Une poignée de députés du Front de gauche ont tenté mercredi, sans succès, de déposer leur propre motion de censure contre le gouvernement, après les remous provoqués par leur ralliement à la motion de censure du gouvernement déposée par la droite.

Il leur fallait la signature de 58 députés pour que leur motion de censure « de gauche » soit recevable. Les communistes Marie-George Buffet, Jacqueline Fraisse, André Chassaigne et Isabelle Attard de Nouvelle Donne (apparentée écologiste) n’ont pas atteint le seuil.

Ils ont pourtant lancé un appel aux députés PS frondeurs à signer leur proposition de motion. Mais ceux-ci n’ont pas adhéré. L’un d’eux, Pascal Cherki, a assuré que « (son) débat ça n’est pas de garder ou changer de Premier ministre », mais de « l’influencer dans le sens du progrès social ».

« Si nous n’arrivons pas à faire cette motion de censure de gauche, nous voterons la motion de censure (UMP) contre ce gouvernement qui veut imposer la loi Macron », avait déclaré dans les couloirs de l’Assemblée Marie-George Buffet, à quelques minutes de l’heure couperet.

La veille, alors que le gouvernement a utilisé dans la précipitation l’article 49-3, le groupe de dix députés Front de gauche avait annoncé qu’il voterait la motion de censure du gouvernement déposée par l’opposition, « parce que c’est le seul moyen de nous opposer à la loi Macron » après le « coup de force » pour la faire passer, selon le chef du groupe André Chassaigne.

« Le gouvernement nous prive de vote par le coup de force du 49-3 (…) Donc nous voterons la motion de censure, parce que c’est le seul moyen que l’on a pour nous opposer à la loi Macron et c’est dans la continuité de notre refus d’accorder la confiance à Manuel Valls », a-t-il déclaré à l’AFP.

– ‘Qu’est-ce qu’on va se fourrer avec la droite?’-

Déjà, alors qu’on l’interrogeait sur le choix de voter une motion de censure déposée par la droite, André Chassaigne avait affirmé que son groupe, « pas en mesure » de déposer une motion avec 58 députés, « votera la censure sur sa propre analyse, mais absolument pas en soutien aux motifs qui seront développés par l’UMP ».

Une décision qui a fait réagir mercredi matin Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du Parti de gauche et ancien candidat Front de gauche à la présidentielle, à qui « personne (n’a) demandé (s)on avis ni cette fois-ci, ni les autres ». « Le groupe à l’Assemblée pense qu’il est normal de faire ce qu’il veut sans consulter personne », a déclaré Jean-Luc Mélenchon sur France Info, rappelant que « le Front de Gauche, c’est neuf partis, pas un ».

« Il n’y a aucune chance que cette motion de censure passe. Donc qu’est-ce qu’on va se fourrer avec la droite dans une aventure pareille? » a-t-il dit, avant de proposer de « s’adresser aux Verts et aux socialistes pour que chacun soit devant sa responsabilité positive, devant le pays. Il ne suffit pas d’être contre, il faut montrer qu’il existe une alternative ».

« Je suis contre la loi Macron mais je ne voterai pas la motion de censure. La politique du pire n’apporte pas le mieux » , a pour sa part tweeté le député communiste Nicolas Sansu.

Ce n’est pas la première fois que le PCF associe ses voix à une motion de censure déposée par la droite. Cela s’était déjà produit sous le gouvernement Rocard, en 1990 lors de la création de la CSG et en 1992 sur la réforme de la PAC.