La Haute-Vienne a atteint vendredi dernier le record historique de 51,5 classes -soit quelque 1.300 enfants- privées d’instituteurs, faute de remplaçants disponibles, a indiqué mardi l’intersyndicale du primaire, qui réclame un « plan de rattrapage des effectifs » dans le département.

Les syndicats (SE-Unsa, SNuipp-FSU, Snudi-FO et Sgnen-CFDT) dénoncent une situation propre à la Haute-Vienne, où ils estiment ne plus être en mesure de faire face aux imprévus avec seulement 105 professeurs remplaçants affectés à la Brigade départementale.

Ils jugent qu’il en faudrait 160 pour « assurer le service minimum » et seront reçus jeudi par le recteur d’Académie, à qui ils vont demander un  » plan de rattrapage des effectifs pour la seule Haute-Vienne », ont-ils expliqué à une correspondante de l’AFP.

« La Haute-Vienne est un département sinistré. Ici, les efforts du gouvernement sont invisibles, nous atteignons régulièrement des pics à 40-45 classes sans remplaçant, jusqu’à vendredi dernier où un record historique a été battu », déclare Thibault Bergeron, secrétaire départemental du SE-Unsa. La faute à une « vision en trompe-l’oeil de l’académie », selon lui.

« Vu du ministère, l’académie a un bon taux d’encadrement, c’est-à-dire le rapport entre le nombre de professeurs et d’élèves », décrypte sa collègue du Snuipp-FSU 87, Liliane Raynaud. Car cette académie englobe la Corrèze, qui se positionne au 55e rang national pour ce taux, tandis que dans la Creuse, qui compte peu d’élèves, arrive en 3e place. Statistiquement, la moyenne régionale du Limousin ne reflète donc pas le piètre classement de la Haute-Vienne, au 87e rang sur 92.

Et ce classement « ne risque pas de s’améliorer avec l’annonce de l’ouverture de trois postes pour la rentrée », nettement insuffisants en regard des 181 élèves supplémentaires attendus à la prochaine rentrée de septembre, tempêtent les syndicats.

Chiffre significatif du « malaise » selon eux: alors qu’au niveau national, le taux de grévistes était de l’ordre de 10% lors de la grève des enseignants le 3 février dernier, en Haute-Vienne ils étaient quatre fois plus nombreux. « Nous sommes tous conscients que l’école est en première ligne pour former les citoyens éclairés de demain (…) Si les annonces ne sont jamais suivies des moyens, le malaise va continuer d’augmenter… », déplore Liliane Raynaud.

« Quand j’apprends que, dans une petite commune, l’absence pour maladie de l’un des deux maîtres a conduit à transférer les deux classes dans une salle municipale et que le maire a mis à disposition un employé communal pour appuyer l’enseignement, je m’interroge: est-ce cela l’école que l’État veut pour ses enfants? » conclut M. Bergeron.