big data word cloud

big data word cloud © cacaroot – Fotolia.com

Laurent Bruneau, pourquoi avoir intégré la datavisualisation à vos enseignements de sciences économiques et sociales (SES) ?

L’idée est venue conjointement avec mon inspecteur en SES (Christian Feytout) et la responsable académique du Clémi, Isabelle Martin. En SES, on avait l’habitude de travailler sur des statistiques, notamment avec l’INSEE. Depuis trois-quatre ans, le Big Data devient de plus en plus stratégique pour les entreprises et les organisations. J’ai participé au forum des pratiques numériques pour l’éducation, les collègues étaient très demandeurs de pistes pédagogiques. Je joue un peu le rôle de pionnier, lance des pistes d’exploitation pédagogique autour de ces notions de data. L’objectif est de produire à la fin de l’année un guide des usages pédagogiques possibles à l’usage des collègues.

Avec quels outils travaillez-vous au lycée Louis-Barthou ?

Au départ, nous avions envisagé de chercher des données brutes telles qu’on peut en trouver partout sur Internet puis de faire plancher les élèves. Mais il y a le principe de réalité. Nous travaillons du coup sur des données plus accessibles. Des données brutes que l’INSEE a déjà prétraitées sont également disponibles. Il faut ensuite sélectionner l’information, savoir ce qu’on souhaite en tirer. Viennent ensuite les étapes d’extraction, de traitement statistique, et de représentation graphique, sous la forme de schémas plus ou moins élaborés ou de datavisualisation…

Ces activités sont-elles accessibles à tous vos lycéens ?

Le premier travail est réalisé principalement avec des secondes générales. C’est une étape de sensibilisation aux données brutes. Le principe est d’arriver à leur faire comprendre qu’il existe beaucoup de traces numériques, qu’à tout moment ils laissent des données sur le net, notamment auprès d’organismes privés comme Google ou Facebook. Nous leur rappelons également que ces données sont traitées par ces opérateurs. Il convient de leur faire comprendre comment tirer de ces données des applications utiles, certaines pouvant faire avancer des causes citoyennes. Par exemple, une élève de première a lancé une carte collaborative sur Facebook pour recenser les places de parking handicapées à Pau. Les services de la ville sont interpellés ils vont devoir mettre à jour leur propre carte et sans doute la mettre à disposition en Open data. Du moins on l’espère !

Quelle est votre première analyse de l’apport pédagogique de la datavisualisation ?

Nous sommes en pleine expérimentation. Nous ferons un premier bilan en fin d’année. Mais les élèves sont très intéressés par l’aspect ludique dans le sens où il existe des outils en ligne comme easel.ly qui permet de faire très facilement des infographies. Mon rôle est de leur faire comprendre que derrière tout dessin, toute image, il y a une information, un message à faire passer et leur donner un sens critique. J’insiste sur des questions comme « D’où viennent les chiffres ? Que peut-on leur faire dire ? ». C’est la base du travail statistique.

On imagine que face à une génération aussi sensible aux usages numériques, la question des traces numériques trouve un écho particulier ?

Bien qu’issus de la génération « digital natives», nos élèves ne se rendent absolument pas compte de l’utilisation qui peut être faite de ces données. Ils ont été élevés dans l’usage de ces technologies mais ne comprennent pas trop comment cela fonctionne. Notre rôle en tant que professeurs, est de les alerter sur les risques liés à leurs traces numériques ou, plus simplement, sur le potentiel « commercial » de ces traces. Il faut enfin les initier aux logiques économiques du net, comme l’économie de l’attention. Il est important de leur donner des bases dans ce domaine-là.

 

Guillaume Bardou