4.0 serait-elle la solution miracle face au décrochage des étudiants fraîchement débarqués à l’université ? « Ce n’est pas un hasard si notre rentrée s’est tenue en février. L’enjeu était de réorienter les élèves en échec dans la filière informatique dite “normale” », affirme Mounir Elbaz. Mais pas besoin de connaître l’échec pour intégrer la formation. Les modalités d’inscription sont claires : les étudiants doivent disposer au minimum d’un baccalauréat, toutes filières confondues, être passionnés par les nouvelles technologies et… s’acquitter des 3999 euros de frais d’inscription à l’année. Des frais beaucoup plus élevés que dans une formation publique « traditionnelle » mais qui s’expliquent par les investissements réalisés pour l’occasion « dans le matériel informatique, la rémunération des intervenants extérieurs et les locaux », explique-t-on à l’université.

Un futur déménagement de l’école est programmé à KM0 (prononcez « kilomètre zéro »), un quartier en cours de construction destiné à héberger un écosystème numérique complet au sein duquel formations et emplois se côtoieront. Une façon pour la Région Alsace de se rapprocher du label French Tech qu’elle convoite et pour UHA 4.0 de s’imposer comme un vivier de talents à destination des PME et start-up locales.

D’ici là, l’effectif de l’école aura augmenté. Les demandes d’inscription pour la rentrée prochaine commencent à affluer et deux rentrées sont déjà prévues : l’une en septembre et l’autre en février. Il s’agit de satisfaire les sollicitations d’élèves venant de la région bien sûr, mais aussi « de Lyon, de Paris et même de Belgique ! », s’enthousiasme Mounir Elbaz. Avec son programme original, UHA 4.0 risque de susciter un intérêt grandissant, tant du côté des apprentis informaticiens que des chefs d’entreprises en quête de jeunes opérationnels sur les métiers du numérique.

Grégory Vieau