Neuf jours après les tirs de Kalachnikov survenus dans leur cité avant une visite de Manuel Valls à Marseille, un collectif d’enseignants et d’habitants de la Castellane a lancé un cri d’alarme mercredi, estimant « être abandonnés de tous ».

« Nous sommes un regroupement de citoyens travaillant et vivant à la Castellane », a expliqué lors d’une conférence de presse une des membres du collectif, qui s’expriment tous anonymement, que ce soit en raison de leur devoir de réserve en tant que fonctionnaire ou par crainte de représailles.

Le 9 février, quelques heures avant une visite à Marseille du Premier ministre Manuel Valls, appelés par des riverains signalant des individus cagoulés, des policiers avaient été pris pour cible par des tirs de Kalachnikov dans la cité sensible de la Castellane, lieu emblématique des quartiers nord connu pour être une plaque tournante du trafic de drogue.

« La vérité, c’est que s’il n’y avait pas eu dans la foulée la visite de Manuel Valls, cette nouvelle n’aurait fait qu’une brève dans vos journaux », a déploré une autre membre du collectif lors d’une conférence de presse.

Au-delà des tirs du 9 février, le collectif dénonce dans un communiqué la situation alarmante dans le quartier, et particulièrement dans ses écoles: « incendies de classes, personnels et véhicules caillassés, tirs de Kalachnikov à proximité des écoles en plein jour, représailles, intimidations écrites et verbales, cambriolages, vandalisme ».

« On a l’impression d’être abandonnés de tous, on se retrouve seuls, que ce soit dans les écoles ou dans la cité », a encore regretté une enseignante.

« Mois après mois, on a dit que les réseaux de trafiquants se renforçaient, qu’ils se professionnalisaient –il n’y a même plus ce côté affectif +je te connais, on a grandi ensemble+–… Pour moi, c’est la mafia », décrit encore une fonctionnaire.

Mercredi, la conférence de presse du collectif était organisée au centre social du quartier de L’Estaque. Celui de la Castellane « essaie d’éviter d’être perçu par le réseau des trafiquants comme un lieu où on lutte justement contre ce réseau », souligne une membre du collectif.