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Moqueries, insultes, violences physiques… Durant sa scolarité, un élève sur dix est victime de harcèlement(1), selon la ministre de l’Education nationale Najat Vallaud-Belkacem. Comment les enseignants peuvent-ils lutter contre ce fléau ?
De multiples formes de harcèlement scolaire
« Le harcèlement revêt des aspects différents en fonction de l’âge et du sexe des enfants et des adolescents », souligne Jean-Pierre Félix, référent harcèlement dans l’académie de Versailles. Le plus courant est le harcèlement physique. Tirages de cheveux, petites tapes sur la tête ou dans les jambes, ses manifestations ne sont pas forcément impressionnantes mais peuvent devenir insupportables pour les victimes lorsqu’elles sont répétées quotidiennement.
Le harcèlement moral est « plus discret et donc plus difficile à détecter par les adultes. Il peut prendre la forme d’insultes, de menaces ou d’humiliations. Le cyberharcèlement, quant à lui, poursuit l’élève en dehors des murs de l’établissement via des SMS, des commentaires sur les réseaux sociaux, des photos humiliantes postées sur Internet… « Signalons une forme particulièrement grave qu’est le sexting », très en vogue chez les adolescents, alerte Jean-Pierre Félix. Ce terme désigne « l’échange par téléphone mobile ou internet de photos intimes que l’on produit soi-même », qui peuvent en cas de différend « être diffusées rapidement sur des plates-formes publiques et « être retrouvées des années après, accessibles à tous ».
Comment détecter le harcèlement scolaire ?
Alors, comment un enseignant peut-il aider une victime à s’en sortir ? Première difficulté, détecter le problème. « Une situation de harcèlement est difficile à identifier. Premièrement parce que ces signes sont rencontrés pour de nombreuses autres situations de mal-être. Deuxièmement parce que les harceleurs peuvent développer des stratégies élaborées pour que l’adulte ne s’aperçoive de rien », explique Jean-Pierre Félix. Le référent harcèlement recommande de prêter attention au moindre changement de comportement. « Un élève mutique qui d’un seul coup se révolte à une de vos réflexions, une chute des performances scolaires ou un désintérêt soudain pour l’école », tous ces signes doivent alerter l’enseignant. « Les petits incidents du quotidien (murmure dans la classe, jets d’objet, ricanement…) » peuvent également être des signes du harcèlement scolaire, tout comme « l’élève isolé sur une table, ou les élèves voulant absolument être derrière cet autre élève ».
Le référent harcèlement invite également les enseignants à être particulièrement vigilants dans certaines situations. « Un cas intéressant, et pas si rare, celui de l’élève que l’on surprend en train de jeter une boulette parce qu’il en a reçu des dizaines en amont ou bien en train de frapper un élève parce qu’il n’en peut plus d’être piqué par un compas dans le dos. Victime de harcèlement, il devient victime d’une injustice parfois encore plus ravageuse à cause de la sanction prise à son encontre ». Les enseignants d’EPS doivent aussi faire « attention à la constitution des équipes pour les activités sportives qui peuvent mettre en difficulté un élève harcelé toujours choisi en dernier et moqué ».
Autre signe pouvant révéler une situation de harcèlement, l’absentéisme ou le décrochage scolaire d’un élève. « Un quart des décrocheurs seraient des élèves harcelés », estime Jean-Pierre Félix.
« On est enseignant dans sa classe mais aussi au sein de l’établissement », rappelle le référent, qui invite les professeurs à redoubler de vigilance lorsqu’ils « observent des élèves dans la cour », lorsqu’ils « croisent un élève seul dans couloir ou dans un espace isolé » ou lorsqu’ils « laissent des élèves dans un vestiaire ». Il les encourage également à échanger leur point de vue avec des collègues au moindre doute. « Toutes les micro violences que subit la cible ne se produisent pas tous les jours, à la même heure, au même endroit. C’est en croisant les regards de chacun qu’un fait isolé peut prendre tout son sens et révéler une situation complexe ».
