Etre bilingue, est-ce un atout pour les enfants ? D’après Anne Christophe, directrice du Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique, « le bilinguisme améliorerait nos fonctions exécutives : planifier des actions, prendre des décisions. Par exemple, dans une expérience de classification de formes géométriques de différentes couleurs, les bilingues seraient capables de changer de règle de classification plus vite que les monolingues. Ils seraient donc plus flexibles, plus adaptables. De la même manière, les personnes âgées bilingues sont censées mieux vieillir car elles font de l’exercice mental en passant d’une langue à l’autre ». Pour elle, « le bilinguisme est clairement une chance pour les enfants ».

Qu’en est-il toutefois de l’inquiétude souvent exprimée par les parents de voir leur enfant mélanger les deux langues ? Pour Anne Christophe, « il ne s’agit pas là d’une confusion, mais d’une solution de facilité. Les jeunes enfants ont des difficultés pour composer une phrase. Ils peuvent buter sur la prononciation. C’est pourquoi, quand ils sont bilingues, ils vont choisir le mot qui vient en premier à leur esprit ».

Quant à la crainte de faire prendre à son enfant du retard dans l’apprentissage de sa langue maternelle en lui enseignant une seconde langue, elle n’est pas fondée, selon la directrice du Laboratoire de sciences cognitives et psycholinguistique. Si « on peut observer un retard de trois à quatre mois dans l’acquisition de la langue maternelle par les nourrissons qui apprennent deux langues simultanément, […] ce retard se résorbe vers le douzième mois […]. A l’âge de vingt ans, l’enfant parlera deux langues, et c’est une grande richesse », souligne-t-elle.