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Un rapport remis cet après-midi à Najat Vallaud Belkacem par le jury de la Conférence nationale sur l’évaluation des élèves préconise la suppression des notes chiffrées jusqu’en 6e et la refonte du brevet des collèges. L’entourage de la ministre de l’Education nationale a d’ores et déjà annoncé qu’elle ne suivra pas la première recommandation.
Remplacer les notes par « un autre type de codage »
Le jury, qui regroupe 30 personnes, professionnels de l’éducation et parents d’élèves, propose 7 pistes de travail. La mesure la plus audacieuse, qui a recueilli 27 voix pour et 4 voix contre, concerne la suppression des notes jusqu’en classe de 6e incluse. Il s’agit de « généraliser l’abandon de la notation chiffrée tout au long des cycles 1, 2 et 3, classe de sixième comprise », et de « la remplacer par un autre type de codage reflétant la situation de l’élève », en utilisant par exemple « des échelles de performances ».
L’entourage de Najat Vallaud-Belkacem a fait savoir que cette option n’était pas envisagée. La ministre et le président de la République ont toujours affirmé qu' »une suppression des notes chiffrées n’était pas à l’ordre du jour », expliquent ses proches, soulignant que le but était d’instaurer une évaluation « plus fine, plus exigeante » mais qui « ne décourage pas » les élèves.
Le brevet des collèges validé sur 2 ans
Autre préconisation du jury (recueillant 25 voix pour, 2 contre et 4 abstentions), réformer le Diplôme national du brevet (DNB). Comme le Conseil supérieur des programmes en décembre dernier, le jury de la Conférence nationale sur l’évaluation remet en question la pertinence de cet examen organisé en fin de troisième. Dans le scénario avancé par le jury de la Conférence nationale sur l’évaluation des élèves, le brevet serait validé sur 2 ans, avec « deux projets personnels conduits l’un en classe de quatrième, l’autre en classe de troisième, impliquant une production (sur tout support), inscrits dans des champs disciplinaires différents et présentés oralement devant un jury ». Seraient également prises en compte « une épreuve orale de langue vivante sur projet », et « une épreuve écrite terminale d’examen, définie nationalement, dont le sujet est fixé au niveau national ou académique », permettant « d’évaluer plusieurs compétences du socle qui peuvent elles-mêmes renvoyer à plusieurs disciplines ».
Le rapport présente aussi d’autres recommandations, plus prudentes, comme la présentation des résultats de la recherche sur les questions d’évaluation durant la formation des enseignants, ou l’uniformisation des pratiques et méthodes d’évaluation dans les établissements scolaires.
Que fera Najat Vallaud-Belkacem de ce rapport ? Si apparemment, la question de la suppression des notes semble déjà réglée, il faudra attendre avril pour connaître son arbitrage sur les autres problématiques soulevées.
Les notes ne seront pas supprimées. Une annonce de la ministre de l’Education nationale déjà annoncée par le président de la République. Revenons nous à la case départ ? L’histoire ne se répète jamais et l’histoire de la notation non plus. rien n’est plus improductif que de remettre en débat des pratiques pédagogiques, à plus fortes raisons des procédures d’évaluation notation. Un Système doit être remplacé quand il ne fonctionne plus. Et avant de le changer, on le restaure ou on le répare jusqu’à ce que le produit de remplacement soit au moins déjà expérimenté avec quelques succès et quelques essais de vulgarisation, ou si vous préférez de démocratisation . . . / . . .
… / … Si l’évaluation par niveau, matérialisée par des couleurs ou par des lettres est fonctionnelle dans certains établissements, c’est à dire si elle permet aux enseignants et aux élèves de savoir où ils en sont de l’enseignement et l’assimilation du programme, la démarche de vulgarisation démocratisation n’a pas été réalisée. Et le succès rencontré ici où là est resté trop largement minoritaire pour entrainer une dynamique du changement. La grande majorité des élèves continuera à être noté comme le veut la « tradition ». Faut il le regretter ? Pas vraiment car à vouloir changer, ici un système d’évaluation notation des productions des élèves, sans donner les moyens aux enseignants de pouvoir se former aux nouvelles techniques à appliquer, on risquait d’une part de reproduire, mais en y mettant des couleurs ou des lettres en lieu et place des chiffres. Ce qui aurait rendu encore plus opaque un système dans lequel tout le monde « s’y retrouve » encore. Ensuite on n’aurait rien changé à la stratégie de l’évaluation notation, là où pourtant les efforts de formation doivent se concentrer pour sortir de la traditionnelle courbe de Gauss (pour faire vite, 25 % de « bons » résultats, 50 % de résultats « moyens » et 25 % de « mauvais » résultats (remarquez les guillemets). De nombreux psychologues de l’évaluation (dont Noizet et Caverni), puis des sociologues de l’évaluation (dont Pierre Merle) ont suffisamment mis en lumière les dérives possibles des protocoles d’évaluation pour que l’on se tourne vers les pédagogues (dont Philippe Meirieu) pour comprendre que les évaluations critériées, différenciées, formatives, formatrices, diagnostiques et sommatives ne peuvent s’improviser. Que le rapport préconise la suppression des notes, il reste dans son droit. Que le pouvoir politique décide de refuser cette perspective indique que d’autres intervenants, d’autres facteurs, non pris en compte ou minimisés, par la commission sont intervenus auprès de lui. Faut il pour autant abandonner cette problématique ? Non bien sûr, parce qu’elle (l’évaluation) est l’aboutissement du travail des enseignants et des élèves et que bien souvent il y a contradiction entre les démarches (le travail) et les résultats (les notes), notamment vis à vis de la non prise en considération du contenu psychologique de ces derniers.