élève en difficulté

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Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les collégiens et lycéens français ne souhaitent pas la disparition du redoublement. Selon une étude (1) menée par le Cnesco, qui organise les 27 et 28 janvier une conférence de consensus sur le redoublement, 69 % des élèves du second degré sont défavorables à sa suppression. Mais ils sont également nombreux à mettre en avant ses côtés négatifs.

Une « seconde chance » pour 80 % des élèves

Près de 7 collégiens et lycéens sur 10 sont donc attachés à la possibilité de redoubler. Ils sont 80 % à penser qu’il s’agit d’une « seconde chance » et 73 % pensent qu’il peut améliorer les résultats scolaires. Ce sont les lycéens qui sont les plus enclins à considérer le redoublement comme une chance. Cette vision positive du redoublement est en outre plus développée chez les filles que chez les garçons. Enfin, les élèves se considérant comme bons en classe ont une probabilité plus élevée de percevoir le redoublement comme une chance.

Les redoublants mitigés sur leur expérience

Malgré cela, le redoublement n’est pas considéré pour autant comme une panacée, surtout pour les élèves l’ayant déjà vécu. Il est aussi vu comme une source de démotivation par 64 % des jeunes interrogés et susceptible de générer un sentiment d’infériorité pour 59 %. Ces opinions sont particulièrement marquées chez les élèves se considérant comme en difficulté scolaire. Quant aux élèves ayant déjà redoublé, si 71 % sont d’accord pour affirmer avoir eu de meilleurs résultats scolaires l’année redoublée, 59 % jugent ennuyeux le fait d’avoir revu les mêmes programmes. 35 % indiquent même avoir envisagé de quitter l’école suite à leur redoublement.

D’après le Cnesco, le redoublant-type est un garçon, vivant dans une famille monoparentale, né plutôt au 1er trimestre qu’au 3e, et n’étant allé qu’un an en maternelle. La nationalité « n’est désormais plus un facteur discriminant », estime le Conseil.

Le redoublement limité en 2015

Si le nombre d’élèves n’ayant jamais redoublé en fin de 3e a beaucoup augmenté ces 10 dernières années, la France reste le 5e pays de l’OCDE où l’on redouble le plus. Le ministère de l’Education s’est toutefois récemment attaqué à cette pratique, jugée « inefficace » par la Depp et dont le coût a été évalué à 2 milliards d’euros par an par l’IPP. Dans un décret publié au J.O. du 20 novembre 2014, il limite le redoublement à « des cas exceptionnels », comme « une période importante de rupture des apprentissages scolaires », à partir de la rentrée 2015.

Alors, quelles alternatives pour les élèves fragiles scolairement ? Les jeunes interrogés par le Cnesco plébiscitent les stages pendant les vacances (67 %). 53 % des redoublants citent également la mise en place de cours de soutien.

Pour Olivier Rey de l’Institut français de l’éducation (IFÉ) à l’ENS de Lyon, il faut « appréhender l’élève de la manière la plus individualisée possible, afin d’identifier ses problèmes ». « Plusieurs pistes existent, d’autres pays les utilisent », explique-t-il, citant notamment « l’apprentissage coopératif ou par les pairs ». « Cela consiste à faire travailler les élèves de manière collective : les plus à l’aise aidant les autres. On peut aussi imaginer des possibilités de rattrapage pendant les grandes vacances, avec les systèmes d’école ouverte, voire l’organisation d’épreuves supplémentaires en fin d’année », poursuit-il. Olivier Rey souligne enfin le rôle crucial des parents pour aider les élèves à ne pas décrocher. « L’enseignant doit leur donner les outils pour aider leur enfant », rappelle-t-il.