Que faire en cas de harcèlement avéré ?
Une fois le harcèlement découvert, le protocole mis en place par le ministère permet de gérer la plupart des situations. « Si les difficultés persistent, l’IEN ou le chef d’établissement peuvent s’appuyer sur le réseau des référents harcèlements départementaux et académiques ». Dans l’académie de Versailles, « ils peuvent également faire appel au CAAEE-EMS pour aider à la résolution de la situation et surtout pour les assister à la mise en place d’une politique de prévention au sein des écoles et des établissements par l’équipe pédagogique ».
Car pour Jean-Pierre Félix, « lorsqu’un cas de harcèlement est avéré, il serait illusoire voire contreproductif de mener une action de prévention sur la seule classe concernée ».
Des outils pédagogiques pour la prévention du harcèlement scolaire
Pour mener ces actions de prévention au sein des classes, les équipes peuvent s’aider d’outils pédagogiques mis en ligne par la délégation ministérielle, ainsi que des guides « Que faire dans mon école contre le harcèlement pour le premier degré » et « Que faire pour agir contre le harcèlement dans mon collège ou mon lycée ? ». Autre action possible, très concrète, inscrire sa classe au prix « Mobilisons-nous contre le harcèlement ». « L’objectif affiché au-delà de l’œuvre, est de valoriser les actions menées dans l’établissement, témoignage qu’il est possible d’agir contre le harcèlement en milieu scolaire », indique Jean-Pierre Félix. A Versailles, « le CAAEE-EMS peut également proposer des formations sur site à l’échelle d’un bassin, d’une circonscription voire d’une école ou d’un établissement », rappelle-t-il.
Mais l’une des préventions les plus efficaces reste l’adoption de « stratégies pédagogiques qui favoriseront le vivre ensemble ». « Développement de pratiques collaboratives (travail en groupe, pédagogie institutionnelle…), accueil des élèves, mise à disposition d’un lieu d’accueil de la parole des enfants ou des adolescents sont des leviers pour améliorer le climat scolaire et aider à lutter contre le harcèlement », explique le référent.
Dernière recommandation, ne pas hésiter à engager le dialogue avec l’élève en cas de suspicion de harcèlement. « Les enfants harcelés se confient très difficilement à l’adulte. C’est donc bien à nous, enseignants, d’aller vers eux en leur proposant une écoute bienveillante, attentive, sans jugement qui favorisera les relations entre les jeunes et les adultes ».
Des recommandations pleines de bon sens …
J’en ajouterai quelques unes …
– repérer les élèves seuls dans la cour (et ceux qui ont des stratégies d’évitement pour ne pas être vus … rester dans les coins isolés … aller dans la bibliothèques)
– repérer les élèves qui sont toujours les derniers à être associés (ou plutôt ceux qui le sont « par défaut » quand il faut constituer de petits groupes de travail
– repérer ceux dont on rit systématiquement, qui ne sont pas écoutés lorsqu’ils prennent la parole en cours … et ceux qui ne la prennent plus
– observer les visages tristes pendant les cours, ceux qui sortent les derniers de classe
Une observation attentive de la dynamique collective permet d’identifier les exclus.
tout cela est bien rédigé….mais dans le concret qu’en est t il ???est ce transmis aux enseignants et directeurs d’école??? si oui,ils ne s’en intéressent apparemment pas assez……..
On ne parle ici que de harcelement entre eleve, mais lorsque cela vient d’une institutrice que faire?
Lorsque que cette femme encourage le harcelement, que faire? Nous n’avons aucun recours, la violence n’existe pas dans cet ecole! Voila les reponses obtenues!
Ces propositions sont formidables si appliquées notre fils vit un calvaire décroche en pleine terminale sos qui va l’aider ? Nous avons signalé à stop harcèlement, où est l’effet?Quelqu’un de l’académie de Versailles pourrait-il nous contacter car je ne comprends pas merci
Qu’elle tristesse, j’espère que vous avez pu résoudre le problème, si oui comment ? Ça m’intéresse.