Comment parler de la Shoah à l’école ? A l’occasion de la commémoration du 70ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, a dévoilé hier, lundi 26 janvier, de nouveaux outils destinés à aider les enseignants à transmettre l’histoire de la Shoah à leurs élèves.
Avec la Fondation pour la mémoire de la Shoah et le Réseau Canopé, le ministère a ainsi co-édité trois supports.
Publié pour la première fois en 1980, « L’album d’Auschwitz », qui présente 200 photographies du camp de concentration en mai 1944, a été réédité. Il a été découvert en 1945 par Lili Jacob, une jeune fille juive rescapée. Les photos décrivent l’arrivée à Auschwitz d’un convoi de juifs hongrois. Ce document iconographique de référence est accompagné de deux outils pédagogiques.
Le documentaire de Blanche Finger et William Karel « Album(s) d’Auschwitz » (réalisé en 2009), raconte les histoires croisées de « L’album d’Auschwitz » et d’un autre album, celui de Karl Höcker, officier SS, retrouvé en 2007. Composé de photographies prises également en mai 1944, il restitue les moments de détente des officiers SS responsables du camp d’Auschwitz. Combinés, les deux recueils de photographies permettent de croiser les destins des victimes et de leurs bourreaux. Les droits du film, réédité en DVD, ont été libérés pour l’enseignement.
Conçu par une équipe du Réseau Canopé (avec le concours de professeurs d’histoire pour la réalisation de fiches pédagogiques et de notices historiques), et par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, un web-documentaire baptisé « Les deux albums d’Auschwitz« , apporte une dimension « pédagogique » à ces deux supports. Le « webdoc » situe ainsi les photographies dans leur contexte (géographique, chronologique). Accessible gratuitement depuis ce mardi sur le site du Réseau Canopé, il peut être utilisé en troisième, en première et en terminale.
« Les deux albums d’Auschwitz » regroupe une centaine de photos, des dizaines de textes et synthèses historiques, ainsi que des interviews de Lili Jacob. Les professeurs peuvent l’utiliser librement en classe et bénéficient en outre d’un espace pédagogique personnel sur la page du web-documentaire.
Ces outils pédagogiques « permettent d’accompagner les nouveaux usages et d’intéresser l’élève en renforçant le caractère pédagogique », indique Jean-Marc Merriaux, directeur général du réseau Canopé (chargé de diffuser ces documents), aux Echos.
Pour Najat-Vallaud Belkacem, la présentation de ce « projet transmédia pédagogique » était l’occasion de réaffirmer, après les incidents survenus dans certains établissements scolaires suite à l’attentat contre Charlie Hebdo, l’importance de transmettre les valeurs de respect et de tolérance, et d’apprendre aux élèves à dissocier informations fiables et désinformation.
« Les enseignants sont confrontés au relativisme et à la perte de repères de certains élèves. Il y a peut-être eu une époque où il suffisait de leur transmettre un savoir pour qu’ils l’absorbent… Mais aujourd’hui, tout est contesté. Les informations sont tellement nombreuses, il faut les trier », a indiqué la ministre lors de la conférence de presse organisée hier, aux côtés du vice-président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Serge Klarsfeld.
« Notre responsabilité, c’est d’enseigner à la jeunesse ce que représente dans l’histoire de notre pays la plus vaste histoire génocidaire de tous les temps, d’étudier pour que l’indifférence ne l’emporte pas et qu’elle ne vienne pas altérer la mémoire, et de doter l’école des outils demandés par les enseignants », a-t-elle ajouté.
Pour Serge Klarsfeld, l’Album d’Auschwitz est en outre « le seul document qui montre la Shoah, dans ce qu’elle avait de programmé, de systématique, l’arrivée d’un ou plusieurs convois de juifs dans un camp d’extermination, où les gens sur les photos ne savent pas encore quel sort leur sera promis et comment cela fonctionne techniquement, comment on sélectionne les gens, les uns vers la chambre à gaz, les autres vers un travail forcé ».
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