Un enseignant d’un lycée de Poitiers, mis à pied à titre conservatoire pour quatre mois après avoir été suspecté d’apologie d’actes de terrorisme en classe, ne sera pas poursuivi en justice, a indiqué vendredi le Parquet.

« Les propos imputés n’apparaissent pas, en eux-mêmes, constitutifs du délit d’apologie d’actes de terrorisme prévu par l’article 421-2-5 du Code pénal qui impose de présenter des actes de terrorisme sous un jour favorable. Ils ne pourront donc pas faire l’objet de poursuites pénales », a indiqué le Procureur de la République de Poitiers, Nicolas Jacquet, dans un communiqué.

Cependant, le Procureur estime que « les propos tenus par cet enseignant, le jour même d’un deuil national décrété à la suite d’un attentat terroriste ayant particulièrement ému l’ensemble de la communauté nationale, peuvent apparaître particulièrement inadaptés, déplacés et choquants ». En conséquence, l’ensemble des auditions et éléments recueillis dans le cadre de l’enquête pénale ont été communiqués au Recteur d’Académie « afin qu’une réponse adaptée puisse être donnée dans le cadre de la procédure disciplinaire en cours ».

Le 8 janvier, au lendemain des attentats perpétrés en France par des terroristes islamistes, le professeur de philosophie, Jean-François Chazerans, enseignant au lycée Victor-Hugo, avait accepté à la demande de certains de ses élèves de terminale d’animer un débat sur les attentats à Paris contre l’équipe de journalistes de Charlie Hebdo.

Au cours de ce débat, deux groupes d’élèves s’opposaient, l’un défendant la liberté totale d’expression, l’autre prônant une expression limitée et considérant que les journalistes de Charlie Hebdo étaient allés trop loin en caricaturant le prophète Mahomet.

Mais, selon l’enquête pénale confiée à l’antenne de Police judiciaire de Poitiers, le professeur avait orienté le débat en exprimant des opinions personnelles faisant le lien entre le terrorisme et ce qu’il qualifiait d’impérialisme de l’Occident, en assimilant les militaires français engagés dans des opérations extérieures à des terroristes.

Ces propos avaient provoqué de vives réactions notamment auprès d’élèves ayant des parents militaires dont certains avaient été engagés dans des opérations extérieures. Et l’audition des élèves confirmait que leur professeur avait l’habitude lors de ses cours de faire part de ses opinions personnelles et militantes.

Les élèves ont cependant indiqué qu’en dépit des propos tenus, à aucun moment leur professeur n’entendait légitimer ou soutenir l’action des terroristes.

L’enquête avait été ouverte suite au courrier d’un parent d’élève dénonçant les propos tenus par le professeur, qui avait reçu le soutien d’organisations d’extrême gauche et d’associations comme Droit au Logement (DAL).