classe numérique ordinateurs

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Mettre « le numérique au service de l’apprentissage des élèves », tel était l’objectif de l’Education Nationale, lors de la mise en place du dispositif  « Collèges connectés ». En 2013, quelque 23 collèges pilotes avaient été sélectionnés pour promouvoir les usages pédagogiques du numérique.

Dans ces établissements, les élèves et les enseignants devaient utiliser le numérique une à deux heures par jour dans le cadre d’un projet d’établissement adapté. Les établissements étant raccordés au très haut débit, équipés en matériel tel que TNI et tablettes tactiles, avec un suivi de scolarité dématérialisé.

Dans une note de janvier 2015, la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) a délivré ses premières observations – pour un bilan en demi-teinte.

L’objectif du projet était « d’identifier les conditions de succès d’un développement pertinent et massif des usages pédagogiques du numérique éducatif », rappelle l’institution. Ainsi, le dispositif cherchait à démontrer « les apports concrets du numérique pour les élèves, les enseignants et les familles », à intégrer le numérique « dans le quotidien de l’établissement et de la communauté éducative », et à favoriser « les usages massifs et transversaux du numérique propices à la réussite scolaire ».

Des « scénarios très différents » d’un collège à l’autre

TNI nouvelle générationAu cours de son enquête menée en 2014 (auprès des enseignants, des principaux et des élèves), la DEPP a constaté « des scénarios très différents » d’un collège à l’autre – une dizaine ayant « un usage avancé » des outils numériques, et une douzaine ayant « peu intégré » le numérique.

« Impulsés par des dotations en équipement aux collèges et des facilités d’accès à Internet, les processus observés semblent très liés à l’action du chef d’établissement, à l’accompagnement dont les enseignants bénéficient, ainsi qu’aux représentations qu’ils ont du numérique en général, et de son utilisation pour leur métier », peut-on lire dans l’étude.

Selon la DEPP, chaque collège a « une histoire et un fonctionnement propre », et les situations sont très variées en raison d’une « culture d’établissement » (rôle du principal, relations entre collègues, communication avec les élèves), d’une formation des enseignants, d’équipements et « d’aspects pédagogiques » (organisation du travail des élèves, création de supports de cours, usage de tablettes, d’un tableau numérique interactif) différents. Ces éléments peuvent « apparaître comme discriminants », dans le cas des collèges ayant encore peu intégré le numérique dans leurs pratiques pédagogiques.

Enseignants « très favorables » contre professeurs « dubitatifs »

enseignant sur son ordinateur

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La représentation que les professeurs ont du numérique aurait donc beaucoup joué dans ces disparités. « De manière peu surprenante, les enseignants les plus favorables au numérique sont ceux qui étaient les plus nombreux à l’utiliser avant la mise en place du dispositif. Ce sont aussi ceux dont les pratiques semblent évoluer vers des modalités a priori orientées vers l’apprentissage actif des élèves », note la DEPP.

« A contrario, parmi les enseignants qui déclarent ne pas avoir intégré le numérique depuis l’établissement du dispositif, on ne trouve presque que des enseignants les moins favorables au numérique », ajoute-t-elle.

La DEPP constate de fortes différences d’engagement selon la discipline enseignée. Ainsi, les professeurs de technologie, de physique-chimie, de SVT, d’éducation musicale et de mathématiques figurent parmi les plus engagés. A l’inverse, les professeurs d’EPS et de français sont souvent « dubitatifs » ou ont un comportement « modéré » vis-à-vis du numérique et de ses outils.

Le dispositif semble « en fait correspondre à une accélération des pratiques plus ou moins déjà amorcées », constate la DEPP. Dans les collèges utilisant les outils numériques d’une manière « avancée », « les enseignants sont plus nombreux à avoir déclaré avoir diversifié les ressources et les avoir utilisées en classe pour différencier ou personnaliser leur enseignement, pour favoriser les échanges entre et avec les élèves, ou pour les faire manipuler« .

67% des élèves trouvent le cours « plus intéressant »

D’après l’étude, peu d’enseignants imputent au dispositif une amélioration des résultats scolaires. « Mais trois dimensions ressortent de leurs déclarations quand on les interroge sur les compétences des élèves favorisées par l’intégration du numérique : la maîtrise de l’outil numérique, la recherche d’informations et le travail collectif », indique la DEPP.

Quant aux élèves, 38 % d’entre eux ont déclaré « utiliser régulièrement en classe un TNI », et 28 % « un ordinateur fixe, les autres types de matériels (tablettes, portables) étant cités plus rarement ». Pour eux, le numérique est un moyen de « se mettre plus facilement en activité » lors d’une séance. Selon la DEPP, 58 % des élèves disent « réfléchir plus facilement », 57 % « se sentir plus concentrés » et 55 % « participer plus facilement à l’écrit ».

« Enfin, la majorité des élèves, plus encore en 6e et en 5e qu’en 4e et en 3e, ont une vision très positive d’une séance qui intègre le numérique : 67 % d’entre eux déclarent trouver le cours plus intéressant, et 55 % se sentir plus à l’aise dans la classe », conclut la DEPP.