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Pour que le numérique soit enseigné de manière efficace à l’école, plus de la moitié des Français privilégient la création d’une matière spécifique plutôt que la dispersion des enseignements entre les matières déjà existantes, selon un sondage(1).
Un regard sur les bénéfices de l’enseignement du numérique
Invités à choisir entre les deux alternatives (nouvelle matière ou dispersion dans les disciplines existantes), les Français ont plébiscité la première à 58 %. Il estiment qu’il faut ainsi former des « professeurs du numérique », qui seront chargés d’enseigner « la programmation, l’utilisation des données personnelles, le fonctionnement de l’économique numérique ou encore le droit lié au numérique ». 40 % préféreraient en revanche confier l’enseignement du numérique « aux professeurs des matières existantes (comme par exemple la programmation en Mathématiques, l’économie du numérique en Economie, le droit en Education civique…) » 2 % ne se prononcent pas.
La majorité des sondés semble poser un regard plutôt positif sur le développement du numérique à l’école. 87 % sont d’accord avec le fait qu’il permettra « de former les élèves aux compétences numériques indispensables pour trouver un emploi », 76 % qu’il pourra « aider les élèves à s’informer et à développer leur esprit critique sur les informations qu’ils peuvent trouver en ligne », et 75 % qu’il redonnera « le goût de l’apprentissage aux élèves en modernisant les pratiques pédagogiques ». En revanche, aucune opinion sur les effets négatifs de l’enseignement du numérique n’a été demandée aux sondés…
La France en retard sur le numérique à l’école
70 % des personnes interrogées jugent la France « plutôt en retard » sur les autres pays développés concernant l’enseignement du numérique. Seuls 4 % pensent qu’elle est « plutôt en avance » dans ce domaine. Le président du Syntec numérique, Guy Mamou-Mani, dénonçait d’ailleurs hier ce retard de l’école française. « Il faut profiter des nouveaux outils pour changer les pédagogies, soulignait-il. N’importe quel jeune sait aujourd’hui utiliser les outils numériques, peut résoudre des problèmes insolubles pour réussir des jeux vidéo mais on continue à lui enseigner comme il y a 100 ans ».
Pour Alain Bouvier, rédacteur en chef de la Revue internationale d’éducation de Sèvres, dont le dernier numéro est consacré au numérique à l’école, la volonté de changement existe en France, mais la mise en oeuvre est compliquée. Pour lui, la centralisation du système éducatif rend difficile toute institutionnalisation. Des initiatives innovantes se multiplient pourtant sur le territoire : utilisation de la réalité augmentée, des mondes virtuels, des serious games… Mais elles restent pour l’instant assez isolées.
Curieux communiqué d’un sondage, commandé par un consortium d’entreprises numériques revendiquant d’agir sur l’opinion public, et dans lequel… il se félicite des résultats de son action.
S’agissant de la comparaison internationale sur la place du numérique à l’école, une question somme toute assez technique, même pour des spécialistes, dommage que le sondage ne demande pas quels pays sont en avance sur la France, ce qui aurait permis d’avoir une idée plus précise de la pertinence de la question.
Pour le reste les questions posées sont un brin orientées : « Selon vous, le développement du numérique à l’école permettra former les élèves aux compétences numériques indispensables pour trouver un emploi ». Difficile de répondre par la négative…
On apprend incidemment dans le communiqué que « les Français en général et les jeunes en particulier » accordent « au développement du numérique quasiment toutes les vertus » (sic)
Numérisme, quand tu nous tiens !